Liu Quanlei
La croissance rapide du commerce extérieur de la Chine a eu un impact considérable sur son économie. En peu de temps, elle est devenue la deuxième plus grande économie du monde. Afin de faire correspondre son économie à l'utilisation internationale de sa devise, la Chine a commencé un processus d'internationalisation du RMB, en passant du mécanisme pilote de règlement transfrontalier en RMB et de l'ouverture de comptes de capitaux il y a de nombreuses années jusqu'à la facilitation et aux incitations à utiliser le RMB en dehors de la partie continentale de la Chine.
Le RMB est aujourd'hui plus largement utilisé et comporte de plus en plus de caractéristiques internationales. Selon les données SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) de la fin du mois de septembre, elle est la quatrième devise de paiement la plus utilisée au monde, la deuxième pour les transactions financières commerciales et la sixième pour le commerce de devises étrangères.
En dehors des marchés traditionnels en RMB à Hong Kong et Taiwan, à Singapour, à Londres et dans les autres principaux centres financiers, le RMB a également renforcé sa présence sur le continent africain, notamment avec l'augmentation particulièrement importante du volume des échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique.
La Chine a été le plus grand partenaire commercial de l'Afrique pendant six années consécutives, avec un commerce bilatéral atteignant les 221,88 milliards de dollars en 2014. Avec l'augmentation des paiements et des règlements effectués en devises chinoises dans le commerce entre la Chine et l'Afrique, davantage de RMB circuleront dans les économies africaines, non seulement en tant que devise de paiement, mais également en tant que devise de réserve et devise des investissements et de la finance.
Les données semestrielles de la SWIFT montrent que les paiements en RMB de cette année ont augmenté de 33 % par rapport à l'année dernière et de 191 % par rapport à l'année précédente. Par ailleurs, un tiers des paiements directs entre l'Afrique du Sud, la partie continentale de la Chine et Hong Kong, a été réglé en RMB, alors que ce ratio était seulement de un pour dix l'année dernière.
Afin de compenser le RMB plus efficacement et de satisfaire la demande croissante pour des services de compensation en RMB, les branches de la Banque de Chine à Johannesburg et en Zambie furent désignées cette année comme banques de dépôts par la Banque populaire de Chine, qui est la banque centrale de Chine. Ce titre montre la reconnaissance par l'industrie du progrès rapide des transactions en RMB en Afrique.
Jusqu'à présent, la Banque de Chine a ouvert des comptes de compensation bancaire en RMB pour 64 institutions financières – dont deux banques centrales - dans 28 pays africains. Elle fournit différents services financiers en RMB, notamment en services financiers aux entreprises, en finance commerciale et en services aux marchés financiers, par des crédits syndiqués, des prêts bilatéraux, des financements de projets et des lettres de crédit.
Un atout puissant
Le RMB est devenu l'une des principales devises de réserve en Afrique. Avec l'approfon- dissement des réformes orientées vers l'économie de marché, l'économie chinoise et le taux de change du RMB ont tous deux montré des signes forts de stabilité. Par conséquent, de plus en plus de pays africains, comme l'Afrique du Sud, le Nigeria, l'Angola, la Tanzanie, le Kenya et le Ghana, utilisent le RMB comme devise de réserve de change. En avril, la Banque de réserve d'Afrique du Sud, qui est la banque centrale sud-africaine, et la Banque populaire de Chine ont signé un accord de swap de devises à hauteur de 30 milliards de yuans (4,7 milliards de dollars US) et 54 milliards de rands.
Le RMB est également en passe de devenir une devise d'investissement et de financement importante pour l'Afrique. De plus en plus de pays africains ont une réelle demande de diversification de leurs investissements en devises étrangères. La Banque de réserve d'Afrique du Sud, avec l'aide de la Banque de Chine, est entrée sur le marché des obligations interbancaires et a investi dans des obligations en yuans. D'un autre côté, le RMB apporte une véritable contribution au processus d'approfondissement de la coopération sino-africaine dans les investissements et la finance.
De plus en plus d'entreprises chinoises se tournent vers l'étranger et investissent en Afrique. Les règlements en RMB permettront de limiter le risque de change, de contrôler les coûts de transaction et de mieux gérer leurs bilans comptables. Comparées aux autres centres financiers internationaux en Asie et en Europe, les échelles des marchés africains peuvent ne pas sembler suffisamment importantes. Cependant, le RMB devrait progresser considérablement sur le continent dans un futur proche.
La tarification des produits de base en RMB est une motivation puissante. L'Afrique possède des avantages remarquables au niveau de ses ressources, qui sont hautement complémentaires avec l'économie chinoise. Traditionnellement, le prix de certains produits, comme le pétrole, sont fixés en dollars US. Mais, alors que de plus en plus de paiements et de règlements entre la Chine et l'Afrique s'effectuent en RMB, la tarification en RMB s'affirmera comme le meilleur choix pour la Chine, comme pour les pays africains.
Nous croyons aussi fermement, qu'en élargissant le périmètre de l'initiative chinoise « Une Ceinture, Une Route » à l'Afrique et avec l'accroissement du commerce et de la coopération entre la Chine et l'Afrique, ces dernières ne pourront pas se développer l'une sans l'autre, surtout sans le RMB.
(L'auteur est le vice-président exécutif de la branche de la Banque de Chine à Johannesburg.)
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