2016-07-12 |
Le chinois prend racine en Ouganda |
par Godfrey Olukya | VOL.8 JUILLET 2016 |
Mots-clés: chinois; Ouganda |
De plus en plus de jeunes africains ayant appris le chinois se rendent en Chine à la recherche d’opportunités
Apolo Mabisi, un diplômé ougandais de 26 ans, a demandé à un ami chinois, un commerçant originaire de la ville orientale de Jinja, de lui apprendre le chinois. Il est sans emploi mais il estime que cela lui donnera davantage d’opportunités. « Je suis au chômage depuis plus de deux ans. J’apprends maintenant le chinois et je suis certain que je trouverai un emploi », dit-il avec confiance. Un grand nombre de sociétés et de commerces chinois dans le pays souhaitent employer du personnel qui parle un peu chinois. M. Mabisi n’est pas seul. De nombreux Ougandais apprennent maintenant le chinois pour élargir leurs horizons.
Contrairement à M. Mabisi, qui doit payer pour ses cours de chinois, les collégiens et lycéens ougandais peuvent l’apprendre gratuitement. Le gouvernement ougandais a annoncé l’an passé que le chinois serait inclus dans le programme des langues vivantes.
Pourquoi le chinois progresse-t-il si rapidement dans le pays ? Ces dernières années, des milliers d’hommes d’affaires et d’ingénieurs chinois travaillant pour les sociétés de construction se sont rendus en Ouganda et d’autres pays africains. Leur présence et leur influence est croissante sur les populations locales, notamment via la cuisine, la culture et la langue. Ken Okello, du ministère ougandais du Commerce, de l’Industrie et des Coopératives, estime que l’influence chinoise ne doit pas être sous-estimée. « De nombreux Chinois ouvrent des commerces en Ouganda, dans la capitale Kampala et d’autres villes. Ils gèrent des magasins, des supermarchés, des usines et des sociétés de transport. En plus, ils construisent des routes. »
Comme certains Chinois ne comprennent pas l’anglais, ils préfèrent employer des Ougandais qui parlent un peu leur langue. De plus, beaucoup de commerçants ougandais vont régulièrement en Chine pour s’approvisionner, notamment en textile, en matériaux de construction, en appareils électroniques et en jouets. « Les Ougandais qui vont faire du commerce avec la Chine veulent apprendre des notions de chinois pour parler avec leurs vendeurs chinois », précise M. Okello.
Simon Mujizi, du ministère ougandais de l’Éducation et des Sports, précise qu’il existe aussi une autre raison : les lycéens veulent poursuivre leurs études dans des universités chinoises. « Il y a des Ougandais qui étudient dans des universités chinoises. Beaucoup veulent s’y inscrire, mais ils doivent au préalable parler couramment le chinois. C’est la raison pour laquelle de nombreux jeunes étudient le chinois. »
Dans le cadre de ses initiatives pour renforcer les relations culturelles et commerciales bilatérales, le gouvernement chinois finance la formation de 100 enseignants ougandais du secondaire, qui ont été sélectionnés par les autorités ougandaises. « L’an passé, le Centre national pour développement du programme scolaire (CNDPS) a fait une proposition au gouvernement chinois pour obtenir une enveloppe de 30 milliards de shillings ougandais – 9 millions de dollars – afin de faciliter l’introduction du chinois dans le système éducatif ougandais, explique la directrice du CNDPS Grace Baguma. Et cela a été approuvé. » Elle précise que 20 formateurs chinois vont élaborer un programme de chinois et former les enseignants locaux pendant 9 mois. Ils seront affectés dans les établissements scolaires pour enseigner dès 2017. Près de 20 mille élèves devraient apprendre le chinois au cours de la première phase de ce programme.
Zhao Yali, ambassadeur de Chine en Ouganda, se réjouit de voir autant d’Ougandais afficher leur volonté d’apprendre le chinois. « La demande pour apprendre le chinois et comprendre la culture chinoise est inévitable avec le développement des relations entre la Chine et l’Ouganda et le nombre croissant d’Ougandais qui se rendent en visite ou étudient en Chine », explique-t-il. La ministre ougandaise de l’Éducation et des Sports Jessica Alupo est du même avis. « C’est fantastique que les Ougandais soient enthousiastes à l’égard du chinois. Je suis certaine que cela les aidera dans leur développement. »
En 2014, un Institut Confucius, fondé par le gouvernement chinois, a été établi à l’Université Makerere pour enseigner la langue et la culture chinoise. Oswald Ndoleriire, son directeur, est content du programme d’enseignement du chinois dans les établissements du secondaire. Le lycée de Luyanzi à Bweyogerere sera le premier à proposer le chinois à partir de cet été. Il a signé un mémorandum de compréhension avec l’Institut Confucius et l’établissement deviendra un centre de formation pour les enseignants de chinois en Ouganda.
Les élèves se montrent très enthousiastes. Monica Kalisa, du lycée Midland, explique de beaucoup d’élèves sont intéressés par le chinois. Une fois qu’ils auront un enseignant, ils s’inscriront. Richard Linga, professeur principal du lycée Nakalake, dans l’est de l’Ouganda, a été informé qu’un programme de chinois était en cours de préparation. Il dit encourager tous ses élèves à apprendre la langue. « Je serai disposé à ce que mon enfant apprenne le chinois. La Chine se développe à un rythme très rapide et le reste du monde l’envie », souligne Apolo Mujuzi, un commerçant de Kampala.
Un développement qui réjouit la communauté chinoise. Li Wei, un responsable de communauté de Kampala, y voit des avantages. « Cela va faciliter notre travail si nous le faisons avec ceux qui comprennent notre langue et que nous pouvons communiquer couramment avec eux. Nous remercions tous ceux qui ont rendu possible l’enseignement du chinois en Ouganda. »
D’après Tony Mugalya, du ministère ougandais de l’Éducation et des Sports, cent établissements bénéficieront initialement de ce programme, mais il en concernera davantage à l’avenir. « Plus les enseignants seront formés, plus nous allons étendre progressivement le programme. »
Daniel Olam, un expert du programme scolaire national, estime que bientôt, le chinois sera proposé à l’équivalent ougandais du baccalauréat. « Plusieurs langues vivantes sont déjà enseignées, comme l’anglais, le français, l’arabe, l’allemand et le latin. Le chinois sera aussi enseigné. ».
(Reportage d’Ouganda)
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