Voici d’abord les réponses du « devoir » du mois dernier.
De l’italien venaient les mots : piano, désastre, opéra, bambin, valise, aquarelle, concerto, numéro ; de l’allemand : vasistas, valse, trinquer, vermouth, zinc, accordéon, album ; du grec : bibliothèque, thermomètre, dactylographie, psychologie ; de l’anglais : camping, suspense, handicap, hobby, barman, gentleman, goal ; de l’américain : dollar, kidnapper, jazz, basketball, cocktail (maintenant francisé en coquetel), gang. Quelle est votre note ?
De l’espagnol, le français a emprunté corrida, jade, nègre, parfum, sieste, tomate et moustique. Mais au Québec, on appelle cette désagréable petite créature « maringouin », un mot emprunté du brésilien.
L’arabe nous a donné abricot, alcool, algèbre, coton, gazelle, lilas, café, orange, sofa, satin.
Et le québécois, banc de neige (pour remplacer « congère » qui, en France, n’existe que dans le dictionnaire) ; courriel (au lieu de « e-mail » et pis encore de l’horrible « mél »), et adel (pour adresse électronique).
Il faut mentionner que le français du Québec, toujours menacé par son entourage anglophone – soit le reste du Canada et les États-Unis – demeure aux aguets, et lorsqu’un choix s’offre entre deux termes acceptés par l’Académie, préfèrera celui qui est le plus éloigné de l’anglais. Par exemple, on ne surfe pas mais navigue sur internet ; on n’apporte pas ses vêtements au pressing comme en France, mais au nettoyage à sec ; droits d’auteur est le terme préféré à copyright ; un goal est un but, un home est un chez-soi, et un hobby, un passe-temps. On fait la différence entre escalateur (ascenseur pour marchandises) et escalier mobile ou mécanique.
Parfois, les mots changent de sens au cours des siècles. Le mot « formidable » signifiait, à l’époque de Molière, « effroyable, qui fait peur, qui cause la terreur ». Par ailleurs, dans Le Rêve, roman de Zola écrit en 1888, on lit : « Oh ! tout à l’heure ! », une expression qui avait alors le sens de « tout de suite », tandis qu’aujourd’hui nous l’employons pour dire, justement, « pas tout de suite » mais dans quelques minutes ou quelques heures.
D’autres mots changent de sens en passant d’une langue à une autre. On les appelle « faux amis ». Voici des exemples entre le français et l’anglais. Une « altération » signifie, en français, une détérioration, tandis qu’en anglais, ce mot désigne simplement un changement, une modification, lorsque vous achetez un vêtement trop grand, par exemple. Oseriez-vous demander une « altération » à un vêtement neuf, en français ?
Library désigne une bibliothèque, tandis qu’une librairie est un magasin de livres (book store en anglais).
Trespass signifie dépasser. « Do not trespass », dit une enseigne, avec sa risible traduction en français : « Défense de trépasser » !
De faux amis se rencontrent dans d’autres langues aussi. Voici des exemples pour l’espagnol, l’italien, et des langues slaves.
Burro, c’est un âne en espagnol mais du beurre en italien ; et pelo désigne respectivement chevelure et poil.
Salir, en français, c’est rendre sale. En italien, salire signifie monter. En espagnol, monter se dit subir, et subir en français veut dire être victime d’une situation malencontreuse. Quelle tour de Babel !
En français, lettre désigne un élément de l’alphabet mais aussi une missive écrite. En espagnol, letra réfère au signe graphique de l’alphabet, et un message écrit qu’on met à la poste est una carta. Mais en italien, carta désigne le papier.
Bukva signifie en russe une lettre, et en serbe, un mot. Et si en russe slovo désigne un mot, en serbe il désigne une lettre.
Le fait qu’un mot existe dans deux langues avec des sens différents conduit le locuteur de langue seconde à des situations langagières parfois comiques. Une Italienne expliquait, en français, que la salle était « affolée ». C’est qu’elle avait en tête le sens italien de affollata, qui signifie « bondée de monde », là où il y a « foule ». Et un ami de Bélize me disait un jour avoir mal aux gommes. C’est aux gencives (gums) qu’il avait mal.