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Afrique
  2016-08-09
 

La mode ougandaise à la conquête du monde

par Godfrey Olukya | VOL. 8 septembre 2016
Mots-clés: mode ougandaise
Catherine Sawe avec un jeune modèle qui porte une de ses tenues colorées.

Agnes Nandawula, 30 ans, sirote une boisson gazeuse dans un restaurant de Kampala et regarde sa petite fille de deux ans qui joue tout près. L'enfant porte des vêtements aux couleurs vives. « J'ai acheté des vêtements d'enfant dans une boutique de Wandegeya, dans la banlieue de Kampala, il y a deux semaines. J'aime ce style car il est simple, mais très joli. C'est 100 % coton et confortable », précise la jeune maman à CHINAFRIQUE.

Sur l'étiquette, on peut lire « Sawe Baby Wear ». C'est une marque qui devient de plus en plus visible dans la capitale ougandaise et dans les autres villes du pays. Les vêtements sont faits en kitengi, comme on nomme ici le coton pur, et ils gagnent en popularité non seulement en raison de leur style unique, mais aussi parce qu'ils sont bon marché. Catherine Sawe a été inspirée par les succès du secteur artisanal chinois quand elle a créé Sawe Baby Wear. « Quand j'ai appris que la population locale en Chine s'était beaucoup développée grâce à la création des secteurs de l'artisanat, j'ai décidé de créer une activité génératrice de revenus à la maison », confie la jeune femme de 29 ans à CHINAFRIQUE.

Une idée lumineuse

Catherine Sawe a d'abord voulu prendre du plaisir. Son amie d'enfance était enceinte et il est de coutume en Ouganda d'organiser des fêtes prénatales et de donner des cadeaux aux futures mamans, comme du talc, du savon, des serviettes ou des chaussures. Catherine Sawe lui a offert un cadeau qu'elle a fait avec la machine à coudre familiale. « J'ai cherché un cadeau d'inspiration africaine, et je n'en ai trouvé aucun, alors j'ai fait moi-même des bottines, un bavoir et une tenue. Tous les invités, surtout celles qui allaient devenir mères, ont été subjuguées par mes cadeaux », se souvient-elle. Elle a rapidement reçu des commandes. « Après avoir fait des vêtements pour enfants pour les amies, je me suis rendu compte que je pouvais survivre en fabriquant ces tenues. »

Un parcours hors du commun

Catherine Sawe a étudié les beaux-arts à l'Université Makerere. Son diplôme en poche en 2013, elle a été tour à tour peintre, organisatrice de voyages et responsable d'une société de produits cosmétiques. En novembre 2015, elle a laissé tomber le salariat pour se mettre à son compte après son expérience heureuse dans la confection pour enfants. « En janvier 2016, j'ai commencé à faire des tenues pour enfants à la maison à temps plein. Quand le nombre des commandes a augmenté, j'ai employé un tailleur pour m'aider. » Deux mois plus tard, elle était submergée de commandes, a loué un local et employé davantage de personnel. Actuellement, elle emploie six tailleurs qui fabriquent les tenues, les coiffes, les bavoirs et les bottines. Comme elle est plutôt une femme de terrain, elle passe plus de temps à s'occuper du marketing et du contrôle de qualité.

L'aspect marketing est plus simple en raison des couleurs vives du kitengi. Les enfants sont en effet plus attirés par les couleurs vives que les couleurs ternes. « J'ai fait des études et appris sur le pouvoir des couleurs sur les enfants, l'aspect psychologique, notamment pour les vêtements », précise-t-elle. La marque propose aussi des vêtements pour les garçons, et des tenues de la naissance à 6 ans. Selon Sawe, si les enfants aiment les couleurs et la coupe des vêtements, ils aiment aussi le style des tenues, qui leur permet de ressembler à leurs parents.

Un autre jeune client satisfait, apprécie les vêtements de Catherine Sawe.

La production locale d'abord

Ce qui motive le plus Sawe dans son entreprise, c'est que l'Ouganda et l'Afrique obtienne une reconnaissance mondiale sur le plan des vêtements pour enfants. « Je ne suis pas heureuse de voir l'Ouganda et généralement, l'Afrique, copier les pays occidentaux. La plupart des vêtements que nous portons ici sont des modes qui ont été adoptées par l'Occident. C'est pourquoi j'utilise du kitengi quand je fais les vêtements pour enfants », explique-t-elle avec passion. Ce tissu provient initialement de la République démocratique du Congo, et de nombreux commerçants d'Afrique de l'Est s'y rendent pour en stocker. On voit surtout le kitengi dans les tenues traditionnelles lors des fêtes et autres réunions.

Sawe projette de faire de l'Ouganda un pays innovant dans les vêtements pour enfants et cela se remarque. Lors d'une interview récente qu'elle a accordée à la Télévision centrale de Chine (CCTV), elle s'est félicitée de ce succès. « Les affaires ont beaucoup progressé ces derniers mois, notamment après un reportage de la CCTV. J'ai reçu des appels du monde entier. J'exporte maintenant en Turquie, aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande, au Kenya et d'autres pays de l'Afrique de l'Est. » Elle exporte entre 300 et 500 tenues par mois, et ses ventes locales, notamment en ligne, dépassent les 600 tenues. Il en coûte 70 000 shillings ougandais pour une tenue (20 dollars), un prix que les clients trouvent correct.

Un avenir prometteur

Catherine Sawe envisage de créer davantage d'emplois, surtout pour les jeunes. Elle s'est associée avec une ONG locale, la Génération des laissées-pour-compte, qui enseigne la confection aux mères adolescentes qui ont quitté l'école. Une fois formées, elles peuvent être employées à temps plein.

Elle vise aussi le marché chinois. « Je voudrais exporter des vêtements pour enfants en Chine. Jusqu'à présent, je n'avais pas assez d'argent pour aller prospecter en Chine, mais j'espère pouvoir obtenir des commandes rapidement », avoue-t-elle. Elle doit cependant faire face à de nombreux défis, le plus important étant le manque de capitaux pour produire de plus grosses quantités et exporter en gros.

Catherine Sawe reste optimiste, car elle sert d'exemple pour les autres femmes africaines en leur montrant ce qu'elles peuvent occuper une place d'importance dans la société.

Exclusif CHINAFRIQUE

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