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  2022-02-08
 

Amitié sur grand écran

par Li Xiaoyu VOL. 14 FÉVRIER 2022  ·   2022-02-08
Mots-clés: Cinéma; Luc Bendza

La Chine et l’Afrique approfondissent leurs échanges sur grand et petit écran et diversifient leurs canaux de collaboration. 

La cérémonie de remise des prix d’un concours de doublage de films et de télévision chinois, organisé dans le cadre de la « Saison de diffusion des films et séries télévisées de Beijing en Afrique », à Dar es Salaam, Tanzanie, en 2016. (COURTOISIE) 


À l’annonce du Plan d’action de Dakar (2022-2024), lors de la 8e Conférence ministérielle du FCSA qui s’est déroulée fin novembre 2021, Luc Bendza, premier représentant en Asie de l’Association du cinéma africain, créée en 1998, n’a pu contenir sa joie. La décision d’organiser des festivals du cinéma africain en Chine et du cinéma chinois en Afrique, était la réponse tant attendue aux appels des initiés. La nouvelle ravive, en effet, les espoirs de la coopération cinématographique et télévisuelle sino-africaine, en plein essor ces dernières années. 

  

Le champ des possibles 

 

Il y a quelques années, M. Bendza regrettait de ne voir aucune production chinoise être tournée en Afrique : ce n’est plus le cas aujourd’hui. En octobre 2018, la seconde édition du Festival international du cinéma Chine-Afrique (Le Cap, Afrique du Sud) a permis de dévoiler le long métrage When Africa meets you. D’après Wan Minfang, la réalisatrice, il s’agit du premier film chinois entièrement tourné sur le continent africain. L’œuvre est un mélange des genres, et brasse des thèmes divers comme l’amour, l’aventure, ou la lutte contre le braconnage. Elle offre également une vitrine à la beauté de l’Afrique. C’est pourtant loin d’être un cas isolé. Dans le film d’action Operation Red Sea (2018), de nombreuses scènes ont été filmées au Maroc, la gendarmerie de la Garde royale ayant même participé au tournage. 

  

D’après M. Bendza, de la vallée du Grand Rift à la jungle tropicale luxuriante, en passant par le Serengeti, l’Afrique abonde en ressources naturelles et humaines. Les cinéastes chinois peuvent y tourner pratiquement toutes les scènes qui leur manquent. Il reste donc persuadé qu’il existe un grand potentiel à exploiter dans la collaboration cinématographique et télévisuelle entre la Chine et l’Afrique.  

 

D’autant que les échanges sino-africains s’inscrivent dans le temps et qu’ils sont émaillés de nombreux moments précieux, ajoute-t-il. Comme en témoigne l’envoi de plus de 1 000 professionnels chinois de la santé en Afrique pour lutter contre Ebola, qui a coûté la vie à plus de 11 000 personnes entre 2014 et 2016. Selon lui, ce genre d’histoire est parfaitement susceptible d’être adaptée sur petit ou grand écran. Ainsi, une série de 24 épisodes, intitulée Ebola Fighters, a été réalisée pendant trois ans et demi. Elle relate l’histoire d’un groupe de médecins chinois combattant le virus Ebola en Afrique de l’Ouest. L’équipe de production a interrogé des centaines de praticiens et d’équipes médicales qui se sont trouvés en première ligne pendant l’épidémie. En 2019, elle a également passé six mois en Afrique pour mener des recherches. Au total, ce sont plus de 400 acteurs étrangers, dont une cinquantaine d’Africains, y compris M. Bendza, qui ont participé au tournage. Sortis en décembre dernier, les deux premiers épisodes ont été visionnés 16 millions de fois sur le site de streaming Tencent Video… en une seule journée ! 

 

Dante Lam (au centre), réalisateur d’Operation Red Seaet les principaux acteurs lors de l’avant-première du film, en janvier 2018. (VCG) 


Multiplication des échanges 

 

Aujourd’hui, les différents acteurs du secteur n’hésitent pas à apporter leur pierre à l’édifice, à l’instar du monde de l’enseignement. Le premier Centre de recherche sur les productions cinématographiques et télévisuelles africaines de Chine a été fondé en 2015, au sein de l’Université normale du Zhejiang. Le Centre a pour mission d’améliorer la compréhension culturelle entre les peuples chinois et africains, qui n’ont eu jusqu’ici qu’une connaissance de l’autre limitée, voire parfois biaisée, en raison des images véhiculées par les médias de l’extérieur, rappelle son directeur, Liu Hongwu. 

 

Bien qu’il s’agisse d’un institut universitaire avant tout, le Centre sert également de plateforme pour rapprocher les deux parties. À son initiative, trois forums sur la coopération cinématographique et télévisuelle sino-africaine ont été organisés en Chine (2015), en Tanzanie (2017) et au Cameroun (2019). Plusieurs centaines de cinéastes et de représentants de gouvernements ont été invités lors de ces événements, créant ainsi de nouvelles opportunités de collaboration. 

 

L’approfondissement de la compréhension mutuelle passe aussi par le développement de festivals cinématographiques communs, comme le Festival international du cinéma Chine-Afrique, lancé par Radio Chine Internationale, l’Académie de cinéma de Beijing et le Global Max Media Group. Cet événement annuel, basé au Cap (Afrique du Sud), présente aux participants une occasion unique de discuter du développement des industries du cinéma chinois et africain et de partager leurs expériences. Sa première édition en 2017 a permis de rassembler près de 500 invités en provenance de Chine, d’Afrique du Sud, du Botswana, de Tanzanie, du Ghana, de Namibie et du Nigeria. 

  

Un projet phare 

 

En plus de la coproduction et de l’organisation conjointe de forums et de festivals, les cinéastes chinois et africains suivent d’autres voies de coopération. La Chine a présenté, le 26 novembre 2021, à Dakar (Sénégal), un nouveau programme audiovisuel sino-africain. La diffusion de plusieurs œuvres, comme le film danimation Panda and Springbok, coproduction sino-sud-africaine, est prévue sur la télévision publique sénégalaise. 

 

En réalité, la diffusion de productions chinoises en Afrique ne date pas d’hier. En 2011, l’ambassade de Chine en Tanzanie a pris l’initiative de faire doubler en swahili Doudou et ses belles-mères, série chinoise, qui a été retransmise sur la Tanzania Broadcasting Corporation. La diffusion a eu un grand retentissement, puisque selon les statistiques de la télévision nationale tanzanienne, près de six millions de téléspectateurs l’ont suivie. 

Suite à cette initiative, la production de téléfilms et d’émissions de télévision par les chaînes nationales a été mise à l’ordre du jour du Sommet de Johannesburg du FCSA en 2015. L’idée a d’ailleurs été inscrite dans le Plan d’action de Johannesburg (2016-2018), adopté à l’issue du Sommet. Dans le sillage de cet événement, l’Administration nationale de la radio et de la télévision de Chine a lancé un projet pour soutenir le doublage de films et feuilletons chinois dans diverses langues locales, afin de mieux les adapter au public africain. De fait, les doubleurs africains sont invités à travailler aux côtés des cinéastes chinois. 

 

Grâce à ce projet, un grand nombre de séries télévisées, films, dessins animés et documentaires venus de Chine, ont pu être diffusés dans les médias africains aux heures de grande écoute. Les séries portant sur l’éthique familiale ont été particulièrement bien accueillies, car la thématique rencontre un fort écho sur le continent. « Nos deux cultures présentent de grandes similitudes. Dans cette série, on retrouve nos familles sénégalaises avec les belles-sœurs, les belles-mères. Ce sont toujours les mêmes histoires, entre tiraillements, jalousie et drames familiaux », témoigne Joséphine Zambo, comédienne sénégalaise à la retraite, qui avait fait le voyage de Beijing pour doubler l’un des personnages de Doudou et ses belles-mères en français. 

 

 Doublage d’un feuilleton chinois. (COURTOISIE) 

 

Collaboration à double sens 

 

Mais la coopération n’est pas à sens unique. La diffusion de productions audiovisuelles africaines en Chine est aussi indispensable à la compréhension approfondie du public chinois sur le continent africain. À cet égard, l’Association du cinéma africain joue un rôle pionnier.

 

De 2010 à 2015, l’Association a pris l’initiative d’organiser des activités pour la promotion du cinéma africain au sein des campus chinois, comme l’Université de Pékin et l’Université Tsinghua. Les étudiants ont pu avoir accès à plusieurs films rigoureusement sélectionnés par M. Bendza, notamment Guess Who’s Coming to Dinner, Mr. Bones 2, The First Grader, TSOTSI et MASSAI. Nombre de ces étudiants n’avaient jamais vu aucun film africain auparavant, et leurs réactions ont été extrêmement positives quant à la qualité des productions. Cette démarche a permis de combler les lacunes en la matière. 

 

En parallèle, lors du 23e Festival du film étudiant de Beijing en 2016, l’Association a été appelée à contribuer à l’organisation d’un festival du cinéma africain à l’Université normale de Beijing. Quatre réalisateurs du continent y ont participé et ont présenté leurs films. L’Association a également pris part, en 2018, à l’organisation de la 2e édition du Festival international du cinéma Chine-Afrique, et en 2019, à la 16e Exposition internationale des films et programmes de télévision en Chine, qui s’est tenue à Beijing. 

  

Un levier à actionner 

 

Aux yeux de nombreuses personnes, l’Afrique a longtemps semblé être en marge du septième art. Le rapport intitulé L’industrie du film en Afrique : tendances, défis et opportunités de croissance, publié le 5 octobre 2021 par l’UNESCO, avec le soutien du gouvernement chinois, présente néanmoins la toute première cartographie des industries cinématographiques et audiovisuelles du continent africain. Ce secteur emploie, en effet, près de cinq millions de personnes et représente cinq milliards de dollars de PIB à travers l’Afrique. Si les conditions sont réunies pour laisser libre cours à tout son potentiel, il est susceptible de créer plus de 20 millions d’emplois et de contribuer à hauteur de 20 milliards de dollars au PIB combiné du continent. 

 

Force est de constater que de nombreux aspects de l’industrie cinématographique et audiovisuelle restent informels, avec seulement 44 % des pays ayant une commission cinématographique établie, et 55 % ayant une politique cinématographique, souligne le rapport. « Plus que jamais, l’action concertée de la coopération internationale est fondamentale face à la multitude des défis qui grèvent le potentiel du cinéma en Afrique », a déclaré Ernesto Ottone, sous-directeur général pour la culture de l’UNESCO.  

 

Pour M. Bendza, ce que les pays africains attendent beaucoup de l’industrie du cinéma chinois est sa participation en matière de formation. « À cet égard, la Chine dispose d’un avantage technique, matériel et de savoir-faire », ajoute-t-il. Dans cet esprit, un séminaire a été organisé par liaison vidéo, à l’initiative de la province du Hunan, du 6 au 19 juillet 2021, réunissant 65 professionnels des médias de pays d’Afrique francophone (République démocratique du Congo, Cameroun, Gabon, Mali et Sénégal) autour d’une formation axée sur la gestion de marque et des médias cinématographiques et télévisuels. 

 

Il note également que de nombreux cinéastes africains voient grand quant à leur future coopération avec leurs homologues chinois. Le manque de financement reste pourtant un immense défi à relever en la matière. Il appelle donc à créer un fonds public dédié pour donner un coup de fouet aux projets à venir. 

 

Pour vos commentaires : lixiaoyu@chinafrica.cn 

  

Luc Bendza, lors du tournage de la série Ebola Fighters.(COURTOISIE) 

  

L’Africain qui voulait voler 

 

Luc Bendza est gabonais. Il est passionné depuis l’enfance par les films de Bruce Lee, raison pour laquelle il a quitté son pays en 1983, alors qu’il n’avait que 15 ans, pour apprendre le kung-fu en Chine. Au fil du temps, il a gravi les échelons pour atteindre le 7e dan. Par la suite, il a été nommé vice-président de la Fédération internationale des arts martiaux. En 1992, il a créé l’Association des arts martiaux du Gabon, et en est devenu le président. Après avoir décroché plusieurs médailles dor dans les compétitions internationales de wushu dans les années 1990, il effectue une incursion dans l’industrie cinématographique. Le documentaire de la réalisatrice franco-gabonaise Samantha Biffot, L’Africain qui voulait voler (2015), qui retrace l’histoire de M. Bendza, a été sélectionné dans plusieurs festivals de films internationaux, comme les Africa Movie Academy Awards 2017, et a reçu plusieurs prix, dont le prix spécial du jury aux 10e Escales documentaires de Libreville. Il s’est aujourd’hui donné pour mission de devenir l’intermédiaire entre les industries cinématographiques chinoise et africaine. 

 

Sa filmographie comprend 

2021 Ebola Fighters 

2021 Ark Peace 

2020 Vanguard 

2019 Instantly Start 

2018 Vixen 

2017 China Salesman 

2016 Ultimate Hero 

2013 Wing Chun Xiao Long 

2012 Chinese Zodiac 

  

 

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