中文 ANGLAIS Beijing Information
Afrique
  2016-10-14
 

Monter dans la chaîne de valeur

par Walter Ruigu | VOL.8 octobre 2016
Mots-clés: entreprises africaines

Des panneaux solaires produits dans le Hebei, par Yingli Solar, un leader des technologies solaires en Chine

 

Lorsqu'en 2009, la Chine a dépassé l'Allemagne en tant que plus grand pays exportateur au monde, les dirigeants chinois se sont empressés de minimiser l'importance de cet événement en soulignant que les exportations allemandes étaient principalement composées de biens à plus forte valeur ajoutée. Cela indiquait clairement, que la Chine ne se contenterait pas d'exporter uniquement des grandes quantités de biens de faible valeur. Avec son économie domestique qui gagne en maturité et la concurrence internationale de plus en plus forte, « l'atelier du monde » ne peut plus se reposer uniquement sur la production de biens à faible valeur ajoutée.

Perfectionnement en cours

Alors que les critiques sur les produits chinois de mauvaise qualité continuent de jaser, certaines entreprises chinoises gravissent les échelons dans la chaîne de valeur de la production. Un fabricant d'équipements photovoltaïques hybrides de la province du Jiangsu illustre parfaitement cette tendance.

Fondée au début des années 1990 comme une joint-venture sino-allemande, l'entreprise a cherché à délocaliser en Chine les coûts de la production allemande. Dans cette entreprise, les équipements européens sont partout présents. Lorsqu'on leur demande pourquoi ils ont senti le besoin d'importer de l'étranger certains équipements – comme des ponts roulants – alors que les mêmes produits en Chine sont déjà au niveau des standards internationaux, les propriétaires de l'usine expliquent qu'il s'agit d'une « vieille usine ». Et en effet, à quelques dizaines de mètres dans une usine visiblement plus neuve, la plupart des équipements – dont les ponts roulants – sont chinois. La majeure partie des équipements avancés de haute technologie pour la production de cellules de silicium sont toujours importés d'Allemagne, mais la transition réalisée en deux décennies par les entreprises chinoises sur d'autres types d'équipements lourds est étonnante.

Le Tiepai ou marquage

Dans l'usine du Jiangsu, il existe encore deux types de produits : la « marque allemande » et la « marque chinoise ». Cependant, les deux produits sont tous deux fabriqués en Chine, dans la même usine, et en utilisant les mêmes procédés, les mêmes matériaux et les mêmes ingénieurs. Au final, ces équipements sont divisés entre ceux qui porteront le logo allemand et ceux qui porteront le logo chinois.

Le Tiepai – qui en chinois signifie littéralement « apposer un logo » – se base sur la production de produits pour différentes marques par des fabricants d'équipements d'origine (FEO). Dans l'entreprise du Jiangsu, les entreprises occidentales utilisent le marquage sur des produits chinois de haute qualité, pour exporter ceux-ci dans le monde entier. Le simple fait d'apposer un marquage « occidental » permet de multiplier le prix d'un produit.

La Chine est-elle prête à affronter la concurrence ?

La production ne se concentre plus uniquement sur la main d'œuvre bon marché. Les industries nécessitant beaucoup de main d'œuvre – notamment le textile – ont déjà été délocalisées ou le seront bientôt. La Chine doit donc être compétitive sur d'autres facteurs de production. L'entreprise mentionnée précédemment a par exemple implanté sa production de polysilicium dans la partie la plus occidentale de la Chine. Cela était dû, en partie, aux politiques incitatives du gouvernement visant à développer les parties centrales et occidentales du pays. Mais la raison économique principale était surtout la possibilité d'obtenir une électricité bon marché.

Au fil du temps, les entreprises comme celles-ci ont développé des produits destinés aux entreprises de haute technologie pour le Japon ou la République de Corée. Paradoxalement, adopter la technologie pourrait en réalité être un processus plus rapide que la construction d'une marque, qui reste un challenge important pour les entreprises chinoises. Pour que les entreprises fiables puissent se débarrasser du stéréotype faisant du « Made in China » un synonyme de bon marché et de mauvaise qualité, et qu'elles montrent au monde qu'il existe réellement des produits de bonne qualité [en Chine], il faudra du temps, ainsi que l'investissement des clients dans des audits préalables intensifs.

Made in China 2025

Le plus haut organe chinois de l'administration d'État – le Conseil des Affaires d'État – a développé le plan « Made in China 2025 ». Ce plan décennal vise à restructurer le secteur de la production et à mettre la Chine sur la voie pour devenir un leader mondial dans la production de produits de qualité à forte valeur ajoutée. Présenté par le Premier ministre, Li Keqiang, il s'agit du premier plan d'action se concentrant sur le soutien à la production. Le plan « Made in China 2025 » est similaire à l'« Industrie 4.0 » de l'Allemagne, une stratégie nationale visant à mettre en place une plus grande informatisation de la production. Le plan met la priorité sur dix secteurs clés, allant de l'énergie et des chemins de fer aux équipements médicaux et aérospatiaux. Les mises à niveau basées sur l'innovation et la production intelligente sont désormais en vogue dans la nouvelle marche de la Chine pour augmenter la valeur de la production. Les autres objectifs incluent l'intégration de l'information, la production verte et la promotion des marques chinoises.

La recherche et le développement (R&D) de la production chinoise compte actuellement pour près de 90 % de la dépense nationale en R&D, avec une croissance à deux chiffres sur la dernière décennie. Cette tendance se reflète également dans la composition des exportations chinoises sur la dernière décennie, qui indique un accent placé de plus en plus sur les produits et la technologie haut-de-gamme.

La Chine ne peut bien entendu pas se propulser devant l'Allemagne en dix ans, mais dans l'esprit chinois de planification, il y a l'ambition de devenir le premier fabricant du monde d'ici 2049 – juste à temps pour le centenaire de la République populaire de Chine.

Implications pour l'Afrique

Des opportunités d'approvisionnement par les fabricants chinois d'équipements d'origine (FEO) : les entreprises africaines doivent se familiariser avec l'origine de leurs produits, car les tiepai peuvent inutilement augmenter leurs charges financières. Différentes entreprises internationales ont dépensé du temps et de l'argent pour développer des fournisseurs et mettre en place des contrôles qualité internationalement reconnus. Mais certaines entreprises chinoises ont réalisé de grandes avancées et peuvent, dans la plupart des cas, exporter leurs propres marques qui proviennent des mêmes entreprises. Avec un travail de base et des audits préalables, les entreprises africaines peuvent bénéficier de cette tendance.

Repenser le « Made in China » : il y a eu l'exemple d'une entreprise, qui s'approvisionnait en Europe depuis des années. Tous les efforts pour la convaincre d'explorer les options de fabrication en Chine s'étaient révélés infructueux. C'est seulement lorsque la concurrence chinoise a commencé à s'attaquer à sa part de marché, qu'elle s'est finalement aventurée en Chine.

À sa plus grande surprise, elle s'est rendu compte que son fournisseur européen avait fait produire par des FEO pendant plus d'une décennie, tandis qu'elle avait payé entre trois et quatre fois le prix pour les mêmes produits !

Le « Made in China 2025 » et les exigences de développement de l'Afrique : dans son plan national de production, la Chine accorde une importance renouvelée sur l'amélioration des machines agricoles et des équipements médicaux. Dans le même temps, l'Afrique a un besoin important de se mécaniser. Le potentiel pour réduire les coûts dans l'agriculture, tout en augmentant les rendements, apparaît donc comme une opportunité.

D'autre part, la Chine a des vues sur le développement de dispositifs médicaux de haute performance, pouvant potentiellement réduire les coûts dans la santé. On a parfois entendu, qu'en Afrique « les Chinois construisent des hôpitaux, mais l'Inde fournit le personnel et les équipements ». Les fabricants chinois ont pour objectif de renverser ce phénomène, ce qui pourrait être une opportunité pour le secteur de la santé.

Les entreprises chinoises doivent affronter une bataille ardue pour développer leurs marques, d'une façon qui transformera la perception des produits chinois comme étant bon marché et de mauvaise qualité. Dans le même temps, les entreprises étrangères, qui tentent de limiter les coûts tout en fournissant des produits de qualité, feraient bien de chercher à comprendre le secteur en pleine mutation de la production manufacturière chinoise et de recalibrer les points de vue de leurs responsables des achats sur la Chine comme un choix potentiel pour leurs approvisionnements.

(Walter Ruigu est le directeur général du groupe CAMAL, une entreprise de conseil commercial et en investissement basée à Beijing, Nairobi et Lusaka.)

 

Exclusif CHINAFRIQUE

Imprimer
Lire aussi:
Liens: french.china.org.cn   |   LA CHINE AU PRÉSENT   |   La Chine Pictorial   |   Xinhuanet   |   Le Quotidien du Peuple   |   CCTVfr
Radio Chine Internationale   |   Réseau sur la coopération sino-africaine
24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine
Copyright CHINAFRIQUE tous droits réservés 京ICP备08005356号
PARTAGER
Facebook
Twitter
Weibo