Photo de groupe des dirigeants lors de la session plénière sur la paix, la sécurité et la réforme de la gouvernance mondiale du 17e Sommet des BRICS, à Rio de Janeiro, au Brésil, le 6 juillet. (XINHUA)

Alors que le monde est secoué par des tensions géopolitiques persistantes, une fragmentation économique rampante et des crises climatiques de plus en plus pressantes, le 17e Sommet des BRICS s’est achevé le 7 juillet à Rio de Janeiro, au Brésil, sur un engagement résolu : approfondir la coopération et élargir l’influence du groupe en faveur d’un ordre mondial plus juste.

Composé à l’origine du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, le groupe a vu sa représentativité et son poids international renforcés par l’adhésion de nouveaux membres, ce qui est venu consolider son rôle de force stabilisatrice.

Ce sommet marquait la première rencontre des dirigeants depuis l’élargissement du groupe, acté en janvier avec l’entrée de l’Indonésie, suivie de nouveaux pays partenaires en janvier et juin.

Placée sous le thème « Renforcer la coopération du Sud global pour une gouvernance plus inclusive et durable », cette édition a débouché sur une déclaration commune articulée autour de 126 engagements (gouvernance mondiale, finances, climat, santé et technologie). « Le sommet s’est tenu dans un contexte mondial complexe, sous une forte pression exercée par les États-Unis sur le groupe », a souligné Xu Feibiao, directeur du Centre d’études sur les BRICS et le G20 de l’Institut chinois des relations internationales contemporaines.

Lors de la session plénière du 6 juillet sur la paix, la sécurité et la réforme de la gouvernance mondiale du sommet, le Premier ministre chinois Li Qiang a souligné la menace qui pèse sur l’ordre économique international et le système commercial multilatéral, compliquant la reprise économique mondiale. Il a ajouté que les pays BRICS devaient renforcer leur coopération pour défendre le multilatéralisme et promouvoir un ordre économique plus équitable, unissant les forces du Sud global pour contribuer à la stabilité et au développement mondial.

Des avancées concrètes

« Le sommet a misé sur une approche plus simple, efficace et pragmatique, centrée sur six domaines prioritaires : changement climatique, gouvernance de l’intelligence artificielle, gouvernance sanitaire mondiale, entre autres, pour obtenir des résultats tangibles », a indiqué M. Xu.

L’attractivité des BRICS vient de près de 20 ans de coopération. Selon Wang Lei, directeur du Centre d’études sur la coopération des BRICS à l’Université normale de Beijing, ce mécanisme a permis à chaque membre de renforcer son influence internationale et régionale, tout en générant de réelles opportunités de développement. De plus, les pays BRICS défendent un multilatéralisme où tous les membres, grands ou petits, participent à égalité aux décisions, sur la base du consensus et de la consultation.

Aujourd’hui, la famille des BRICS représente plus de la moitié de la population mondiale et environ 40 % du PIB mondial. Selon le Fonds monétaire international, la croissance collective du PIB des membres a atteint 4 % en 2024, dépassant la moyenne mondiale fixée à 3,3 %.

Pour M. Wang, les pays BRICS jouent un rôle essentiel dans la représentation des intérêts des marchés émergents et des pays en développement, tout en appelant à des réformes du système international, des enjeux cruciaux pour l’ensemble du Sud global.

Dans ce contexte, le mécanisme « BRICS Plus » prend tout son sens : il vise à bâtir des partenariats Sud-Sud plus influents et mutuellement bénéfiques. Selon Marcus Vinícius de Freitas, professeur invité à l’Institut de diplomatie de Chine, il ambitionne d’offrir aux pays du Sud global une tribune pour faire entendre leur voix, défendre leurs intérêts et proposer des alternatives en matière de gouvernance mondiale.

Evandro Menezes de Carvalho, professeur de droit international à l’Université fédérale de Fluminense au Brésil, a salué la Nouvelle banque de développement (NBD) des BRICS comme une initiative pionnière en faveur d’une croissance durable et inclusive.

M. Wang a souligné que la NBD adopte un modèle flexible, adapté aux besoins de chaque pays, assurant la pertinence locale des projets. Dilma Rousseff, présidente de la NBD, a annoncé le 5 juillet que l’adhésion de la Colombie et de l’Ouzbékistan avait porté les membres à 11.

Vers une gouvernance plus équitable

« Face au retour du protectionnisme, les nations émergentes doivent défendre le multilatéralisme commercial et réformer l’architecture financière mondiale », a déclaré le Président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva lors du Forum commercial des BRICS, le 5 juillet.

La déclaration finale du sommet a réaffirmé l’engagement en faveur de la paix. Elle a exprimé de « vives inquiétudes » face à la multiplication des droits de douane unilatéraux et autres mesures non tarifaires incompatibles avec les règles de l’OMC, sans nommer les États-Unis. Elle alerte sur les risques que ces restrictions font peser sur le commerce, les chaînes d’approvisionnement et la stabilité économique mondiaux.

Pour M. Xu, les pays BRICS ont adopté une posture modérée sur les dossiers sensibles, rappelant que le groupe est une plateforme de développement et non un bloc antagoniste dirigé contre une tierce partie. « Les BRICS influencent désormais en profondeur les débats mondiaux sur le développement, la gouvernance multipolaire et la sécurité », a observé le Président sud-africain Cyril Ramaphosa. Selon lui, leur large empreinte et leur poids croissant en font un acteur légitime pour plaider une réforme des structures actuelles.

« La quête d’une nouvelle gouvernance mondiale ne relève pas d’un simple caprice, mais d’une nécessité historique », a affirmé Jhonathan Mattos, professeur associé à l’Université d’État de Rio de Janeiro. Les BRICS, selon lui, incarnent un modèle de coopération multilatérale et multipolaire, fondé sur l’intégration régionale et la reconnaissance d’aspirations communes.

MA MIAOMIAO : journaliste à Beijing Review