Un volet de l'histoire
Le Musée du Palais impérial est situé au sein de la Cité interdite, le palais de la famille royale de la dynastie des Ming (1368-1644) jusqu'à la fin de la dynastie des Qing (1644-1911), au centre de Beijing. La Cité interdite a été inscrite au patrimoine mondial de l'humanité en 1987 par l'UNESCO.
En tant que foyer de la plupart des empereurs des Ming et de tous les empereurs des Qing, la Cité interdite a été le théâtre d'intrigues et de turbulences au sein de la famille royale de 1420 à 1911. Suite à la Révolution de 1911, qui a mis fin au règne des Qing, le dernier empereur de Chine, Puyi, a habité dans le complexe jusqu'en 1924.
Après l'expulsion de Puyi, un comité spécial a été formé par le gouvernement en 1925 pour établir le catalogue des œuvres d'art de la Cité interdite. Le 10 octobre, le Musée du Palais impérial a été mis en place, survivant aux guerres et aux troubles sociaux au cours des années suivantes.
De 1933 à 1945, pendant la Guerre de résistance du peuple chinois contre l'agression japonaise, la majorité des œuvres – 19 600 cageots – ont voyagé à travers le pays, de Beijing à Nanjing dans la province du Jiangsu, avant d'être transportées dans d'autres endroits sécurisés à l'intérieur du pays.
En 1948 et 1949, environ 3 000 caisses ont été envoyés à Taiwan par le Kuomintang, parti politique fugitif dirigé par Tchang Kaï-chek. En 1965, un Musée national du Palais a été créé à Taiwan, d'où l'existence de deux Musées du Palais impérial aujourd'hui.
Liang Tingwei faisait partie de l'équipe chargée de protéger la collection pendant la guerre et toute sa famille l'a accompagné tout le long de son voyage aventurier. En 1949, M. Liang est allé à Taiwan. Il a quitté sa famille quand son petit-fils Liang Jinsheng, âgé d'un an à l'époque, est revenu à Beijing avec son père.
Liang Tingwei est décédé à Taiwan en 1972. En 2008, son fils, le dernier témoin de l'odyssée de ces œuvres d'art, s'est aussi éteint.
Liang Jinsheng a passé la plupart de son enfance au Musée du Palais impérial, où son père travaillait, collectionnant les objets d'art géographiquement dispersés par la guerre.
En 1979, Liang Jinsheng a commencé, lui aussi, à travailler au Musée. Aujourd'hui, il en est directeur du département des collections.
« J'ai l'honneur de suivre les traces des vieilles générations », affirme Liang Jinsheng. « Mon grand-père avait transféré les trésors nationaux hors de Beijing alors que mon père était chargé de les ramener. Aujourd'hui, je suis responsable de les mettre en ordre. »
Fenêtres ouvertes sur le futur
En 2004, Zheng Xinmiao, conservateur du Musée entre 2002 et 2012, a entamé le long processus d'organiser et de ranger des articles en ordre séquentiel. Après plus de six ans d'efforts, des milliers de reliques ont été tirées au clair.
Les 1 807 558 articles comprennent des peintures, des calligraphies, d'anciens livres et documents, des objets en porcelaine ainsi que 11 000 sculptures, dont plusieurs remontent aussi loin que la période des Royaumes Combattants (475-221 avant J.-C.).
Il s'agit d'une énorme quantité d'histoire. « Si nous exposons 18 000 articles par an, il nous faudra encore 100 ans pour montrer toutes les pièces », indique Shan Jixiang, actuel conservateur du Musée.
Le 11 octobre, quatre nouvelles sections ont été ouvertes au public, ce qui a permis aux visiteurs d'avoir accès à 65 % du complexe.
« En 2002, seulement 30 % de la Cité interdite a été ouverte », explique M. Shan. « En 2014, le pourcentage de la partie ouverte a atteint 52 %. En 2020, lors du 600e anniversaire de la Cité interdite, nous ouvrirons plus de 80 % du complexe. »
Selon M. Shan, beaucoup de visiteurs considèrent encore le Musée du Palais comme une destination touristique, surtout avec la popularité croissante des séries télévisées concernant la vie des familles royales à la Cité interdite.
« Ces épisodes sont fictifs », indique M. Shan. « Les musées sont plutôt pour l'éducation. J'espère que notre musée montrera l'image réelle de la vie ici dans le passé. »
M. Shan, nommé début 2012, a usé plus de 20 paires de chaussures en tissu en supervisant les 9 000 salles de la Cité interdite. Il tient la main serrée sur la bride. « Nous avons pris des milliers de photos », affirme-t-il. « Une fois que nous découvrons une erreur, nous montrons les images à notre personnel. Cela les a rendus beaucoup plus vigilants. »
Pour moderniser le Musée du Palais impérial et accroître son attrait, notamment pour les jeunes, M. Shan a pris des initiatives, telles que l'application mobile du musée, qui montre les expositions en 3D.
Un compte du Musée du Palais impérial, intitulé Micro Palace Museum, a été lancé sur le réseau social WeChat en 2012. Il fournit des informations sur les expositions et introduit des chefs-d'œuvre à l'aide de dessins animés.
Un magasin électronique, enregistré en 2010 sur le site Taobao.com, vend des souvenirs, y compris les images des anciens princes et princesses.
« L'intégrité est l'élément clé pour un musée durable et fascinant », indique M. Shan. « J'espère que je pourrai maintenir l'intégrité de [ce] musée pour 90 ans supplémentaires. »
Un visiteur examine l'oeuvre Scènes de vie le long de la rivière Bianhe le jour Qingming au Musée du Palais impérial le 8 septembre
Trois générations au service de la Cité interdite. Liang Jinsheng (d.), directeur du département de gestion des collections du Musée du Palais impérial, aux côtés de son père, tient une photo de son grand-père
Détail de l'oeuvre Scènes de vie le long de la rivière Bianhe le jour Qingming
Un visiteur examine l'oeuvre Scènes de vie le long de la rivière Bianhe le jour Qingming au Musée du Palais impérial le 8 septembre
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