Des ouvriers à l’oeuvre dans une usine d’appareillage électrique de la Zone de coopération économique et commerciale Chine-Égypte TEDA Suez, en Égypte, le 28 mai. (XINHUA)

Alors que l’unilatéralisme et le protectionnisme progressent en Occident, la coopération économique sino-africaine poursuit son essor, soutenue par des actions concrètes en faveur d’une modernisation partagée. Ce partenariat renforce la solidarité des pays du Sud et la stabilité du système commercial multilatéral.

Dans un message adressé à la Réunion ministérielle des coordinateurs sur la mise en œuvre du Forum sur la Coopération sino-
africaine (FCSA), le 11 juin à Changsha (Hunan), le Président Xi Jinping a donné de précieuses orientations stratégiques pour faire avancer la modernisation des deux parties et bâtir une communauté de destin sino-africaine de tout temps dans la nouvelle ère.

Dans la foulée, la 4e Exposition économique et commerciale sino-
africaine (EECSA), organisée du 12 au 15 juin à Changsha, a abouti à la signature de 176 contrats, pour un montant de 11,39 milliards de dollars, en hausse de 45,8 % en quantité par rapport à la précédente édition.

L’économie aux commandes

La coopération économique et commerciale demeure un pilier central des relations sino-africaines. Ces dernières années, sous l’impulsion des plus hautes autorités, elle a connu un essor remarquable, témoignant de son dynamisme croissant.

D’abord, les échanges bilatéraux ont explosé. Le volume total du commerce sino-africain, qui ne dépassait pas les 100 milliards de yuans (13,94 milliards de dollars) en 2000, année de création du FCSA, a atteint 2 100 milliards de yuans (295,6 milliards de dollars) en 2024, soit plus de vingt fois plus. Cela représente un taux de croissance annuel moyen de 14,2 %. La Chine demeure ainsi, pour la 16e année consécutive, le premier partenaire commercial du continent.

Ensuite, la structure même de ces échanges a profondément évolué. Longtemps dominées par les ressources minérales, les exportations africaines vers la Chine sont aujourd’hui plus équilibrées, avec une place croissante accordée aux produits agricoles. La Chine est désormais le deuxième débouché mondial pour les exportations agricoles africaines. Parallèlement à cela, les exportations chinoises vers l’Afrique s’enrichissent de technologies de pointe, à l’image des véhicules à énergies nouvelles, des batteries lithium-ion ou des équipements photovoltaïques. L’économie verte, le commerce en ligne et l’innovation deviennent des moteurs majeurs de cette coopération, plus diversifiée, plus technologique et à plus forte valeur ajoutée.

Enfin, l’intégration des chaînes industrielles se renforce d’année en année. Les complémentarités entre la Chine et l’Afrique, en matière de ressources, de structures industrielles et de stades de développement, favorisent l’optimisation et la montée en gamme de leurs systèmes de production. L’Afrique reste une source précieuse de ressources naturelles et de produits agricoles pour la Chine, tout en représentant un marché stratégique pour ses produits manufacturés. De son côté, la Chine mobilise capitaux et savoir-faire technologique pour établir des zones de coopération sur l’ensemble du continent africain, contribuant activement à son industrialisation. Fin 2023, les investissements cumulés de la Chine en Afrique atteignaient 42,12 milliards de dollars, avec près de 3 300 entreprises chinoises implantées dans 51 pays et régions.

Souvent perçue comme un baromètre des relations sino-africaines, cette coopération économique et commerciale génère une dynamique puissante, nourrie par une confiance stratégique mutuelle, un appui politique constant et un cadre institutionnel robuste et multiforme.

Un socle institutionnel solide

La confiance stratégique réciproque constitue la pierre angulaire du cadre politique qui sous-tend les relations économiques sino-africaines. Jamais les liens entre la Chine et le continent africain n’ont été aussi étroits. La Chine a établi des partenariats stratégiques avec l’ensemble des pays africains entretenant des relations diplomatiques avec elle, et la relation globale s’inscrit désormais dans la perspective d’« une communauté de destin sino-africaine de tout temps dans la nouvelle ère », fournissant un cap politique clair pour renforcer la qualité et la portée de la coopération.

Fidèle à ses principes de sincérité, de pragmatisme, de fraternité et d’honnêteté, la Chine prend des mesures concrètes pour appuyer le développement autonome de l’Afrique. L’un des engagements les plus marquants est l’octroi d’un accès en franchise de droits à 100 % des lignes tarifaires pour les exportations de 53 pays africains avec lesquels elle entretient des relations diplomatiques, ouvrant ainsi son marché avec une réelle volonté d’inclusion, dans un contexte marqué par des tendances antimondialisation.

Par ailleurs, la mise en place de plateformes de coopération et de mécanismes de facilitation commerciale multiples assure un soutien structurel à long terme à cette relation. Depuis 2000, le FCSA a propulsé la coopération bilatérale dans une phase de croissance à la fois rapide, complète et stable. L’EECSA, lancée en 2019, s’est affirmée comme la principale plateforme nationale dédiée au renforcement des échanges et des investissements sino-africains. À ce jour, la Chine a conclu des accords-cadres de partenariat économique avec 22 pays africains et signé 22 protocoles pour l’exportation de produits agricoles en provenance de 18 pays vers le marché chinois, autant de garanties d’une 
coopération durable.

Dans un contexte mondial instable, le succès de l’édition 2025 de l’EECSA dépasse le seul cadre économique. Parmi les dix Actions de partenariat pour la modernisation, celle pour la prospérité du commerce se distingue par ses résultats concrets : hausse du commerce sino-africain, élargissement des canaux d’exportation vers la Chine, meilleur accès au marché et essor du commerce électronique transfrontalier.

Dans la dynamique de la coopération Sud-Sud, le partenariat sino-africain constitue un modèle de sincérité, d’égalité et de solidarité, susceptible d’inspirer d’autres pays du Sud à œuvrer ensemble pour leur développement autonome et à amorcer une modernisation à plus grande échelle.

Sur le plan économique et commercial, la coopération sino-africaine reflète une vision partagée, fondée sur l’ouverture et les avantages mutuels. Par la Déclaration de Changsha, les deux parties réaffirment leur rejet de l’unilatéralisme et du protectionnisme, ainsi que leur soutien à un ordre international centré sur les Nations unies et à un système commercial multilatéral sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce.

Ce partenariat injecte une énergie positive dans la construction d’un monde multipolaire plus juste, mieux ordonné, et d’une économie globale plus inclusive, capable de profiter à tous.

*Cet article a été publié pour la première fois sur le site China’s Diplomacy in the New Era.

LI XIAOYU ： Chercheur adjoint à l’Institut chinois d’études internationales