
Yang Guanglin était fermier dans la province du Sichuan, au sud-ouest. Il y a sept ans, sa famille a dit adieu au petit village pour se déplacer dans la capitale provinciale, Chengdu. Yang a alors trouvé un emploi dans le bâtiment, et sa femme, comme serveuse dans un petit restaurant. Le couple migrant et son fils unique ont eu à se battre pour planter leurs racines dans la ville à cause d'un bout de papier qu'ils n'avaient pas.
Bien que la famille puisse amasser 20 000 yuans (3 282 dollars US) d'économies par an, il manque toujours le sentiment d'appartenance. Sans hukou (statut de résident urbain), ces gens ne peuvent être considérés comme de véritables citoyens urbains.
« Je n'ai pas de hukou de Chengdu, donc je ne peux bénéficier que de la sécurité sociale, si mon employeur veut bien m'offrir ce privilège. Toutefois, nous, les employés du bâtiment, sommes des travailleurs temporaires qui vont de chantier en chantier. Personne n'a envie de nous payer la sécurité sociale. Il en va de même pour ma femme. Nous n'osons pas aller à l'hôpital car nous ne pourrions assumer les frais », a déclaré Yang au quotidien Renmin Ribao.
Le plus gros problème de Yang réside toutefois dans la scolarisation de son fils. Sans hukou local, Yang devrait verser une somme considérable en tant que « frais de tutorat » aux écoles publiques urbaines pour y faire inscrire son enfant de huit ans.
« Il y a deux écoles primaires pour les enfants de travailleurs migrants, mais elles n'ont même pas de qualifications pédagogiques et leurs conditions sont vraiment minimales. »
Yang n'est qu'un des centaines de millions de travailleurs migrants de Chine qui affluent vers les villes en quête d'une vie meilleure, et qui, malgré leur travail dur, ne se sentent jamais bienvenus.
Toutefois, une lueur d'espoir illumine la détresse des migrants depuis la troisième session plénière du XVIIIe Comité central du Parti communiste chinois (PCC), tenue du 9 au 12 novembre dans la capitale nationale.
Durant la session de quatre jours, les dirigeants chinois se sont donné pour mission d'établir un système de sécurité sociale juste et stable tant pour les résidents urbains que ruraux. Selon un communiqué qui a suivi, davantage d'efforts viseront à améliorer le bien-être et à approfondir les réformes institutionnelles afin d'améliorer la justice et l'égalité sociales.
Les troisièmes sessions plénières du PCC ont souvent mis l'accent sur les réformes. Marquante dans les années 1970 fut la troisième session du XIe Comité central du PCC, en 1978. Les mesures de réforme et d'ouverture furent à l'origine de trois décennies de développement économique rapide en Chine.
La session récente à laquelle ont pris part 205 membres du Parti et qui a attiré l'attention du monde entier marque le début d'une nouvelle série de réformes globales approfondies dans la deuxième plus grande économie du monde.
Selon le communiqué, l'objectif général de la réforme consiste à améliorer et développer le socialisme aux caractéristiques chinoises et à faire avancer la modernisation du système de gouvernement et de sa gouvernance.
Cette série de réformes va beaucoup plus loin que les changements dans l'économie, et couvre l'économie de marché socialiste, la démocratie, l'harmonie sociale et les sujets écologiques.
Les points visés par le changement comprennent l'établissement d'une équipe centrale de direction de la réforme, accordant au marché un rôle plus important dans la distribution des ressources, créant un meilleur système de sécurité sociale, donnant aux fermiers davantage de droits sur la terre de propriété collective, établissant un marché de la terre unifié dans les villes et les campagnes, instituant un comité de sécurité sociale, approfondissant la réforme fiscale et l'imposition, combattant la corruption, encourageant l'indépendance judiciaire, etc.
Les réformes en cours, comme partout au monde, auront à faire face à la résistance de divers groupes d'intérêts. La tâche sera ardue, disent les analystes.
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