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  2025-08-01
 

Le temps pour allié

  ·   2025-08-01
Mots-clés: plans quinquennaux chinois

Canots de sauvetage embarqués sur un navire à destination de la France, depuis le quai de l’entreprise Xilian, à Qingdao, dans la province du Shandong, le 5 avril. (VCG)

Comment apprécier le rôle des plans quinquennaux de la Chine dans la continuité des politiques publiques et l’adaptation face aux bouleversements extérieurs ? Quelle est la portée d’une telle capacité à maintenir le cap sur le long terme dans un monde en perpétuelle mutation ? Et quelles contributions originales ce dispositif apporte-t-il aux théories contemporaines du développement ? Trois personnalités africaines ont partagé leur analyse avec CHINAFRIQUE.


GERT GROBLER

Ancien diplomate sud-africain et professeur honoraire à l’Institut d’études africaines de l’Université normale du Zhejiang

Les plans quinquennaux sont au cœur de la stratégie de transformation de la Chine. Le XIVe Plan quinquennal (2021-2025) met l’accent sur l’autonomie technologique, la « double circulation », et la transition écologique et numérique. Le XVe Plan quinquennal (2026-2030) renforcera ces axes tout en répondant à des défis structurels comme le vieillissement. Évolutifs et cohérents, ces plans allient vision centrale et retours locaux, assurant stabilité et compétitivité.

La capacité de la Chine à se projeter sur le moyen et long terme grâce à ses plans quinquennaux constitue un atout stratégique majeur. Devenus des cadres souples et innovants, ces plans orientent les réformes malgré les tensions extérieures. S’appuyant sur son marché intérieur, ses investissements en R&D et son influence via l’initiative « la Ceinture et la Route » et les BRICS, la Chine privilégie désormais l’autonomie technologique et la résilience économique face à l’instabilité mondiale.

L’ascension rapide de la Chine relance le débat sur les modèles de gouvernance. Face à l’instabilité des démocraties électorales, la Chine mise sur une vision de long terme, rendue possible par la stabilité de son leadership. Cette continuité stratégique lui confère un net avantage, notamment dans les domaines exigeant une planification durable.

Les plans quinquennaux, comme les initiatives de long terme (renouveau national d’ici 2049, neutralité carbone d’ici 2060), incarnent une logique de continuité. À l’inverse, les gouvernements occidentaux peinent à s’inscrire dans la durée, freinés par l’instabilité politique, les blocages institutionnels et les lobbies.

Les critiques occidentales envers les plans quinquennaux chinois relèvent souvent d’un biais idéologique plus que d’une analyse objective. En négligeant cet outil, elles passent à côté d’un levier clé du succès économique chinois. Adaptables et axés sur les résultats, ces plans ont su répondre aux défis intérieurs et extérieurs. Un débat sérieux sur la gouvernance du XXIe siècle ne peut les ignorer.

HISHAM EL-ZIMAITY

Secrétaire général du Conseil égyptien des Affaires étrangères et ancien ambassadeur d’Égypte au Japon, en Hongrie, en Slovénie et au Pakistan

Les plans quinquennaux chinois incarnent une vision stratégique sur le moyen et long terme, alliée à une mise en œuvre pragmatique et flexible. Grâce à leur caractère progressif, ils permettent des ajustements constants, assurant une adaptation fluide aux évolutions technologiques, géopolitiques et économiques.

Ce modèle garantit une remarquable stabilité des politiques publiques. En évitant les revirements fréquents qui affectent de nombreux systèmes politiques, il offre la continuité indispensable à un développement durable. Il favorise notamment les grands projets d’infrastructure, d’innovation et d’industrialisation, en attirant les investissements de long terme.

Cette résilience face aux turbulences mondiales telles que les guerres commerciales et les tensions géopolitiques est l’un des points forts du système. Elle découle d’une gouvernance agile, capable de réponses coordonnées et anticipées.

Loin de se limiter à la croissance du PIB, les plans quinquennaux chinois intègrent des dimensions sociales, écologiques et technologiques. Ils ont contribué à une industrialisation rapide, tout en promouvant l’inclusion sociale, la lutte contre la pauvreté, la transition énergétique et la souveraineté technologique.

Dans un monde en proie à l’incertitude, ce modèle offre des repères et des enseignements. Pour les pays confrontés à la désindustrialisation ou aux mutations liées aux transitions énergétiques, il propose un cadre cohérent, articulé autour de la stabilité, de la planification et de l’innovation.

L’approche chinoise allie ainsi constance et capacité d’adaptation, fournissant aux pays en développement un exemple concret d’organisation stratégique au service d’une croissance durable dans un monde instable.

NASSER BOUCHIBA

Président de l’Association de coopération Afrique-Chine pour le développement, au Maroc

Après la fondation de la République populaire de Chine en 1949, l’État chinois, soutenu un temps par l’Union soviétique, a rapidement affirmé sa propre voie, fondée sur la souveraineté, le respect mutuel et les bénéfices réciproques. Cette orientation s’est concrétisée à Bandung en 1955, où Zhou Enlai, alors Premier ministre, posa les bases d’une coopération Sud-Sud. En 1963, lors d’un échange avec feu le Roi Hassan II, la nécessité d’articuler indépendance politique et autonomie économique fut réaffirmée comme fondement de la souveraineté postcoloniale.

Face à un horizon commun, les trajectoires divergent. Devenu indépendant en 1956, le Maroc a hérité d’un lourd passif colonial : tissu productif désarticulé, sous-emploi massif, faible capital humain, dépendance technologique. Dans le contexte de la guerre froide, le Royaume devait trancher entre libéralisme et planification. Feu le Roi Hassan II a choisi une troisième voie, ancrée dans les spécificités culturelles marocaines, notamment l’autonomie tribale, et dans une tradition de liens avec l’Occident. Ce modèle hybride, combinant économie de marché et intervention étatique, a fondé le développement moderne du pays.

L’industrialisation rapide de la Chine dès 1949 a inspiré de nombreuses jeunes nations. Ses plans quinquennaux sont devenus des outils clés de gouvernance. Le Maroc s’est inscrit dans cette dynamique dès 1960, avec un premier plan centré sur la stabilité sociale et la relance agricole, condition de toute industrialisation durable. Ce choix reflète une volonté de conjuguer ouverture aux marchés occidentaux et coopération technologique avec les pays socialistes.

Introduit en Union soviétique en 1928, le plan quinquennal est un outil de planification à moyen et long terme. La Chine l’a adopté dès 1953, avec un premier plan axé sur l’industrialisation lourde, reposant sur 156 projets issus de la coopération sino-soviétique. En Chine, ces plans ont toujours été au cœur de la gouvernance économique. Depuis 2006, ils sont qualifiés de « plans de développement », marquant la volonté d’articuler planification étatique et mécanismes de marché.

Le XIVe Plan quinquennal s’inscrit dans cette continuité, tout en innovant : il met l’accent sur la technologie, la transition écologique et le développement de qualité. En tant qu’acteur du partenariat technologique sino-africain, je suis particulièrement attentif à ces orientations prometteuses, porteuses d’opportunités de coopération équilibrée avec l’Afrique.

Lors d’un échange avec un haut responsable chinois en visite au Maroc, je l’ai interrogé sur la mise en œuvre concrète des objectifs du plan quinquennal, dans un contexte d’intégration mondiale. Sa réponse fut claire : sous l’impulsion du Parti communiste chinois, les cadres à tous les niveaux sont mobilisés pour atteindre, voire dépasser, les objectifs, assurant une continuité stratégique entre les cycles. Ce système repose sur une amélioration continue, fondée sur des outils d’évaluation et une coordination étroite entre acteurs pour une exécution rapide et harmonieuse des priorités nationales.

Aujourd’hui, le plan quinquennal chinois dépasse la logique rigide de l’économie planifiée. Il constitue l’un des modèles de gouvernance les plus efficients au monde, permettant à l’État d’offrir aux acteurs économiques et sociaux un cadre institutionnel propice à l’excellence au service de la société, de l’économie et de l’environnement.

Ce mécanisme est sans nul doute un pilier de l’avantage compétitif chinois. Il a permis un développement d’une ampleur inédite, que le Président chinois Xi Jinping inscrit résolument dans une logique de durabilité et d’inclusivité, au bénéfice de la Chine et de ses partenaires internationaux.

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