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Vol.4 décembre2014
Abolir les préjugés
La société chinoise devient plus tolérante face aux personnes vivant avec le VIH/sida
Ni Yanshuo

 

Des étudiants de Chongqing appellent le public à traiter séropositifs et sidéens comme des gens normaux. 

Changer l'état d'esprit

« Les préjugés et la discrimination constituent l'obstacle principal dans la prévention du VIH », a dit Li Xiaoliang, professeur à l'université de Médecine de Kunming dans la province du Yunnan. Selon lui, la Chine a fait de grands progrès pour empêcher la discrimination contre les personnes vivant avec le VIH/sida en informant la population. On a largement fait savoir que le VIH se transmet seulement par des relations sexuelles non protégées et par des transfusions de sang contaminé, ainsi que de la mère à l'enfant durant la grossesse et l'allaitement. Une personne ne peut être contaminée seulement en vivant avec quelqu'un qui est infecté ou en le fréquentant.

« Grâce à l'information scientifique largement répandue, la plupart des gens des régions urbaines connaissent les faits. Mais en région rurale, surtout dans les endroits éloignés, les personnes vivant avec le VIH/sida sont encore vues comme des monstres », a dit Li.

Le gouvernement chinois a pris plusieurs mesures pour éliminer un tel préjugé et la discrimination, essayant de créer un milieu social convenable pour les personnes infectées. Lors de la Journée mondiale annuelle du sida, le 1er décembre, de nombreuses activités tenteront d'amener les gens à traiter avec humanisme les personnes vivant avec le VIH/sida. Les grands leaders de la Chine rendront visite à des victimes.

Ambassadrice de bonne volonté

« Il faudrait accorder avantage d'attention aux régions sous-développées ainsi qu'aux personnes infectées afin de s'assurer que les malades jouissent de la justice sociale et aient droit aux soins médicaux » a dit Peng Liyuan, l'épouse du président Xi Jinping, lors de la Conférence nationale 2014 sur le VIH/sida le 20 octobre dernier.

Peng a été nommée ambassadrice de bonne volonté de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la tuberculose et le VIH/sida en juin 2011. Elle visite souvent des personnes vivant avec le VIH/sida et participe à l'assistance publique, demandant aux gens d'abandonner leurs préjugés en cette matière.

Lors de sa visite au Congo en mars 2013 avec Xi, Peng a visité un centre pour enfants abandonnés où elle a rencontré des jeunes victimes du VIH/sida.

« Je vais continuer de remplir les obligations de mon rôle à l'OMS en tant qu'avocate de la prévention du VIH/sida, et de promouvoir la coopération entre la Chine et d'autres pays dans la prévention et le contrôle du VIH/sida pour contribuer au combat mondial contre le virus », a-t-elle déclaré.

Une réponse officielle

Des observateurs ont remarqué que dans le 12ème Plan quinquennal (2011-2015), la prévention du sida en Chine met l'accent sur le dépistage des victimes par des mesures comme le renforcement de l'éducation, l'examen, et l'intensification de l'intervention au sein des groupes à haut risque.

Des statistiques du Centre national pour le contrôle et la prévention du VIH/sida, relevant du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies montrent que la Chine comptait 490 000 séropositifs du VIH et de patients du sida enregistrés à la fin d'aout 2014. Mais les experts disent qu'un grand nombre demeurent encore inconnus, ce qui porte le total estimé à environ 780 000.

La mesure d'exemption signifie que 87 % des personnes vivant avec le VIH/sida ont reçu gratuitement un traitement antirétroviral l'an dernier, contre 25 % en 2005. Le taux de mortalité du sida est tombé de 17,9 % à 6,6 % durant cette période.

« Je pense que la mesure d'exemption de frais pour l'examen et le traitement et les grands efforts du gouvernement chinois pour diffuser l'information sur la maladie ont joué un rôle important dans le progrès », a dit Zhao Hongxin, un médecin de l'hôpital Ditan de Beijing qui travaille à la prévention et au traitement du VIH/sida depuis plus de vingt ans. Le 22 octobre, Zhao a reçu le Prix Barry et Martin institué par l'organisme de charité britannique du même nom pour rendre hommage aux personnes et institutions de Chine qui ont fourni une contribution extraordinaire à la prévention du sida ainsi qu'au traitement et aux soins.

En 2003, la Chine a établi treize centres à travers le pays, dont un à l'hôpital de Zhao, pour améliorer le système de prévention. Des experts du pays peuvent étudier dans ces centres et établir des postes de formation quand ils retournent dans leur communauté médicale.

« La prévention et le contrôle du sida en Chine sont assez bons », a dit Zhao, ajoutant que les experts peuvent se concentrer sur le développement technologique, et que les technologies de pointe peuvent être transmises rapidement au niveau de la communauté.

Des défis continus

Selon Wu Zunyou, directeur du Centre national pour le contrôle et la prévention du sida/IST, le combat de la Chine dans ce domaine fait face à de nombreux défis.

Vu le nombre croissant de migrants des régions rurales aux régions urbaines ces dernières années, prévenir l'expansion du VIH est devenu un problème compliqué.

« Le plus important consiste à savoir comme éradiquer la discrimination publique contre les personnes vivant avec le VIH/sida », a dit Wu. « À cause de cette discrimination, plusieurs hésitent à passer des examens et à être traités, ce qui constitue un obstacle sérieux au contrôle et à la prévention du VIH/sida », a expliqué Wu.

De plus, les personnes vivant avec le VIH/sida ont de la difficulté à trouver un emploi.

Le 8 octobre, Chen Xin, porteur du VIH, a finalement reçu des excuses ainsi que 40 000 yuans ($6 515) de compensation d'un secteur du gouvernement local de Zhenjiang, dans la province orientale du Jiangsu. Chen était candidat à un emploi l'année précédente, mais avait été rejeté après une analyse sanguine qui montrait qu'il était porteur du VIH.

Chen a décidé de poursuivre, et après une intervention de la cour, le secteur en question a accepté de verser une compensation, tout en continuant de lui refuser l'emploi.

Li Cheng de la province du Guizhou n'a pas reçu de compensation. Enseignant d'école primaire à Liping, il a été renvoyé quand on a découvert qu'il était séropositif. Il a porté plainte contre son école le 26 octobre, mais six jours plus tard, la cour rejetait sa plainte.

Les tests sanguins sont nécessaires selon les Critères généraux de l'examen physique pour le recrutement de fonctionnaires, émis par le ministère du Personnel et le ministère de la Santé en 2005. Selon ces critères, les personnes victimes du sida ne peuvent être employées comme fonctionnaires.

« Cela est devenu un [obstacle majeur] dans l'éradication de la discrimination, et devrait être modifié », a dit Jiang Yaping, chef d'un centre d'aide légale à Nanjing.

Toutefois, la situation s'améliore. En septembre 2013, la province du Guangdong au sud du pays a modifié ses critères d'examen physique pour les enseignants, enlevant la clause liée au VIH/sida.

Selon Wu, la Chine progresse. « Notre objectif à long terme est de porter à zéro les nouvelles infections, ce qui est aussi le thème de la Journée internationale du sida cette année », a dit Wu.

niyanshuo@chinafrica.cn

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