2016-04-12 |
Festicacao 2015 |
par François Essomba | VOL.8 AVRIL 2016 |
Mots-clés: Cacao;l’économie camerounaise |
Des chocolatiers décorent un gateau au Festicacao
Installé au 5e rang planétaire des nations productrices de cacao, le Cameroun reste fortement soutenu par la filière cacao, qui constitue le premier produit d’exportation du secteur primaire. Conscientes de la place qu’occupe le cacao dans l’économie camerounaise, les autorités du pays ont lancé en 2011 un festival international dédié à la filière, le Festicacao. L’objectif principal de l’événement est d’accroître les performances du secteur en quantité et en qualité, afin de permettre au cacao camerounais d’être plus compétitif sur le marché international.
Le Festicacao est une grande foire-exposition qui assure la promotion des produits issus du cacao. La 4e édition de ce grand rendez-vous des promoteurs des activités cacaoyères a eu la particularité de se dérouler simultanément à Yaoundé et Douala, les deux principales villes du Cameroun. Le festival s’est tenu sous l’égide de Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre camerounais du Commerce, avec la présence très remarquée de son homologue Issa Tchiroma Bakary, ministre camerounais de la Communication, du 3 au 5 décembre 2015.
Cette grande kermesse destinée à la filière cacao, aura été l’occasion pour les acteurs dudit secteur de faire découvrir aux dégustateurs de chocolat d’autres dérivés du cacao : liqueurs, beurre de cacao, ainsi que de nombreux produits cosmétiques, lotions de beauté, crèmes pour repousse des cheveux, vernis. Le stand de préparation du chocolat ne désemplissait pas, les visiteurs étaient visiblement impatients de déguster le chocolat sous sa forme tiède. Et l’attente semblait en valoir la peine, les gourmands raffolaient de ce chocolat tiède.
Cette quatrième édition du Festicacao a mis à l’honneur le travail de la femme dans la production, la transformation et la valorisation du cacao. D’où le thème : « La femme camerounaise dans le cacao ». Apollinaire Ngwe, président du Conseil interprofessionnel du cacao et du café, évoque les enjeux au cœur de cette édition : « l’allègement de la pénibilité du travail des femmes, la promotion des modèles de réussite initiés par les femmes, la promotion de leur accès à la propriété foncière et la lutte à leurs côtés contre la malnutrition ».
Une importante source de revenus
D’origine sud-américaine, le cacao existe depuis 4 000 ans. Les colons allemands introduisent cet arbre au Cameroun au XIXe siècle (entre 1886 et 1887). Depuis lors, le Cameroun s’affiche comme une grande citadelle du cacao de qualité et du savoir-faire des acteurs exerçants dans le secteur. C’est à travers cette filière que de nombreuses populations se sont intégrées à l’économie de marché. Ce précieux produit a également financé la scolarité de la plupart des élites camerounaises depuis les années 1930, jusqu’à nos jours.
Au Cameroun, les cacaoyers disposent d’une superficie cultivable d’environ 425 000 hectares, et la production commercialisée est de 210 000 tonnes. Le secteur cacaoyer est prioritaire dans l’économie nationale. La culture du cacao se pratique dans sept provinces, sur les dix provinces du Cameroun, particulièrement la partie méridionale du pays : Centre, Sud, Est, Littoral, Ouest, Nord-Ouest et Sud-Ouest. Progressivement, la culture du cacao a intégré les foyers au Cameroun, au point de devenir un produit phare dans l’économie du pays.
Le secteur du cacao, avec celui du café, représente environ 3 % du PIB national et 15 % du PIB du secteur primaire. C’est l’un des produits d’exportation qui a été pendant longtemps considéré comme le thermomètre de la vie économique et sociale du Cameroun. Il fait vivre directement et indirectement plus de 2 millions de personnes dans les zones rurales. Ses exportations, avec celle du café, ont représenté de 1980 à 2000 près de 28 % du PIB des produits non pétroliers et 40 % des exportations du secteur primaire, et ont généré environ 250 millions de dollars par an pour les producteurs. Sa production commercialisée a atteint 228 000 tonnes en 2012-2013.
Le label local
Le label camerounais attire de nombreux industriels du secteur cacao, selon Omer Gatien Malédy, secrétaire exécutif du Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC). Les spécialistes apprécient sa forte teneur et sa couleur brun rougeâtre. Après la restructuration de la commercialisation interne et externe, enclenchée dans les années 1990, la filière a connu un regain d’intérêt, passant d’un système de commercialisation fortement administré à un système libéralisé. Cette libéralisation a permis au secteur privé (producteurs, associations de producteurs, négociants, acheteurs) d’être en charge de la commercialisation, c’est-à-dire du processus allant de la collecte à l’exportation. L’opérateur économique est désormais placé au centre de l’initiative et de la prise de décision, tout en respectant les règles de commercialisation.
Le Cameroun est devenu la nouvelle attraction de tout ce que le monde compte comme experts dans la filière cacao, précise Omer Gatien Malédy. Grâce à l’embellie du marché international et aux mesures incitatives du gouvernement camerounais, ayant contribué à l’augmentation continue de la production, de nombreux opérateurs excellent dans les opérations de collecte et d’exportation. Le secrétaire exécutif du CICC indique par ailleurs que la libéralisation de la filière permet aujourd’hui aux producteurs camerounais de percevoir un prix représentant 80 % du prix international. Ce qui suscite un réel engouement pour la culture du cacao. Ainsi, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, recommande aux agriculteurs de produire davantage et de dépasser les quantités actuellement produites par an. C’est-à-dire entre 200 et 250 000 tonnes.
Les observateurs et les experts du secteur assurent que le Cameroun peut mieux faire, le but étant d’atteindre 600 000 tonnes par an. Placé en 2015 sous le thème « La femme camerounaise dans le cacao », le Festicacao entend aussi promouvoir, valoriser et glorifier la femme camerounaise. En effet, Luc Magloire Mbarga Atangana, fait remarquer que la filière cacao est une véritable manne, dont les producteurs devraient bénéficier. À environ quatre dollars le kilogramme, le cacao peut être un outil essentiel dans la lutte contre la pauvreté.
L’office national du cacao et du café
Créé par décret le 12 juin 1991, l’Office national du cacao et du café (ONCC), est un incubateur mis sur pied par le Cameroun pour favoriser la croissance et l’efficacité dans l’activité cacaoyère. L’ONCC doit, entre autres, être le garant de la qualité, de la promotion et du respect des conventions internationales en matière de cacao et de café. L’ONCC tente également, avec les partenaires internationaux, de mettre sur pied des Écoles d’entreprenariat agricole visant à améliorer la professionnalisation des filières, à travers la formation des producteurs de cacao et de café.
Le lancement officiel de la récolte cacaoyère 2015-2016, le 7 août 2015, à Ayos (bourgade située à quelques 120 km de Yaoundé), a été l’occasion de mobiliser à nouveau les acteurs de la filière pour une meilleure compétitivité de l’origine Cameroun. À cet effet, Michael Ndoping, directeur général de l’ONCC, a fixé des perspectives pour le secteur au Cameroun. L’objectif est ambitieux. Sur les dix dernières années, on est passé de 180 000 à 230 000 tonnes. Mais il est possible d’atteindre les 600 000 tonnes en 2020 si les moyens sont effectivement injectés là où il le faut, c’est-à-dire dans le traitement phytosanitaire d’envergure, l’utilisation des engrais. Le premier palier consiste à atteindre 400 000 tonnes dans cinq ans.
Malgré l’augmentation continue de la production cacaoyère, le taux de transformation est relativement bas, soit 15 % par an de la production nationale. Un handicap qu’explique Michael Ndoping : nous produisons des fèves, pas du chocolat, qui est un autre métier très spécialisé. Il faut avoir un marché pour transformer. Certains grands transformateurs évoquent l’insuffisance de la matière première au Cameroun pour implanter des unités de transformation. Les 200 000 tonnes en moyenne, en dépit de l’engouement pour la fève camerounaise, ne sont pas incitatives.
Par ailleurs, des obstacles en termes de disponibilité de l’énergie et d’infrastructures de qualité freinent également leur enthousiasme. Une tendance qui tend à s’inverser, suite au nouveau plan national de relance des filières cacao et café, un appel lancé par le gouvernement aux investisseurs étrangers pour créer des unités de transformation dans l’activité cacaoyère.
(Reportage du Cameroun)
![]() |
|
|
||
24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine | ||
Copyright CHINAFRIQUE tous droits réservés 京ICP备08005356号 |