
Exploitations à plus grande échelle
En novembre 2014, le Conseil des affaires d'État a publié des « Opinions pour guider le transfert ordonné des droits d'exploitation de la terre rurale et pour promouvoir l'exploitation à échelle modérée », proposant de distinguer entre la propriété, les droits d'exploitation et l'exploitation effective de la terre rurale.
« Aujourd'hui, une famille rurale possède à peine un demi-hectare de terre. Ce modèle d'exploitation à très petite échelle nuit à l'efficacité de la production », affirme Han. Le ministre de l'Agriculture suggère que soit mis en place un modèle d'exploitation plus diversifié et à échelle modérée. Il souhaite encourager le transfert des droits d'exploitation vers des agriculteurs compétents ou vers de nouvelles entités agricoles comme des grands producteurs céréaliers ou des coopératives.
Bian Quanshui, expert agricole pour China International Capital Corp., estime également que l'exploitation à échelle modérée est indispensable pour la modernisation agricole. « Par rapport à d'autres pays développés, la Chine est loin derrière en termes de productivité et de mécanisation agricoles, notamment car les exploitations agricoles sont petites et dispersées », explique-t-il. L'exploitation à échelle modérée apportera des économies d'échelle et une meilleure productivité du travail. Cela permettra en outre de rendre plus de main d'œuvre disponible pour le secteur industriel.
Un consensus a été atteint lors de la Conférence pour introduire des modes d'organisation comme la chaîne de valeur ou la chaîne industrielle dans le secteur agricole, afin de faciliter l'intégration des secteurs agricole, manufacturier et des services. Il s'agit d'étendre le secteur agricole de la simple production céréalière à la transformation et la circulation des produits agricoles, ainsi qu'à l'industrie du loisir, permettant ainsi de réaliser plus de valeur ajoutée et d'élever les revenus agricoles.
Valorisation de la population rurale
Dans le passé, la construction des « nouvelles campagnes » s'est plutôt concentrée sur les infrastructures et les conditions de vie que sur les cultures locales et les écosystèmes. Alors que l'exode rural laisse derrière lui des « villages vides » où n'habitent plus que les femmes, les enfants et les personnes âgées, le gouvernement chinois a mis en avant le concept de « nouvelle campagne du peuple » intégrant de nouvelles exigences.
Cheng Guoqiang, chercheur au Centre de recherche pour le Développement au Conseil des affaires d'État, estime que la « nouvelle campagne du peuple » devrait être réalisée de trois façons. Premièrement, un système de services devrait être établi pour prendre soin des femmes, enfants et personnes âgées qui sont restés dans les villages. Les services publics en matière d'éducation et de santé devraient être améliorés. Deuxièmement, la culture locale devrait être préservée et le phénomène des « villages vides » devrait être combattu. Enfin, la protection de l'écosystème devrait être intensifiée dans les zones rurales.
Auparavant, la modernisation de l'agriculture se focalisait sur la mécanisation, indique Liu Xiaochuan, professeur à l'École d'Économie publique et d'Administration à l'Université de Finance et d'Économie de Shanghai. « Maintenant, la modernisation de la population rurale reçoit aussi une grande attention », ajoute-t-il. Bien que le revenu rural et l'économie locale aient connu une croissance rapide dans certaines régions, la population ne voit pas toujours ses conditions de vie s'améliorer car le développement des infrastructures publiques de base est toujours à la traîne.
Selon Liu, il ne s'agit pas d'un simple processus d'urbanisation ou d'élévation du revenu agricole, mais il faut que les zones urbaines aident les zones rurales à se moderniser. « Encore plus important, les services publics ruraux, y compris l'éducation, la santé et les activités physiques doivent être améliorés. »
« La modernisation agricole implique également de former les agriculteurs à la technologie et à l'utilisation efficace de leur capital », explique Zhang Zhenghe, professeur à l'Université chinoise d'Agriculture. Comme les exploitants agricoles ont généralement un niveau moindre d'utilisation technologique, des modes de production avancés doivent leur être présentés à travers des zones de démonstration technologiques.
« Lorsque l'agriculture devient une industrie à haute valeur ajoutée, la compétence des exploitants en termes de gestion de leur capital et d'utilisation des technologies doit être améliorée. Des formations appropriées leur permettront de devenir des entités agricoles performantes », ajoute Zhang. |