Quel rôle peut jouer l'UA pour promouvoir le panafricanisme et la renaissance africaine ?
» Seyoum Mesfin : À dire vrai, l'UA est une organisation continentale qui assure son leadership par consensus sur la base des intérêts communs de tous les États membres. L'UA assure la direction vers la création d'une solidarité et d'une unité centrée sur les peuples.
Lorsque nous parlons de l'Afrique, nous devons nous rendre compte que l'Afrique est diverse : diversité en termes d'intérêts ; en termes de race, de nationalité ou de groupes ethniques ; en ce qui concerne l'histoire et les antécédents historiques ; en termes de religion, culture et de langues. L'unité africaine ne peut être réalisée qu'en construisant l'unité dans la diversité, ce qui signifie que la nature diversifiée du continent ne devrait pas être considérée comme un passif, mais comme une source de beauté et de force pour bâtir une Afrique unie, prospère et pacifique.
L'Afrique a une culture et une histoire riches qui doivent être utilisées comme un atout pour la construction de son unité. Unir l'Afrique en un continent prospère et pacifique ne peut se faire en un jour. Cette unité devra être construite brique par brique, pierre par pierre et nécessitera un approche globale réunissant les Africains à tous les niveaux dans la compréhension que l'unité est le seul moyen pour parvenir à créer une Afrique prospère et en paix.
Ce que l'UA est en mesure de faire, c'est ce que les pays membres de l'UA sont prêts à faire. Ils doivent montrer la volonté politique de céder une partie de leur souveraineté au profit de l'UA, pour un leadership collectif. Nous devons responsabiliser l'UA pour résoudre les problèmes dans nos propres intérêts. Et rien ne peut se substituer à l'Union africaine dans la conduite du continent vers l'unité et l'intégration.
» Bheki Langa : Un élément essentiel à l'évolution positive de la dernière décennie a été l'affirmation de l'agenda de l'Afrique à l'échelle mondiale. L'UA joue non seulement un rôle dans l'intensification de la formulation des intérêts de l'Afrique sur la scène mondiale, mais joue également dans la promotion du panafricanisme et de la renaissance africaine. Le mouvement de défense des droits a réuni les gouvernements, les entreprises, les travailleurs, les femmes, les jeunes et les autres secteurs de la population. Comme le précisent certains documents du NEPAD et certaines résolutions de l'UA, la croissance et le développement de l'Afrique se fait dans l'intérêt de toute l'humanité. Ce message peut être accepté par la communauté mondiale. Inversement, un ralentissement de cette affirmation de soi peut conduire à une dé-hiérarchisation progressive des intérêts de l'Afrique sur la scène mondiale.
Nous devons donc insister sur l'importance de la formulation de l'agenda de l'Afrique d'une manière qui tienne compte des aspects suivants. Tout d'abord, le continent prend en charge et conduit son propre développement, notamment en trouvant les ressources nécessaires pour soutenir ce développement. D'autre part, aucun pays du continent ne peut se développer comme un îlot de prospérité, car un progrès réel nécessite une certaine mise en commun de la souveraineté des États-nations dans le contexte de l'intégration régionale. Troisièmement, l'utilisation de nos avantages comparatifs pour définir les termes d'un partenariat avec d'autres, plutôt que de simplement répondre aux agendas extérieurs, est décisive.
» Hassane Rabehi : Depuis sa création en 1963, l'OUA a fait tous les efforts possibles pour encourager l'intégration économique, sociale, culturelle et politique en Afrique.
L'OUA a été fondée sur le principe de la promotion de l'unité et de la coopération entre tous les États membres. L'UA, qui a succédé à l'OUA, s'est engagée dans la lutte pour une Afrique unie, indépendante économiquement et au service de l'amélioration de la vie des Africains. Parmi les contributions à la renaissance de l'Afrique par l'Union africaine, je voudrais mentionner : (1) l'adoption et la mise en œuvre du Plan d'action sur les langues, (2) la mise en place de l'Académie africaine des Langues en 2006 à Bamako, (3) le renforcement du travail du Centre d'études linguistiques et historiques de tradition orale, basé à Niamey, (4) la Charte de la renaissance culturelle africaine, adoptée à Khartoum, (5) le Festival culturel panafricain à Alger, en Algérie en 1965 et 2009, et (6) le Monument de la renaissance africaine à Dakar.
Quels sont les défis présents pour l'UA ? Comment peuvent-ils être abordés ?
» Seyoum Mesfin : Il est essentiel de comprendre les enjeux de l'UA. L'Afrique est un continent doté d'immenses ressources naturelles et humaines. Malgré cela, elle reste la région la moins développée du globe. Les ressources humaines de l'Afrique doivent être transformées en capital humain. Nous devons progresser dans l'éducation, la science et la technologie afin d'être en mesure de développer et d'utiliser pleinement nos ressources naturelles pour assurer le développement du continent.
L'Afrique d'aujourd'hui n'est pas l'Afrique d'hier. Après l'Asie, l'Afrique est le continent connaissant le développement le plus rapide. Les statistiques publiées par le FMI et la Banque mondiale en 2012 montrent que sur 29 des économies les plus rapides du monde, 16 se trouvent en Afrique. Le rôle de l'UA s'accroît dans l'établissement de partenariats et de coopérations futurs entre l'Afrique et le reste du monde.
Enfin, l'UA a lutté plus durement que toute autre organisation pour que la voix collective de l'Afrique soit entendue dans les forums internationaux. Nous ne pourrons avoir un impact que si nous faisons entendre la voix collective de 54 pays. L'Afrique est affectée par des changements climatiques dont elle n'est pas responsable. L'Afrique peut négocier collectivement pour l'atténuation et l'adaptation de l'impact négatif du changement climatique et faire en sorte que cette menace mondiale soit évitée grâce à l'action collective de la communauté mondiale. Nous avons besoin d'interagir avec la communauté internationale, et l'UA est notre principal instrument à cet effet.
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