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Des villageoises cueillent des chrysanthèmes dans le village de Zhoujiacun, dans le district de Wuyuan (Jiangxi) |
Sun Xiaowei, un jeune villageois qui possède 90 mu (6 hectares) de terre à Wangwudao, dans la province du Liaoning au nord-est de la Chine, a vu son revenu grimper en flèche l'an dernier. « J'ai transféré mes droits d'exploitation de la terre à une coopérative rurale, explique-t-il. En retour, elle me paie 750 yuans (120 dollars) par mu tous les ans. » Sun travaille également comme technicien dans la coopérative, ce qui augmente encore ses revenus.
Le transfert des droits d'exploitation et le management à plus grande échelle figuraient parmi les principales questions évoquées lors de la Conférence Centrale sur le Travail Rural qui s'est achevée le 23 décembre 2014. Celle-ci s'est concentrée sur la modernisation de l'agriculture, sur la préservation de la culture locale et de l'environnement économique, ainsi que sur la construction d'infrastructures dans les zones rurales.
« Par rapport à la vitesse de l'urbanisation, de l'industrialisation et de l'informatisation, la modernisation de l'agriculture chinoise est relativement stagnante », affirme Li Guoxiang, chercheur à l'Institut du développement rural à l'Académie Chinoise des Sciences Sociales.
Or, pour Zheng Fengtian, professeur au département d'agriculture et de développement rural à l'Université Renmin, l'agriculture est une variable critique, qui affecte de manière significative le progrès de l'industrialisation et de l'urbanisation. « Avec la modernisation de l'agriculture, la main-d'œuvre rurale devient disponible pour le travail industriel et se dirige vers les villes », explique-t-il.
Des défis croissants
Même si la production céréalière et le revenu rural chinois n'ont cessé de croître pendant 11 années consécutives, l'agriculture chinoise est confrontée à de nombreux problèmes structurels.
Selon des statistiques fournies par Li Wei, président du Centre de recherche sur le Développement au Conseil des affaires d'État, le coût de la terre, le coût du travail et celui des services pour la culture du riz, du blé et du maïs ont augmenté respectivement de 15,7, 10,4 et 8,7 % entre 2004 et 2012, soit une croissance plus rapide que celle du prix de ces trois céréales de base.
« Les coûts de production agricoles ne cessent d'augmenter en Chine, alors que le prix des denrées alimentaires diminue sur le marché international. Cela a pour conséquence l'augmentation des importations agricoles », indique le ministre de l'Agriculture, Han Changfu.
La Chine doit faire face à un manque de ressources agricoles, avec des ressources en terre et en eau par personne équivalant à seulement 1/3 et 1/4 de la moyenne mondiale. Sa production agricole est fortement dépendante des fertilisants chimiques et la pratique de l'épandage de déjections animales n'est pas encore appliquée efficacement. Cela entraîne la dégradation des terres et augmente les risques d'insécurité alimentaire. Selon Li Wei, la capacité de production agricole chinoise a ainsi été réalisée en grande partie aux dépens de l'environnement.
La production agricole est en outre de plus en plus déséquilibrée. Les disparités géographiques résultent en deux flux parallèle : un transfert de céréales du nord vers le sud et un détournement d'eau du sud vers le nord. Tandis que les stocks de certains produits s'accumulent, d'autres doivent être importés.
« La production agricole chinoise est aujourd'hui limitée par des coûts croissants et par des subventions financières qui diminuent, explique Li. Elle est contrainte par la dégradation de l'environnement et par le manque de ressources physiques. Si ces problèmes ne sont pas résolus rapidement, ils empêcheront un développement agricole durable ».
Comment la Chine peut-elle surmonter ces obstacles ? Pour Zhu Lizhi, chercheur à l'Institut d'Économie agricole et de Développement à l'Académie Chinoise des Sciences Agricoles, la solution est la modernisation agricole. « En accélérant la transformation de son secteur agricole, la Chine pourra adopter un modèle moins consommateur de ressources physiques et plus respectueux de l'environnement, et elle pourra se concentrer sur la qualité et l'efficacité », explique-t-il.
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