2016-02-05 |
Un chez soi en dehors de chez soi |
par Hou Weili | VOL.8 FéVRIER 2016 |
Mots-clés: ingénieur chinois; Tanzanie |
Hou Qianpeng (à gauche) avec un de ses fournisseurs en Tanzanie
Hou Qianpeng, enthousiaste voyageur dans son propre pays, rêvait de découvrir certaines des merveilles du monde, comme le mont Kilimanjaro, la vallée du grand rift, s’étendant du Liban au Mozambique, Nyanza – aussi connu comme le lac Victoria, plus grand lac tropical du monde – ou le célèbre Parc national Serengeti, en Tanzanie.
Mais l’ingénieur chinois n’imaginait pas qu’il aurait un jour un lien réel avec l’Afrique. Il n’imaginait pas non plus que l’anglais deviendrait un essentiel outil de travail et de survie.
« La vie, c’est comme une boîte de chocolats », confie à CHINAFRIQUE le jeune homme de 25 ans, citant le film à grand succès Forrest Gump. « On ne sait jamais sur quoi on va tomber. C’est une de ces surprises de la vie qui m’a offert l’opportunité de découvrir un envoûtant pays, de connaître d’autres personnes que mes compatriotes chinois, et de tisser des amitiés dans une terre inconnue. »
Hou travaille pour le groupe China Railway Seventh Group Co., qui opère en Afrique et en Arabie saoudite, quand sa vie change radicalement. Après avoir travaillé en Chine pendant deux ans, le jeune ingénieur de Xi’an – une ville du nord-ouest du pays renommée pour son caractère historique puisqu’elle est l’une des plus anciennes villes du monde – est transféré à la branche tanzanienne de la compagnie, en novembre 2014. C’est alors que commence son histoire d’amour avec ce pays lointain.
« J’étais tellement excité que j’avais envie de partir le lendemain », se souvient Hou. Pour quelqu’un qui avait visité près de 90 % des provinces de Chine, c’était un rêve qui se réalisait.
S’exprimer avec des images
Toutefois, la réalité n’est pas toujours aussi rose que l’on imagine. Quand il arrive en Tanzanie, Hou n’a pas le temps de visiter le pays ou de découvrir les différences culturelles. Son travail est très prenant et stressant, et le maintient toujours occupé. China Railway Seventh Group se spécialise dans la construction d’infrastructures et les projets menés en Tanzanie sont majoritairement situés dans des zones très reculées des contrées sauvages, où les conditions de vie sont très rudes.
« On était en sous-effectif et il fallait que je m’adapte au nouvel environnement de travail et de vie », raconte Hou. « On avait tous des responsabilités spécifiques et si une personne faiblissait ça mettait en péril le projet entier. »
En tant que chargé de l’approvisionnement, Hou doit souvent interagir avec des agents et fournisseurs locaux. L’anglais devient alors l’unique moyen de communication puisque ces interlocuteurs ne parlent pas chinois et il ne parle pas swahili. Malheureusement, l’anglais n’était pas son point fort, il n’avait jamais dû l’utiliser au travail. Cet énorme changement rendait Hou nerveux : « J’ai dû m’accrocher et faire de mon mieux, j’ai commencé par avoir une conversation avec le chauffeur tanzanien avec qui je travaillais ».
La première mission de l’ingénieur commence mal. Hou et Sean Murray, son chauffeur, partent pour le marché local à l’aube, ils arrivent à destination après deux heures sur une route difficilement carrossable. Une fois sur place, Hou se rend compte que Murray a mal compris ses instructions et qu’il ne l’a pas conduit au bon endroit.
Malgré cette communication difficile, Hou dépendait de Murray pour converser en swahili avec les marchands locaux. Faire des achats, autrefois une des tâches les plus simples, devenait une épreuve. Communiquer efficacement devient alors la priorité du jeune ingénieur.
« J’ai finalement trouvé une solution », explique Hou. « À chaque fois que je sortais, je prenais un cahier et un stylo. Quand je ne pouvais pas m’exprimer clairement, je dessinais ou bien je faisais des gestes. Il n’y a rien qu’on ne puisse exprimer si on y met du cœur », affirme Hou. Il est désormais beaucoup plus confiant dans son travail.
Se faire des amis
Les changements ont commencé par Murray. Quand Hou le rencontre pour la première fois ils ne s’entendent pas très bien. À cause de leurs différences culturelles, leurs conversations finissent souvent en désaccords. Hou tente alors d’être plus diplomate : « On est tous les deux de la génération années 1990, on a beaucoup de choses en commun […] J’ai pris l’initiative de nous trouver des points communs, par exemple notre passion pour le sport. »
Leurs conversations tournent désormais autour de leurs intérêts communs et une relation plus harmonieuse s’instaure. Aujourd’hui, ils sont collègues mais également amis proches, ils passent des journées entières à découvrir ensemble la capitale, Dar es Salaam.
Cette amitié a été très bénéfique pour le travail de Hou. « Murray est intelligent », dit l’ingénieur. « Il m’aide à trouver beaucoup de matériel de construction qu’il est difficile d’obtenir en Tanzanie, à des prix raisonnables. Grâce à lui, ma compagnie ne doit pas les importer de Chine, ce qui serait couteux et nous ferait perdre du temps. »
Une expérience enrichissante
La vie en Tanzanie a fait grandir Hou très rapidement. Par rapport aux jeunes de son âge, il paraît plus mûr et sophistiqué. Son cousin, Zhang Jingwen, se souvient encore de sa surprise lorsque Hou est revenu en Chine pour les vacances l’été dernier après six mois en Tanzanie : « Je me souvenais de lui comme le précieux bébé de la famille, qui n’aurait jamais mis les pieds dans la cuisine. Je ne reconnaissais pas l’homme mince et bronzé face à moi. »
Pour Hou, ces changements ne sont pas très importants. Il préfère raconter avec enthousiasme ses aventures tanzaniennes à sa famille. Le marché de Tanzanie est l’un de ses sujets de prédilection. Il raconte l’exemple des étals de fruits. Contrairement aux marchands chinois, qui proposent tous les mêmes fruits, les Tanzaniens ne vendent jamais les fruits vendus dans les étals voisins. « Peut-être qu’ils évitent la concurrence. Si l’un vend des pommes, l’autre vendra des poires », dit Hou.
En Tanzanie, il a également été témoin du côté sombre de la vie, voyant des personnes malades ou en proie à des difficultés sociales. « Après avoir vu tout cela, j’apprécie beaucoup plus la vie et je deviens plus optimiste », confie Hou.
À mesure que se prolonge son séjour en Tanzanie, il apprécie de plus en plus la population locale et la culture du pays. Hou apprend désormais le swahili pour pouvoir mieux communiquer avec les habitants et en savoir plus sur les histoires locales. Il a un conseil à nous donner : « Comprendre la culture de l’Autre est la base de toute amitié sincère. Tant qu’on a la volonté [d’apprendre la langue et de découvrir la culture tanzanienne], on apprécie l’hospitalité et la tranquillité des Africains. [Par ailleurs], le sourire est une langue universelle ».
Désormais, Hou a de nouveaux objectifs pour sa vie en Tanzanie. Outre la visite de ses magnifiques paysages, il veut en apprendre davantage sur les traditions locales et se faire encore plus d’amis tanzaniens.
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