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Afrique
  2016-03-10
 

Espoirs de paix

par Aggrey Mutambo | VOL.8 MARS 2016 CHINAFRIQUE
Mots-clés: Soudan du Sud;paix

 

 
 Le Président Salva Kiir Mayar (g) Riek Machar (d), renommé vice-Président le 11 février

Au Soudan du Sud, les forces fidèles au Président Salva Kiir, s’opposant depuis des mois aux hommes fidèles à l’ancien vice-Président, Riek Machar, doivent désormais cesser le combat. L’ironie de l’histoire : ceux-là mêmes qui ont initié le conflit ont pour mission de rétablir la paix. 

Le conflit démarre en décembre 2013, quand M. Kiir accuse son ancien vice-Président Machar de préparer un coup d’État. S’en suit une période d’une violence inouïe où ripostes et représailles font des milliers de morts, des millions de personnes déplacées et divise ethniquement la plus jeune nation du monde. En janvier 2016, le Président Kiir accepte de nommer au gouvernement des hommes issus des groupes rebelles, dirigeant ainsi le pays vers un gouvernement de transition. Des membres des deux camps occuperont de hautes fonctions pendant environ 30 mois. 

Bien que ce gouvernement de transition n’ait pas encore été nommé, l’annonce en elle-même dévoile, pour la première fois, une réelle volonté de mettre fin au conflit. « Ce gouvernement de transition répond aux exigences des hommes politiques qui ayant perdu leur position dans le gouvernement ont rejoint la rébellion pour récupérer leurs postes », explique à CHINAFRIQUE Steve Paterno, chercheur spécialiste du Soudan. Selon lui, puisque ce sont les querelles politiques qui ont rendu le pays dangereux pour la population, un gouvernement de transition pourrait bien amener la paix tant espérée.  

  

Désastre humanitaire  

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA - Office for the Coordination of Humanitarian Affairs), affirme que plus de 2,3 millions de personnes ont été déplacées au Soudan du Sud depuis le début du conflit en décembre 2013, 1,69 million à l’intérieur du pays et 648 000 dans les pays voisins, comme le Kenya, l’Ouganda ou l’Éthiopie. Selon l’organisation non gouvernementale, International Crisis Group, 50 000 à 100 000 personnes auraient été tuées de décembre 2013 à novembre 2014. Un nombre auquel il faut ajouter les victimes de l’année 2015, puisque les combats se sont poursuivis. 

En 2015, la Commission d’enquête de l’Union africaine pour le Soudan du Sud, présidée par l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, rapportait des cas de luttes tribales, de cannibalisme et de crimes contre l’humanité. « La commission a entendu dire que des prisonniers auraient été forcés à manger de la chair humaine et à boire du sang humain. Des violations des droits de l’homme ont été commises des deux côtés. Parmi les responsables de ces crimes on retrouve des soldats, des miliciens, des rebelles et même des civils », conclut le rapport de la commission. Pendant le conflit, les belligérants ont signé sept accords de cessez-le-feu, mais aucun n’a été respecté. Alarmée par la menace à la sécurité régionale et le coût de la guerre, la communauté internationale pousse les deux camps à entamer des négociations. 

  

Le coût de la guerre 

Le coût du conflit est désormais astronomique. La Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss) compte par exemple 12 500 militaires, 1 323 policiers civils et 769 employés en charge du service humanitaire des personnes déplacées. Le maintien de cette force coûte 1,1 milliard par an, selon les rapports d’activité de la Minuss.  

Selon un rapport publié conjointement par le cabinet européen de conseil économique Frontier Economics, le Centre de recherche pour la paix et le développement de l’Université de Juba au Soudan du Sud et le Centre ougandais de résolution des conflits, le prix de la guerre s’élèverait à 1,8 milliard en opportunités manquées en 2015. Selon le rapport, si le conflit continue, ce chiffre pourrait s’élever à 7,7 milliards en 2020.  

Cependant, certains signes permettent de penser que le conflit sera fini en 2020. L’accord concernant le gouvernement de transition a par exemple été promu par la région est-africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD - Intergovernmental Authority on Development), dont les membres sont le Kenya, le Soudan, le Soudan du Sud, la Somalie, Djibouti, l’Éthiopie, l’Érythrée et l’Ouganda. « Nous avons la responsabilité de ne pas laisser le Soudan du Sud s’effondrer », explique Mahboud Maalim, secrétaire exécutif de l’IGAD, à CHINAFRIQUE. Par ailleurs, les négociations de paix d’Addis-Abeba ont été largement financées par les puissances internationales, qui espèrent rétablir la stabilité dans la région. Parmi ces puissances, les partenaires de l’IGAD : la Chine, la Norvège, les États-Unis et le Royaume-Uni. 

La Chine a déclaré qu’elle maintiendrait ses relations avec les deux parties et continuerait de jouer un rôle important dans la promotion du processus de paix au Soudan du Sud. « La Chine apprécie les efforts de l’IGAD et des autres représentants, et espère que les parties belligérantes du Soudan du Sud respecteront l’accord en mettant en place des actions concrètes, améliorant la situation humanitaire et reconstruisant le pays, pour atteindre la paix et la stabilité », déclarait l’année dernière Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.  

  

Accord général 

Selon l’accord de paix signé en août 2015, 53 % des postes ministériels reviendront au parti du président Kiir, 33 % au camp Machar, 7 % aux anciens prisonniers politiques et les 7 % restants aux autres partis. Les deux camps se disent favorables à cet accord. « La nomination par le Président Salva Kiir de membres de l’opposition armée correspond au partage des pouvoirs défini par l’accord de paix. Nous avons déjà fait notre part en les sélectionnant. Nous soutenons ces nominations », affirme James Gatdet Dak, porte-parole de Riek Machar. L’ambassadeur adjoint du Soudan du Sud à Nairobi, James Morgan, s’est également montré optimiste : « Il nous faut sortir de cette terrible actualité et permettre à notre peuple de se détendre et de ne plus penser à la violence. C’est ce que nous espérons tous pour l’année 2016 », confiait-il aux médias en janvier.   

  

Une longue route  

Les experts préviennent toutefois que le processus vers une paix durable sera long et difficile. En effet, les deux camps sont encore en désaccord sur la proposition visant à faire passer le nombre d’États de 10 à 28. Le Président Kiir ayant déjà nommé des gouverneurs pour 28 États. 

« Au Soudan du Sud, tout le monde sait que les rebelles sortent vainqueurs des luttes anti- 

gouvernementales. Quoi que fassent les dirigeants, il ne doit pas s’agir de récompenser des individus mais de faire primer l’intérêt du peuple », affirme M. Paterno. Selon les futurs dirigeants du pays, le retard dans la création du gouvernement de transition est dû à la nécessité d’amender la Constitution pour permettre le bon fonctionnement de la structure intérimaire. Tous les regards se tournent désormais vers la Commission commune de surveillance et d’évaluation créée par l’IGAD pour superviser la mise en œuvre de l’accord de paix et servir de médiateur en cas de désaccord.

  

(Reportage du Kenya) 

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