À la rencontre d’un des premiers maîtres guerriers et moines Shaolin du pays d’Afrique de l’Ouest. 

Tous les jours, peu importe la météo, les élèves du Club Super Shaolin du Bénin suivent le cours d’arts martiaux chinois dans la cour de la Maison des jeunes de la Commune d’Akpro-Missérété, située dans le département béninois de l’Ouémé. Des exercices de fondamentaux aux enchaînements de mouvements simulant un combat, en passant par le Taiji Quan et la danse du lion et du dragon, le contenu de la formation est riche et varié. Parmi ces jeunes figure leur maître Damien Agossou Degbo, qui pratique son art en toute aisance. 

Rebaptisé Shi Yanmian, M. Degbo fait partie de la première génération de moines guerriers africains formés dans le temple Shaolin. Il n’est donc pas tombé subitement dans les arts martiaux chinois. C’est tout un rêve qui s’est concrétisé en Chine. 

En seulement trois mois, il a eu la chance d’apprendre le kung-fu Shaolin à travers les valeurs morales qu’il prône et la rigueur de son entraînement. « À 5h du matin, on commence les exercices. À 7h, on revient pour prendre le petit déjeuner. Puis on y retourne. On revient à la maison à 22h avant de reprendre la méditation. Et on nous laisse à 1h du matin pour aller faire une sieste », se remémore M. Degbo dans une vidéo lauréate du Concours photo et vidéo Chine-Afrique 2021. 

Damien Agossou Degbo (centre à gauche), l’ancien maire de la Commune d’Akpro-Missérété Michel Bahoun (centre à droite), et les élèves du Club Super Shaolin du Bénin, posent dans la cour de la Maison des jeunes de la Commune d’Akpro-Missérété, au Bénin. (CAPTURE D’ÉCRAN) 

À son retour du temple Shaolin, M. Degbo n’a pas tardé à perpétuer cet art au Bénin en fondant ce centre de formation. Pour lui, c’est une façon de porter bien haut le flambeau du wushu dans son pays. Parmi ses élèves, nombreux sont ceux qui rêvent de devenir des lions courageux, des personnes bien entretenues ou qui veulent se faire plaisir en vidéos, comme le cas de son fils, Shade Alade Degbo. 

« J’aime le kung-fu, parce que je suis né dedans. Je n’avais même pas encore deux ans quand j’ai commencé à le pratiquer. Aujourd’hui si je le fais, c’est pour devenir une star. J’apprécie les techniques de Jackie Chan, Jet Li… Pour l’instant, la voie pour y parvenir, c’est de réaliser de grands films d’arts martiaux. C’est pourquoi je suis toujours là », partage le jeune homme. 

De son côté, Geraud Hounssou Akpiti, un autre élève, exprime ses souhaits : « Depuis mon enfance, je me dis que je vais entrer dans l’armée béninoise, mais avant cela, je dois passer par le kung-fu pour acquérir de l’expérience. Je veux être une star de kung-fu et avoir un temple en Afrique. » 

Depuis des années, M. Degro et ses apprenants ont su mettre en valeur leurs acquis sur plusieurs scènes de démonstrations, telles que la fête de Wémè ou la tournée du Président béninois Patrice Talon dans la Commune d’Akpro-Missérété. Les autorités ont pris acte de ses efforts. 

Lors du passage de grade aux élèves du Club Super Shaolin du Bénin, qui s’est tenu fin 2021, Félicien Mahoutondji Hounkanrin, chef de la Direction départementale de la jeunesse, des sports et des loisirs de l’Ouémé, a témoigné de son soutien à M. Degro. « J’aimerais remercier le grand maître pour le soin qu’il a apporté à la formation des jeunes en arts martiaux. Ce sport individuel qui fait son petit bonhomme de chemin dans notre pays mérite un coup d’œil », fait-il savoir. « En tant qu’institution, nous devons soutenir et encourager M. Degro à aller de l’avant, et inciter également les parrains et les jeunes à s’inscrire massivement dans toutes les activités sportives pour pouvoir réveiller leur potentiel. »