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  2016-08-12
 

Le joyau de la couronne

par Jeremy Stevens | VOL. 8 août 2016
Mots-clés: Nouvelle banque de développement

Le lancement en 2015 de la Nouvelle banque de développement (NBD) par les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) est arrivé à point nommé, alors que l'origine commune du groupe – une croissance économique rapide et stable – était affaiblie, menaçant de faire des BRICS une lubie géopolitique. Il semblait que la NBD fournirait la fondation institutionnelle indispensable, pour que le groupe puisse créer des objectifs communs et se transcender en une force ayant un impact tangible sur la scène du développement mondial. Cependant, deux années se sont écoulées et la NBD n'est en rien devenue un quelconque fer de lance. Il reste indiscutablement beaucoup de travail, avant que la NDB n'établisse une présence et un rôle clair dans le tissu de l'architecture financière mondiale.

Ces dernières années ont fragilisé la vitalité des BRICS, révélant leur nature propre : un bloc d'économies de marché émergentes, mondiales et interdépendantes. Il est indéniable que dans la période précédant la crise financière de 2008, la croissance des BRICS a dépassé de loin la croissance économique des pays industrialisés, engendrant un déferlement d'investissements de portefeuille transfrontaliers. Par la suite, le prestige de ces économies fut renforcé, lorsque la crise financière a commencé à frapper les économies réelles des nations développées. Beaucoup ont imaginé, que ce nouveau groupe d'économies de marché émergentes - large et diversifié - serait capable de s'isoler des problèmes extérieurs.

Un rythme moins rapide

En effet, en termes de croissance du PIB, les BRICS sont parvenus à se surpasser, envoyant les prévisions optimistes vers des sommets vertigineux. Néanmoins, l'attitude « tout-le-monde-sur-le-pont » des législateurs pour limiter le déclin de l'activité économique eut un prix. Nous avons vu apparaître une forte hausse de l'effet de levier dans l'univers des économies émergentes, qui a aidé à protéger ces économies du ralentissement. Cependant, l'inquiétude va grandissant à cet égard, notamment du fait du ralentissement de la croissance nominale, qui a réduit la capacité d'endettement. Aujourd'hui, les BRICS sont dans une situation très différente de ce qu'elle était avant l'effondrement de Lehman Brothers.

Il est devenu de plus en plus difficile de maintenir l'apparence de la croissance. Celle des BRICS a ralenti chaque année depuis 2010, passant d'une moyenne de 3,4 % en 2014 à tout juste 1,7 % en 2015. Il s'agit là de son rythme d'expansion le plus lent sur les 30 dernières années (à l'exception faite de 2009).

Il est vrai que le concept et l'émergence des BRICS ont permis de briser les stéréotypes macro-économiques en cours à cette époque. Jusqu'au milieu des années 2000, l'économie mondiale était divisée en économies développées et en développement, avec ses présomptions sur les risques, les retours [sur investissement] et les différents scénarios politiques. Les BRICS ont brisé matériellement ce statu quo, ajoutant une nuance plus que nécessaire. Pourtant, il est dans le même temps impossible d'ignorer la synchronisation des cycles commerciaux puissants, qui existent entre les BRICS et le reste du monde.

Faire face aux fragilités

Dans ce paysage économique, il est essentiel d'éviter d'oublier la leçon de la nuance : les membres des BRICS sont chacun très différents, de même que leurs défis économiques respectifs. La caractéristique la plus importante que chacun partage est peut-être la nécessité de s'occuper aujourd'hui de leurs fragilités nationales.

Il est relativement clair, que la Chine doit s'embarquer dans un processus de désendettement et de restructuration intérieure. Pour le Brésil, l'incapacité des gouvernements successifs à mettre en œuvre des réformes économiques fructueuses est problématique. L'Inde connaît des déficits commerciaux et financiers chroniques, et le gouvernement dépense une part significative de ses revenus dans le versement des intérêts, des subventions, des salaires et des retraites. L'économie russe doit, quant à elle, faire face à une faible croissance et aux prix bas du pétrole, exacerbant la faiblesse de l'environnement sous-jacent des investissements. Enfin, l'Afrique du Sud doit faire face notamment à un taux de chômage extrêmement élevé et à une croissance économique glaciale.

La question est : « Les défis économiques et politiques doivent-ils faire dérailler les ambitions plus larges de ce groupe à jouer un rôle significatif dans les affaires mondiales ? » La réponse doit être un « non » catégorique. Ensemble, leurs PIB égalent pratiquement celui des États-Unis. De manière plus générale, en termes d'économie, de démographie et de géographie, les BRICS se démarquent. Plus simplement, c'est important car cela s'en ressent dans chaque macro-variable. C'est là que le bât blesse : la taille ne fait pas la cohésion. C'est pourquoi la NBD est aussi importante. Avec elle, les BRICS ont accompli un pas de géant, créant un fondement institutionnel autour duquel ils peuvent prendre des mesures concrètes par la création d'objectifs clairs et partagés, pouvant amener un cheminement commun. Ainsi, la NBD constitue le joyau de la couronne des BRICS.

La NBD a un long chemin à parcourir pour établir la position économique et politique du groupe dans une architecture financière mondiale multipolarisée, et elle devra travailler avec les institutions existantes, comme le Fonds monétaire international (FMI). En fait, la majorité des dirigeants de la NBD ont de l'expérience dans ces institutions et la banque s'est engagée de manière formelle dans des coopérations à de nombreuses occasions. Bien sûr, la NBD a déjà confirmé que la dénomination de son premier prêt serait en yuans, mais la tâche de développement qui attend les BRICS est grande et il y a suffisamment de place pour les institutions animées par un esprit similaire. La fonction première de la banque sera de mobiliser les ressources pour les projets d'infrastructures et de développement durable au sein des BRICS et des autres économies émergentes.

Malgré la lenteur des progrès et depuis la première fois où elle a été proposée (lors du 4e Sommet des BRICS, à New Delhi en 2012), la banque continue à être vue avec un certain enthousiasme au sein des BRICS. La NBD a annoncé à la mi-2015, que son premier prêt serait réalisé en 2016. Selon les prévisions optimistes, elle pourrait prêter jusqu'à 30 milliards de dollars par an sur les cinq prochaines années. Au-delà de la précision de ces prédictions, la banque offre aux BRICS un outil partagé pour parvenir à leurs propres objectifs de développement. Il est important de bien s'en rendre compte, mais le chemin promet d'être difficile. Cependant, la plupart des changements économiques, que nous envisageons pour ces économies clés sur les prochaines années, leur permettront d'avoir une position plus solide.

(L'auteur est économiste pour la société Standard Advisory China, basée à Beijing.)

 

Exclusif CHINAFRIQUE

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