2016-06-06 |
Transmission de connaissances |
par Godfrey Olukya | VOL.8 JUIN 2016 |
Mots-clés: coopération Sud-Sud;experts agricoles chinois |
Des experts agricoles chinois partagent leurs connaissances avec des agriculteurs locaux
Dans le district reculé d’Amuria, à 250 kilomètres à l’est de la capitale ougandaise, Kampala, un groupe d’hommes regarde attentivement deux joueurs s’affronter dans une partie d’omweso. Un Chinois les rejoint et les salue en ateso, la langue locale. À en juger par l’accueil qui lui est réservé, l’homme est très apprécié par le groupe. Cet expert agricole s’appelle Jack Chen, et il habite à Amuria depuis deux ans. Plusieurs des hommes qu’il salue sont ses « étudiants », à qui il enseigne les techniques agricoles modernes. « C’est un des nôtres. Il nous apprend à cultiver du riz, tout en élevant du poisson. On l’aime et il nous aime aussi », assure James Tukei, l’un des anciens du groupe. Jack Chen a une grande expérience des techniques de rizipisciculture. La rizipisciculture consiste à cultiver du riz et élever du poisson sur le même terrain. Le bassin des poissons est également utilisé pour la culture du riz, les poissons se nourrissent des particules des plantes et leurs déjections servent de fertilisant.
Coopération Sud-Sud
Jack Chen fait partie d’une équipe de 16 experts et techniciens agricoles envoyés en Ouganda pour aider les agriculteurs locaux à moderniser leurs pratiques. Ils font partie d’un projet de coopération Sud-Sud entre les gouvernements chinois et ougandais, soutenu par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) depuis 1996, dans l’objectif plus large d’éradiquer la faim dans l’hémisphère sud. En Ouganda, le projet est dirigé par un cadre expérimenté du ministère de l’Agriculture, de l’Industrie animale et de la Pêche, James Tumwine. Celui-ci rappelle que cette coopération inclut des projets d’horticulture, de culture fruitière, des techniques de reproduction assistée, comme l’insémination artificielle de petits animaux, et d’aquaculture liée à la rizipisciculture.
Ce projet de coopération Sud-Sud permet également d’assister les agriculteurs dans d’autres domaines, tels que l’agro-industrie, la valorisation des ressources, la machinerie agricole, l’irrigation et les énergies renouvelables, comme le biogaz et le solaire. Grâce au travail de 31 experts agricoles chinois, ayant enseigné dans divers districts du pays, la première phase du projet est terminée. Sur une période de deux ans, le gouvernement chinois a déboursé 1,5 million de dollars pour ce projet, confie Tumwine. Le gouvernement ougandais a également soutenu le projet financièrement et humainement. Le financement doit s’accentuer à chaque phase du projet.
Deuxième phase
Plus de 4 000 agriculteurs ont pu profiter des enseignements de cette première phase de « Transmission de connaissances », dans un pays où le secteur agricole est le premier employeur. Ce secteur, essentiel pour l’avenir de l’Ouganda, représente près de la moitié des exportations du pays, selon la FAO. Les obstacles à une plus forte production ont fait de l’agro-industrie l’une des priorités du projet de coopération Sud-Sud en Ouganda, problème que les experts chinois tentent de régler.
La deuxième phase du projet est désormais en cours, Jack Chen et ses collègues s’y consacreront jusqu’à décembre 2017. Six pôles technologiques chinois dédiés à l’horticulture, l’élevage, les céréales et l’aquaculture ont été établis à l’ouest, est et au centre du pays. L’un d’eux est dédié aux disciplines transversales. Pour cette nouvelle phase, le gouvernement chinois déboursera près de 1,7 million de dollars sur une période de deux ans, selon Tumwine. Le gouvernement ougandais participe à hauteur de 30 % au financement global du projet. Tumwine indique que près de 3 000 agriculteurs ougandais seront formés aux nouvelles techniques lors de cette deuxième phase.
Des efforts appréciés
Présent lors du lancement de la deuxième phase de formation à Entebbe, le 5 mars, le ministre ougandais de l’Agriculture, l’Industrie animale et la Pêche, Tress Bucyanayandi, a déclaré que son pays appréciait les efforts de la Chine. « L’Ouganda est reconnaissant envers la Chine, pour ses efforts en vue de moderniser notre secteur agricole », a dit Bucyanayandi, rappelant que l’amitié entre les deux pays précédait l’indépendance de l’Ouganda et qu’elle s’était depuis approfondie. Pour Alhaji M. Jallow, représentant de la FAO en Ouganda, la sécurité alimentaire est essentielle pour la stabilité et la croissance d’une nation. « Je remercie la Chine pour sa promotion de l’agriculture en Ouganda. Les connaissances apportées aux Ougandais par les experts agricoles chinois aideront énormément à assurer la sécurité alimentaire du pays », déclarait Jallow.
Pour Wu Zhiping, représentant des experts chinois, c’est une bonne chose que la Chine aide ses amis ougandais à développer leur agriculture en modernisant leurs techniques. « Nous sommes déterminés à bien faire notre travail, pour qu’une fois le projet terminé les Ougandais puissent produire davantage de nourriture grâce aux techniques modernes », explique Wu. Chen dit aimer son travail à Amuria, et est très fier de parler le dialecte local. Les experts chinois sont encouragés à apprendre les langues locales pour mieux pouvoir transmettre leurs connaissances aux agriculteurs ougandais. À la grande satisfaction de Chen, de plus en plus d’Ougandais pratiquent la rizipisciculture.
Sécurité alimentaire
Selon la FAO, les nouvelles technologies introduites par les experts chinois montrent rapidement des résultats. De meilleures récoltes et une augmentation des revenus des agriculteurs permettent d’accroître la coopération sino-ougandaise dans le secteur agricole. Par ailleurs, en aidant les fermiers, les formateurs chinois ont un impact sur les petites exploitations. Ces petites exploitations – pas plus de 5 hectares – représentent 94 % de la production agricole du pays. Philip Opolot est un de ces fermiers bénéficiant des enseignements des experts chinois, Chen est son professeur : « Grâce aux compétences que j’ai acquises avec Jack Chen, mon exploitation prospère. Je cultive du riz et élève des poissons. Ce qui me permet de bien nourrir ma famille et de vendre le surplus pour avoir de l’argent. La vie est beaucoup plus facile qu’avant. »
Selon la FAO, contrairement à d’autres pays ayant mis en place des projets de coopération Sud-Sud, la sécurité alimentaire en Ouganda est assurée, c’est-à-dire que la majorité de la population mange à sa faim et a une diète variée. Toutefois, face à la forte croissance démographique et au changement climatique, il est essentiel que les Ougandais soient formés à l’agro-industrie, pour pouvoir faire face à ces nouveaux défis.
(Reportage d’Ouganda)
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