L'Union africaine (UA) est la seule organisation représentant l'ensemble des pays africains. Depuis la création de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), prédécesseur de l'UA, il y a un demi-siècle, elle a réussi à unir ses pays membres et à présider aux destinées du continent.
Pour célébrer le 50ème anniversaire de cette organisation, CHINAFRIQUE a rencontré quelques-uns des ambassadeurs africains à Beijing, pour qu'ils nous livrent leurs points de vue sur le rôle de l'UA et son évolution future. Voici les extraits de ces entretiens : CHINAFRICA : D'après vous, quel rôle a joué l'UA dans le renforcement de l'unité du continent au cours de ce demi-siècle ?

Seyoum Mesfin, l'ambassadeur d'Ethiopie
» Seyoum Mesfin, Ambassadeur de l'Éthiopie : Avant d'aborder le rôle de l'UA dans le renforcement de l'unité africaine, nous devons nous rappeler de ce que cette unité signifiait quand l'OUA a été créée.
Alors que la plupart des pays africains étaient encore sous le joug du colonialisme, les pères fondateurs étaient résolus à créer l'OUA pour assurer l'unité et la solidarité autour des pays et des peuples africains et pour libérer le continent du colonialisme. Si nous regardons en arrière, l'OUA a atteint son objectif en décolonisant l'Afrique et en abolissant la domination des minorités blanches, notamment en mettant fin à l'apartheid en Afrique du Sud. Il s'agit d'une réussite majeure de l'OUA, qui n'aurait pas pu être atteinte individuellement par les pays.
L'unité et la solidarité africaines ont joué un rôle dans la libération du continent du colonialisme et de l'apartheid. Mais le but de l'OUA ne se limitait pas à ces tâches historiques de démantèlement de la domination coloniale et de son héritage en termes d'injustices, d'exploitation sociale et économique et de violations flagrantes des droits humains et politiques. Cette unité visait également à libérer les peuples africains de la pauvreté et du sous-développement et à œuvrer pour leur bien-être. Nous reconnaissons qu'il reste beaucoup à faire à ce titre. Il nous incombe de réfléchir non seulement aux résultats, mais aussi aux défis futurs. La démocratisation des systèmes politiques des États et la promotion du développement socio-économique de notre continent sont les défis, redoutables, qui nous attendent.
Bheki Langa, l'ambassadeur d'Afrique du Sud
» Bheki Langa, Ambassadeur de l'Afrique du Sud : Ce 50ème anniversaire est une opportunité unique pour réfléchir aux défis que l'Afrique rencontre. Il a lieu au moment où l'Afrique se lève, comme l'indique le fait que s'y trouvent six des dix économies les plus rapides de la planète. Cela a été rendu possible grâce aux réformes profondes de l'économie et de la politique, menées par l'UA à travers ses interventions cruciales dans le NEPAD et l'African Peer Review Mechanism.
En tant qu'organisation chargée de la coordination pour les programmes politiques et économiques du continent, l'OUA a joué un rôle important pour la cohésion, l'unité et la définition de buts communs dans des pays disparates connaissant des réalités différentes mais partageant des défis similaires en termes de sous-développement, de pauvreté et de faiblesse des infrastructures économiques.
La transformation de l'OUA en UA en 2002 a fourni l'élan nécessaire vers l'institutionnalisation des réformes nécessaires pour passer du statut de « continent des ténèbres », selon une célèbre couverture de The Economist, à celui de continent émergent. L'UA a activement conseillé ses États membres des systèmes appropriés pour l'institutionnalisation de la participation dans les systèmes politiques, et a encouragé la responsabilisation des gouvernants.
Bien que cette vision ait été élaborée par un nouveau groupe de dirigeants africains, elle reflète aussi la nouvelle prise de conscience des intellectuels africains et d'autres secteurs de la société civile. L'objectif continental commun est de définir une trajectoire pour sortir l'Afrique de son retard de développement. Les éléments essentiels de cet agenda sont : une démocratie stable et intégratrice ; la modernisation des forces productives de l'Afrique pour réaliser son industrialisation et sa sécurité alimentaire ; le développement des ressources humaines et des investissements dans la science, la technologie et l'innovation ; l'intégration, notamment par le développement des infrastructures et la libre circulation des personnes et des biens, afin de développer le commerce intra-africain et l'investissement ; et l'amélioration des conditions socio-économiques des citoyens africains.
Le début du nouveau millénaire correspond en effet à un retour du discours et de l'action pour le renouveau et le développement du continent.
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