2016-03-10 |
L'amitié sino-ougandaise |
par Godfrey Olukya | VOL.8 MARS 2016 CHINAFRIQUE |
Mots-clés: amitié sino-ougandaise;coopération étatique |
Des médecins chinois opèrent dans un hôpital en Ouganda
Stella Akello habite dans la banlieue de Kampala. Quand elle était enceinte, le lieu de l’accouchement faisait souvent l’objet de disputes enflammées avec son mari, Robert. Celui-ci voulait que son enfant naisse à l’hôpital national de Mulago, au centre de Kampala, alors que Stella tenait absolument à accoucher à l’hôpital Naguru de l’amitié sino-ougandaise. L’intervention des voisins a été nécessaire pour convaincre Robert. L’un d’eux, Henry Kabaya, explique la préférence de Stella : « Après l’accouchement, elle nous a avoué pourquoi elle préférait cet hôpital – parce qu’il est neuf, récemment construit par le gouvernement chinois. Elle était également rassurée par la présence de médecins chinois, spécialistes des complications de
l’accouchement. »
Mis à part la construction et l’équipement de l’hôpital de Naguru, le gouvernement chinois a offert de lits et des matelas à chaque hôpital du pays pour améliorer les services de santé. Le Dr Asuman Lukwago, secrétaire permanent du ministère ougandais de la Santé, confiait sa joie aux médias kampalais : « La Chine a fait don de 7 000 lits et 7 000 matelas à nos hôpitaux. Bientôt, tous les hôpitaux dans les districts et les régions seront équipés de nouveaux lits et matelas. » Le système de santé ougandais doit être amélioré. Certains hôpitaux ont été construits pendant la période coloniale et sont aujourd’hui en ruines, manquant d’équipement, de lits et de matelas. Le gouvernement a construit des centres de santé dans le pays, mais la main d’œuvre et les médicaments demeurent insuffisants.
Plus que des lits
L’engagement chinois en Ouganda dépasse le simple don de lits et de matelas aux hôpitaux du pays. Il passe également par des projets de grande envergure, comme la ligne de chemins de fer Standard Gauge, dont le coût est estimé à plusieurs milliards de dollars. Longue de 1 736 km, cette ligne doit relier l’Ouganda au Kenya, Rwanda, Sud-Soudan et à la République démocratique du Congo, d’ici 2018.
Le 15 décembre 2015, l’Ouganda et la Chine ont signé un accord pour la construction d’un réseau de trains légers à Kampala. La China Civil Engineering Construction Corp. construira les premiers 35 km de ce réseau, avec un budget estimé à 440 millions de dollars. Le réseau final devrait être de 240 km, avec des lignes reliant le centre-ville à Entebbe, Nsangi, Wasiko et d’autres villes environnantes, a annoncé le ministre ougandais des Travaux publics et des Transports, John Byabagambi.
L’esprit entrepreneurial
Outre les projets gouvernementaux, de nombreux Chinois entreprennent avec succès en Ouganda. Zhang Xiao est l’un de ces entrepreneurs. Assis sur le palier de son magasin de chaussures dans le centre-ville de Kampala, M. Zhang interpelle les passants dans la langue locale, Nyabo jangu ogule engato kusente ntono, ou « Madame, venez acheter des chaussures à de bons prix ». La femme est à la fois fascinée par un Chinois l’interpellant dans sa langue et intéressée par l’idée de faire une bonne affaire. Elle entre dans le magasin et achète deux paires de chaussures fabriquées en Chine.
M. Zhang fait partie des milliers de Chinois qui se sont installés en Ouganda ces dernières années, non seulement pour travailler dans des projets de construction mais pour ouvrir des petites et moyennes entreprises. Très satisfait de son aventure ougandaise, il encourage ses compatriotes chinois à tenter leur chance : « Je suis en Ouganda depuis trois ans. J’importe des chaussures et des vêtements de Chine pour les vendre au détail, ici. Mes bénéfices me permettent d’aller de l’avant. » Liu Jie réussit également, grâce à son salon de coiffure à Kampala. Selon elle, si les Ougandaises affluent à son salon c’est parce qu’elle offre divers styles de coiffure. « Elles apprécient mon expérience et mon expertise et me payent bien », confie Liu.
Fin 2015, plus de 40 000 Chinois vivaient en Ouganda selon Tom Mwase, du ministère du Commerce, de l’Industrie et des Coopératives. « Sur dix magasins du centre-ville de Kampala, au moins deux sont tenus par des Chinois », assure James Kizza, conseiller municipal de la ville. « Certains louent des magasins entiers alors que d’autres partagent un espace avec des magasins ougandais. » La ministre du Commerce, de l’Industrie et des Coopératives, Amelia Kyambadde, s’est montrée très accueillante vis-à-vis des investisseurs chinois, les invitant à ouvrir des entreprises en Ouganda. « Nous accueillons avec plaisir les investisseurs chinois parce qu’ils créent des emplois pour notre peuple », déclarait la ministre.
Équilibrer les échanges
Plus de 100 entreprises chinoises sont installées en Ouganda. Parmi les plus importantes, la China Communications Construction, China Harbor Engineering, ZTE, Sinohydro, China National Offshore Oil Corp., Huawei et China Huangpai Food Machines.
La Chine compte investir davantage en Ouganda pour réduire le déséquilibre des échanges bilatéraux, explique Chu Maoming, chargé d’affaires pour l’ambassade chinoise en Ouganda. Selon lui, avec l’accroissement des liens économiques entre la Chine et l’Ouganda, et l’augmentation des investissements chinois dans la production, les banques et les infrastructures du pays, les échanges commerciaux finiront par s’équilibrer. Celui-ci affirme que les investissements de la Chine en Ouganda représentent plus de 800 millions de dollars, et créent plus de 35 000 emplois pour les Ougandais.
Le PIB ougandais croît régulièrement selon le Fonds monétaire international. Avec une croissance de 6,3 % en 2015, 5,9 % en 2014 et 5,8 % en 2013. Malgré ces bons résultats, en 2015 plus de 40 % des dépenses gouvernementales étaient encore financées par l’aide internationale.
(Reportage en Ouganda)
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