2016-06-06 |
Quand les dieux descendent sur terre |
par Lisa Carducci | VOL.8 JUIN 2016 CHINAFRIQUE |
Mots-clés: |
Commençons par les réponses aux acronymes du mois dernier : NASA, ONU, URSS, ovni, COJO. Et puis non… J’aurais l’impression, chers lecteurs, de vous prendre pour des enfants. N’est-ce pas que vous avez trouvé toutes les réponses ?
Aujourd’hui, nous nous arrêterons aux noms communs qui dérivent de noms propres. Des personnages mythologiques ou littéraires prêtent souvent leurs caractéristiques à leurs semblables. Un adonis, c’est un homme qui partage la beauté de ce dieu grec. Un crésus est une personne extrêmement riche, comme l’était Crésus. Un gargantua a toujours faim comme ce personnage du roman de Rabelais. « Pleurer comme une madeleine », rappelle Marie-Madeleine qui pleurait ses péchés sur les pieds de Jésus qu’elle essuyait de ses cheveux.
Tous les noms de la liste suivante peuvent être employés comme noms communs. Associez chacun des 14 noms aux caractéristiques. En les cherchant sur internet, vous apprendrez l’histoire des personnages originaux.
NOMS : Argus, Apollon, Brummel, Cendrillon, Don Juan, Don Quichotte, Gavroche, Harpagon, Mécène, Mentor, Narcisse, Polichinelle, Stentor, Titan.
CARACTÉRISTIQUES :
Riche bienfaiteur des artistes
Personne concentrée sur sa propre image
D’une grande beauté
Géant
Personnage ridicule qui fait le pitre
Qui a une voix puissante
Séducteur sans scrupule
Généreux défenseur des opprimés
Gamin spirituel et moqueur
Avaricieux
Surveillant difficile à déjouer
Conseiller sage et expérimenté
Dandy élégant
Femme chargée de travaux pénibles
Essayez d’utiliser ces noms dans votre conversation. C’est le meilleur moyen de les fixer dans votre mémoire. Et… vous paraitrez plus savant auprès de vos proches.
L’expression québécoise « C’est quétaine ! » vient d’un nom propre : employé comme adjectif et francisé, le nom Keaton ou McKeaton serait le patronyme d’une famille d’origine irlandaise dont les gouts étaient jugés bizarres par le voisinage. Alors les gens disaient que quelque chose était Keaton (Ketten, ou Keiting), et les choses « bizarres » sont devenues quétaines ou des quétaineries. Toutefois, cette interprétation n’est pas certifiée, car on ne retrouve pas le nom de cette famille dans les registres de la région de Saint-Hyacinthe, d’où vient l’expression, vers les années 1940.
Chaque peuple voit le monde à sa façon. Dans la langue écrite, même l’aboiement des chiens varie d’une langue à l’autre. On le voit surtout dans les livres pour enfants. Voici quelques exemples. En France, les chiens jappent Ouf ! Ouf ! ou bien Ouaf ! Ouaf !, mais au Québec, Wouf ! Wouf ! En Angleterre, Arf ! Arf !, mais aux États-Unis, Wof ! Wof ! ou Bow ! Bow ! En Italie, on entend le jappement comme Bau ! » Bau ! ; en Russie, Gav ! Gav !, et en Chine, 汪汪, c’est-à-dire Wang ! Wang ! La perception oculaire ou auditive influence la langue.
Le fait que les mots n’aient pas le même sens dans toutes les langues (la tour de Babel) cause bien des maux de tête aux traducteurs, en particulier. D’une part, les mauvais traducteurs ne perçoivent même pas ces pièges ; d’autre part, les bons s’y arrêtent et réfléchissent. Par exemple, dans un roman de Sue Grafton, Un cadavre pour un autre, publié en français au Seuil, on lit que comme Billie Kirkendall était malade, « sa chambre était au premier, et moi en bas. » Or, comme l’histoire se déroule aux États-Unis ; on a tout lieu de croire que la chambre de Billie se trouvait au rez-de-chaussée, et l’observateur (moi) au sous-sol. Si l’on traduit pour la France, le « premier » désigne qu’on monte pour aller à la chambre de Billie. Or, il est anormal que Billie, qui se déplace en fauteuil roulant, ait à monter un étage, alors que l’autre personnage, le « moi », en pleine possession de ses moyens, est installé au rez-de-chaussée.
Une traduction doit rendre une idée, un contenu, et selon le contexte, et non seulement des mots. Dans le même ouvrage, p. 348, « Jon arriva en scooter à la maison de Walker… » Voilà une traduction littérale de « arrived at Walker’s place », alors qu’on devrait dire, en français, « arriva chez
Walker ».
![]() |
|
|
||
24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine | ||
Copyright CHINAFRIQUE tous droits réservés 京ICP备08005356号 |