
La première ballerine, Yu Chuanya, danse dans la version du Lac des Cygnes, présentée conjointement par le Joburg Ballet d'Afrique du Sud et le Liaoning Ballet de Chine Francisco Little

Le Spectacle culturel spécial africain sur les campus 2015 en représentation dans un collège de Beijing
La ballerine professionnelle, Yu Chuanya, s'est fixé un niveau d'exigence élevé. Peu de temps après l'atterrissage du long courrier, qui l'a menée de Beijing à Johannesburg, cette jeune femme de 25 ans est allée directement en répétition intensive. Pour perfectionner son art, elle préfère ignorer les effets du décalage horaire. Et ce qui anime sa passion, c'est la collaboration unique du Joburg Ballet d'Afrique du Sud et du Liaoning Ballet de Chine, pour présenter le ballet classique du Lac des Cygnes.
Les danseurs chinois n'ont eu que cinq jours pour répéter avec leurs homologues sud-africains, mais lors de la première à Johannesburg, la salle comble fut ravie. Cet événement à ne pas manquer dans l'Année de la Chine en Afrique du Sud créa un record au box-office pour le Joburg Ballet. Les 20 représentations enregistrèrent un total de 212 000 dollars de recettes et un taux de fréquentation de plus de 87 %.
Soutenue par le ministère chinois de la Culture et le département sud-africain des Arts et de la Culture, cette version du Lac des Cygnes fut une nouvelle initiative des deux compagnies de ballet, pour explorer conjointement le marché du spectacle en Afrique du Sud. Il s'agit du genre de coopération innovante, qui augure un avenir radieux pour les liens culturels sino-africains.
Un sujet de satisfaction
L'année 2006 fut une étape décisive dans le développement des relations culturelles sino-africaines. Cette année-là, le Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), qui se réunissait en Sommet à Beijing, établit « un nouveau type de partenariat stratégique » entre la Chine et l'Afrique, qui attachait pour la première fois autant d'importance aux échanges culturels et à l'apprentissage mutuel, qu'à la confiance politique et à la coopération économique.
Après huit années d'intensification des interactions culturelles avec les pays africains, la Chine a obtenu de francs succès dans ses programmes, comme le « Programme de Partenariat pour la Coopération culturelle sino-africaine », le « Programme des Visiteurs culturels africains », ainsi que le « Focus sur les Cultures chinoise et africaine ».
Pour Song Yangqun, chef des Affaires africaines à la Direction générale des échanges culturels avec l'étranger du ministère chinois de la Culture : « Les échanges et la coopération au niveau de la culture entre la Chine et l'Afrique ces dernières années ont montré une tendance toujours plus grande à la diversification des participants et à l'effort sur l'image de marque culturelle ».
Les données du ministère de la Culture confirment cette tendance. De 2007 à 2009, la Chine a tenu trois sessions de « Programmes des Visiteurs culturels africains », afin de partager ses expériences en management culturel. En 2012, le premier Forum des ministres de la Culture du FCSA s'est déroulé à Beijing.
Lors de la cérémonie d'ouverture, le ministre nigérian de la Culture et du Tourisme, Edem Duke, s'est adressé au nom des délégués africains et a exprimé sa satisfaction sur ces échanges culturels fructueux. En marge du discours qu'il avait rédigé, il ajouta : « Nous avons été les témoins d'échanges renforçant notre amitié mutuelle et je crois que ces échanges participent au mieux-être des Chinois comme des Africains. »
Le Forum a également adopté la Déclaration de Beijing, qui a pour objectif d'approfondir la coopération culturelle sino-africaine. Il fut décidé qu'au cours des trois prochaines années, 100 institutions culturelles des deux côtés travailleraient ensemble sous le programme du Partenariat pour la Coopération culturelle sino-africaine. Le programme devait servir de plateforme aux professionnels de l'art pour se développer et collaborer, et aider les nations africaines à développer des entreprises culturelles. Les représentations conjointes des deux compagnies de ballet en Afrique du Sud cette année constituent notamment un exemple de mise en place concrète du partenariat culturel.
« La production conjointe en Afrique du Sud semble naturelle, du fait de la maturité des conditions, que ce soit au niveau des théâtres, des moyens de promotion, des interprètes ou encore de l'audience », explique Song Yanqun. Il ajoute que tous les pays africains n'ont pas forcément les ressources de l'Afrique du Sud et reconnaît qu'il faudra du temps pour développer le marché africain et trouver le mode d'opération adéquat : « Des pays comme le Zimbabwe, la Namibie, l'île Maurice et les Seychelles, ont cependant le potentiel pour devenir les prochains marchés. »
Ce ballet produit conjointement n'est qu'une des activités parmi la série mise en place pour l'Année de la Chine en Afrique du Sud, la première organisée par un pays africain. Différentes activités culturelles centrées sur la Chine, incluant des représentations de l'Opéra de Pékin, des expositions sur l'héritage intangible, des symposiums, ainsi que des festivals de séries télévisées et de films, ont été organisées pour cet événement.
Au-delà du divertissement
Le modèle innovant de deux compagnies de ballet produisant conjointement un spectacle est devenu une plateforme pour la coopération bilatérale des industries culturelles.
Paul Mashatile, ancien ministre des Arts et de la Culture d'Afrique du Sud, estime que la culture est devenue une force motrice pour la croissance économique dans de nombreux pays africains. Jouissant de ressources culturelles riches, la Chine et l'Afrique font face à un défi commun, qui est de traduire ces ressources en bénéfices économiques, afin d'améliorer le bien-être de sa population. Pour M.Mashatile : « La culture n'est pas seulement un divertissement, c'est aussi un commerce et ça concerne les emplois. »
Les arts du spectacle d'Afrique du Sud, le Nollywood du Nigeria, la sculpture Makonde sur bois de Tanzanie et la sculpture au Zimbabwe, se sont tous développés en industries culturelles de renom en Afrique.
Pour Song Yanqun, « la Chine et l'Afrique doivent chercher ensemble des moyens de transformer les éléments uniques de leurs cultures respectives en produits, puis de les promouvoir sur leurs marchés nationaux respectifs. »
Par le passé, les gouvernements étaient les seuls décideurs et partenaires dans ce domaine. Aujourd'hui, la coopération culturelle s'agrandit en permettant aux individus et aux marchés de jouer leurs rôles. Les Tables rondes sur l'Industrie culturelle sino-africaine, tenues en 2013 et en 2014, sont devenues une plateforme d'échange d'informations et de coopération dans l'industrie de la culture. Les experts et les représentants culturels africains discutent avec leurs homologues chinois sur le rôle de l'industrie culturelle en tant qu'industrie émergente pour chacune des deux parties, ainsi que des mesures à prendre, des exemples de réussite, des préoccupations et des perspectives d'une telle coopération.
Song Yanqun note que la combinaison des échanges culturels avec le développement de l'économie et l'amélioration du niveau de vie des populations locales a obtenu de bons résultats.
Afin d'aider l'Afrique à faire émerger des professionnels, la Chine a également renforcé les formations professionnelles dans des domaines variés, notamment les arts martiaux, la gestion de bibliothèque, la protection de l'héritage ou encore la poterie. Pour Song Yanqun, l'objectif des formations du personnel est de déléguer les responsabilités des responsables gouvernementaux aux artistes, aux équipes de gestion culturelle et aux professionnels.
Depuis 2010, le ministère chinois de la Culture a envoyé des artisans des provinces du Qinghai et du Guangdong au Bénin et au Lesotho, afin de former les habitants locaux aux techniques de filetage artistique et de poterie. « Ce genre de formation pour aider à développer ces techniques en Afrique fut très bien reçue », explique M. Song.
YenenehTesfaye, un ancien étudiant éthiopien formé à l'École des Arts acrobatiques de Wuqiao, dans la province du Hebei au nord de la Chine, est maintenant devenu une étoile montante du cirque dans son propre pays. Les cours acrobatiques à Wuqiao, réputée pour être le foyer des arts acrobatiques en Chine, lui ont appris cet art ancestral et furent un tournant décisif dans sa vie.
Le respect relie les civilisations
Un proverbe dit que la clé des échanges entre les peuples repose dans la communication ouverte et franche.
Que ce soit un étudiant africain comme Tesfaye, qui a appris les arts acrobatiques, ou la série chinoise La belle époque d'une belle-fille, doublée en swahili et fort populaire en Afrique, ces deux exemples enrichissent les échanges entre les peuples et font la promotion de l'amitié.
« Les sociétés africaines ont les même familles élargies que les Chinois et les téléspectateurs peuvent se reconnaître dans ce feuilleton », estime Liu Dong, le conseiller culturel de l'ambassade de Chine en Tanzanie, qui a fait de grands efforts pour promouvoir cette série : « Cette série a aidé les Africains à mieux comprendre la Chine d'aujourd'hui. »
Pour Song Yanqun, l'éloignement géographique et les barrières culturelles et linguistiques sont certes présentes, mais le principe le plus important reste le respect de chacun pour le peuple et la civilisation de l'autre.
La valeur de la coopération culturelle est incommensurable. Pour la ballerine Yu Chuanya, « l'art ne connaît pas de limites. La mission pour les acteurs chinois comme les danseurs africains se situe plus dans la transmission d'émotions intimes à l'audience, par la forme artistique du ballet ou de la pièce de théâtre ».
Pour Song Yanqun, comme l'a très justement remarqué le Président chinois, Xi Jinping, lors de sa visite en Afrique, la coopération culturelle entre la Chine et l'Afrique présente une caractéristique de sincérité, de pragmatisme, d'amitié et de franchise : « Dans ces conditions, je crois que le message délivré au prochain sommet du FCSA à Johannesburg sera la continuation du soutien de la Chine à l'Afrique ».
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