Bill Gates, le co-fondateur de Microsoft et philanthrope, explique comment l'Afrique peut bénéficier du dynamisme de sa jeunesse. Cet article est tiré des remarques formulées par Bill Gates lors de la 14e conférence annuelle Nelson Mandela à Pretoria le 17 juillet.

La première fois que j'ai parlé à Nelson Mandela, c'était en 1994, quand il m'a appelé pour me demander d'aider au financement de la première élection multiraciale d'Afrique du Sud. Ce n'est pas tous les jours que Nelson Mandela appelle, donc je m'en souviens bien. Je dirigeais Microsoft à cette époque et je pensais la plupart du temps aux logiciels. Mais j'admirais Nelson Mandela. Je savais que cette élection était historique et j'ai fait ce que j'ai pu pour apporter de l'aide.

J'avais été en Afrique pour la première fois l'année précédente, quand avec mon épouse Melinda, nous avions passé des vacances en Afrique de l'Est. Nous savions évidemment qu'il y avait des poches de grande pauvreté en Afrique, mais le fait d'être sur le continent a transformé quelque chose d'abstrait en injustices que nous ne pouvions plus ignorer.

Devant des inégalités aussi évidentes, nous avons commencé à réfléchir aux moyens d'utiliser nos ressources pour changer les choses. En quelques années, nous avons créé notre fondation. C'est à partir de ce moment-là que je me suis régulièrement rendu en Afrique pour la fondation et que j'ai personnellement connu Nelson Mandela. Il a été à la fois un conseiller et une source d'inspiration.

Un sujet qui est revenu sans cesse dans la vie de Nelson Mandela est le pouvoir de la jeunesse. Je suis d'accord avec Mandela sur les jeunes, et c'est une raison pour laquelle je suis optimiste quant à l'avenir de l'Afrique. Sur le plan démographique, l'Afrique est le plus jeune continent au monde, et sa jeunesse peut être la source d'un dynamisme spécial.

Les économistes parlent du dividende démographique et du potentiel de la population florissante des jeunes dans l'accélération de la croissance économique. Mais pour moi, ce qui est le plus important vis-à-vis des jeunes gens, c'est la façon dont leur esprit fonctionne. Les jeunes sont meilleurs que les vieux pour être des moteurs de l'innovation car ils ne sont pas enfermés dans les limites du passé. J'avais 19 ans quand j'ai créé Microsoft. Steve Jobs en avait 21 quand il a commencé avec Apple. Mark Zuckerberg avait 19 ans quand il a créé Facebook. Je suis donc inspiré par les jeunes entrepreneurs africains qui sont les moteurs du boom des startups dans les « Silicon Savannahs » de Johannesburg au Cap, de Lagos à Nairobi.

Si nous investissons dans ce qui est approprié, si nous nous assurons que les besoins élémentaires des jeunes Africains sont pris en charge, alors nous pouvons changer l'avenir, et la vie sur le continent s'améliorera plus rapidement que par le passé. Selon moi, quatre éléments vont déterminer l'avenir de l'Afrique : la santé et l'alimentation, l'éducation, les opportunités économiques et la bonne gouvernance.

Je suis particulièrement préoccupé par le VIH. Les plus jeunes en Afrique entrent maintenant dans un âge où ils sont les plus exposés au VIH. Nous devons faire encore davantage usage des méthodes de prévention contre le VIH que nous possédons, tout en développant de meilleures solutions, comme des vaccins efficaces et des médicaments plus faciles à utiliser, que les gens sont encore plus susceptibles de prendre de manière répétée.

L'alimentation est une autre priorité essentielle pour l'Afrique. La malnutrition et les déficiences en micronutriments privent des millions d'enfants du continent de leur potentiel physique et cognitif. Heureusement, il y a des solutions économiques, en s'assurant que les mères allaitent leurs enfants, que l'huile alimentaire, le sucre et la farine soient enrichis de minéraux et de vitamines essentiels et que la valeur nutritive des récoltes de base soit optimisée.

Deuxièmement, nous avons besoin de nouvelles manières de penser et de nouveaux outils pour garantir qu'une éducation de qualité soit mise à la disposition de chaque enfant. Les technologies de l'éducation qui utilisent des téléphones portables ont le potentiel d'aider les étudiants à acquérir des compétences de base tout en fournissant un meilleur feedback et un meilleur soutien aux enseignants, en appuyant sur une touche.

Troisièmement, nous devons créer des opportunités économiques pour canaliser l'énergie et les idées de la jeunesse africaine. Grâce au Programme de développement global de l'agriculture en Afrique, les pays ont un cadre pour transformer l'agriculture, la faire passer d'une lutte pour la survie à une opportunité commerciale prospère. Mais les investissements doivent suivre, pour que les jeunes Africains puissent avoir les moyens de créer l'agriculture prospère qu'ils envisagent.

L'Afrique a aussi besoin de davantage d'énergie électrique pour accroître la productivité. En Afrique de l'Est notamment, les gouvernements doivent investir le plus rapidement possible dans les sources d'énergie hydrothermales et géothermales, qui sont à la fois fiables et renouvelables.

Quatrièmement, les pays peuvent bénéficier de l'amélioration de leur gouvernance budgétaire. Les avancées dans les technologies numériques sont une modalité qui permet aux gouvernements de fournir des services de manière plus efficace.

L'avenir dépend des peuples d'Afrique, qui travaillent ensemble pour poser des fondations afin que les jeunes d'Afrique puissent bénéficier des opportunités qui leur reviennent. C'est l'avenir dont Nelson Mandela avait rêvé, et c'est l'avenir que la jeunesse d'Afrique mérite.

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