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  2025-07-14
 

Patrimoines en miroir

VOL. 17 / JUILLET 2025 par LI XIAOYU  ·   2025-07-14
Mots-clés: patrimoine mondial ; Axe central de Beijing

Du Yangtsé au Nil, une vision commune pour la protection du patrimoine mondial trace une nouvelle voie dans la coopération culturelle internationale. 

Vue sur l’Axe central de Beijing depuis la Tour olympique, à Beijing, le 15 juin. (CNSPHOTO) 

 

À des milliers de kilomètres l’un de l’autre, deux témoins silencieux de l’ingéniosité humaine face aux caprices de la nature – les inscriptions hydrologiques de Baiheliang, au cœur du fleuve Yangtsé à Chongqing, et les nilomètres gravés sur l’île de Rhoda au Caire – illustrent l’interaction millénaire entre les sociétés humaines et leur environnement. Aujourd’hui, ces deux joyaux patrimoniaux, emblématiques de la Chine et de l’Égypte, sont réunis dans une candidature conjointe à l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. 

Ce projet symbolique s’inscrit dans une dynamique plus vaste de coopération sino-africaine en matière de patrimoine culturel. En septembre 2024, lors du Sommet du Forum sur la Coopération sino-africaine à Beijing, s’est tenu le Dialogue de haut niveau Chine-Afrique-UNESCO sur l’éducation et la préservation, débouchant sur un document fondateur. Celui-ci affirme que le patrimoine est à la fois un pilier du progrès des civilisations et un levier du développement durable, et appelle à renforcer la coopération internationale dans ce domaine stratégique. 

  

Le modèle chinois 

Depuis son adhésion à la Convention du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1985, la Chine est devenue un acteur majeur dans ce domaine avec 59 sites inscrits : 40 culturels, 15 naturels et 4 mixtes. 

« Le processus de candidature et de gestion du patrimoine a permis non seulement de renforcer notre capacité de conservation, mais aussi d’apporter des retombées économiques et sociales durables aux régions concernées », a souligné Song Xinchao, président de l’Association chinoise des reliques culturelles. 

L’exemple le plus marquant est sans doute l’inscription en juillet 2024 de l’Axe central de Beijing : un alignement de monuments incarnant l’Ordre idéal de la capitale chinoise. Long de 7,8 kilomètres, cet axe rassemble 15 sites majeurs – palais impériaux, infrastructures urbaines historiques – et reflète les idéaux culturels de « centre » et d’« harmonie ». 

Sa restauration a mobilisé d’importants efforts. Autour du Temple ancestral impérial (1420), plus de 18 000 m² de constructions modernes ont été démolis et 3 500 m² d’habitations relogés pour restituer la grandeur du site. Rue Di’anmenwai, les immeubles ont été remodelés selon l’échelle traditionnelle des cours carrées, rétablissant les vues historiques entre la Tour du Tambour et le pavillon Wanchun de la Colline Jingshan. 

Pour Edmond Moukala, chef du bureau et représentant de l’UNESCO au Mali, cette évolution témoigne de l’engagement continu de la Chine. « Passer de six sites en 1987 à près de 60 aujourd’hui reflète une volonté affirmée des autorités et des chercheurs chinois », a-t-il souligné. 

  

L’Afrique face à ses défis 

Malgré la richesse de son patrimoine naturel et culturel, l’Afrique fait face à d’importants défis. D’après le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO, l’Afrique compte aujourd’hui 98 biens inscrits : 54 culturels, 39 naturels et 5 mixtes, soit à peine 9 % du total mondial. Parmi eux, 15 figurent sur la Liste du patrimoine mondial en péril, un triste record. 

Selon l’analyse du Centre, ces menaces trouvent leur origine dans des systèmes de gestion fragiles, des pressions extérieures comme l’exploitation minière, les conflits armés, le braconnage ou encore le manque de financements. En République démocratique du Congo, l’exploration pétrolière met en danger les gorilles des montagnes du Parc national des Virunga. En Tanzanie, la Réserve de gibier de Selous a été placée en péril en 2014 face à l’effondrement de sa biodiversité. 

« Le faible taux d’inscription est disproportionnel avec la richesse du patrimoine africain », a indiqué M. Song. « Le nombre élevé de sites en péril montre l’urgence de renforcer les mécanismes de soutien. » 

  

Vers des solutions partagées 

Pour répondre à ces enjeux, la Chine et les pays africains multiplient les initiatives conjointes. Au Ghana, Huawei développe avec ses partenaires locaux des expériences en réalité virtuelle et augmentée dans les sites historiques. Ces outils permettent, notamment aux jeunes générations, de découvrir des forteresses reconstituées et de nourrir leur conscience patrimoniale. 

La Chine a signé des accords de coopération culturelle avec 52 pays africains, intégrant souvent un volet consacré à la préservation du patrimoine. Des accords spécifiques ont été établis avec l’Éthiopie, l’Égypte et le Nigeria pour lutter contre le trafic illicite d’objets culturels. Des missions archéologiques conjointes ont également vu le jour, notamment sur le site du temple de Karnak en Égypte ou dans l’archipel de Lamu au Kenya. 

Cette coopération s’étend à la gestion muséale, à la conservation des reliques et à la restitution des biens culturels spoliés durant la période coloniale. Elle favorise à la fois la montée en compétences et le renforcement des liens de solidarité. 

Les perspectives d’avenir s’annoncent prometteuses. La Chine et L’Afrique entendent jouer un rôle plus actif dans l’élaboration des normes internationales, afin que les voix des pays en développement soient pleinement entendues. Des projets conjoints tels que celui des inscriptions de Baiheliang et des nilomètres continueront à incarner cette ambition. « La Chine est prête à partager son expérience avec les pays africains. Par l’inspiration mutuelle, nous pourrons ensemble préserver les trésors culturels de nos civilisations », résume M. Song. 

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