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Afrique
  2016-10-14
 

Chine-Tunisie : quel partenariat ?

par Hichem Karoui | VOL.8 octobre 2016
Mots-clés: Chine -Tunisie

 

La Conférence internationale sur l'investissement qui se tiendra à Tunis les 29 et 30 novembre 2016 marquera la fin de la campagne pour la promotion du programme quinquennal 2016-2020 du gouvernement tunisien. Ce programme vise à donner un élan à l'investissement public et privé, de l'ordre de 9 %, pour atteindre 24 % de la proportion du PIB en 2020 par rapport aux 19,4 % de 2015. Ceci devrait permettre de réduire de trois points le chômage par la création de 400 000 emplois, et d'injecter près de 60 milliards de dollars dans l'économie nationale au cours des cinq prochaines années. Toutefois, la Tunisie devra faire des choix.

Priorité à la jeunesse

La jeunesse tunisienne est la première victime du marasme économique. Des jeunes, dont la plupart sont diplômés des universités, qui n'ont pas beaucoup d'opportunités professionnelles. Si on ne les aide pas à trouver du travail dans leur pays en injectant des investissements importants dans l'économie tunisienne, que feront-ils pour survivre ? Les amis de la Tunisie – dont la Chine – pourraient certainement aider de deux façons : la première est d'assister les Tunisiens à construire les bases du développement durable. Pour asseoir son économie sur ces bases, la Tunisie doit viser le développement synchronisé des trois secteurs essentiels : l'agriculture (longtemps négligée, alors que le pays recèle de terrains les plus favorables) ; l'industrie (le pays est resté complètement en marge de ce secteur, faute d'investissements) ; et les services (le tourisme, jadis florissant, a été la plus grande victime du terrorisme, qui a fait irruption juste après la révolution ; mais le tourisme n'est qu'un élément de ce secteur). Aujourd'hui, la Tunisie est un véritable chantier social, économique, politique et culturel. Tout reste à construire ou à reconstruire. Il faudrait investir, pour développer et moderniser l'agriculture, diversifier la production, booster l'exportation, construire des usines, rénover les infrastructures et en construire de nouvelles.

Ce sont-là des projets qui créent des emplois. Mais tout cela coûte beaucoup d'argent. Même en s'endettant à la Banque mondiale pendant 30 ans, la Tunisie ne pourra pas y arriver sans l'aide de ses amis. D'ailleurs, pourquoi se tourner vers la Banque mondiale et le FMI, alors que ce sont des pays qui prêtent à ces deux institutions ? Pourquoi ne pas plutôt se tourner vers ces pays et leur présenter des projets qui leur rapporteront autant, sinon plus, que leurs investissements dans d'autres pays ? La Tunisie pourrait offrir des termes encourageants aux investisseurs étrangers, en commençant par alléger un peu plus son appareil bureaucratique et ouvrir son économie jugée encore « non libre » par l'Indice de liberté économique. La Tunisie est à la 11e place de ce classement en 2016, sur 14 pays de la région Moyen-Orient/Afrique du Nord (114e au niveau mondial). Sa seule consolation est que trois grands pays comme l'Egypte, l'Algérie, et l'Iran viennent se classer derrière elle successivement (12e, 13e, et 14e). Mais c'est une piètre consolation quand on voit que le Bahreïn, avec presque autant de pétrole que la Tunisie, vient se classer 1er de la région.

Coopération économique

Une des premières choses à faire ne serait-elle pas de créer, peut être avec l'aide de la Chine, une zone de libre-échange ? Nous savons déjà qu'en 2008, Chinois et Tunisiens ont commencé des négociations pour un traité de libre-échange. Apparemment, elles n'ont pas abouti. On pourrait aussi négocier un ou plusieurs partenariats dans des projets communs, garantissant des gains et du travail pour les entreprises des deux pays. Et pourquoi pas des entreprises communes ?

On parle partout en Tunisie des marchands qui vendent des produits chinois. En même temps, il y a un déséquilibre commercial entre la Chine et la Tunisie, et malgré le déficit de la Tunisie avec la Chine en baisse, l'écart est encore assez grand. L'ex-ministre du Commerce tunisien, Mohsen Hassen a souligné la nécessité de revoir la politique commerciale avec la Chine. Pour contrôler ce problème, les autorités tunisiennes devraient mieux superviser les flux de marchandises qui partent dans les deux sens, mais finissent en Tunisie sur le marché noir, faisant perdre des fonds à l'État tunisien.

D'autre part, si les marchandises chinoises sont compétitives en comparaison avec celles produites par exemple dans des pays occidentaux, c'est parce qu'elles coûtent moins cher au producteur ; donc, finissent par intéresser le consommateur tunisien dont le salaire moyen n'est pas mirobolant. Une des idées les plus positives pour réduire ce problème à des dimensions raisonnables, est d'ouvrir un marché chinois dans de grandes villes tunisiennes. Cela existe un peu partout dans le monde. Pourquoi ne pas commencer par-là ?

Un partenariat renforcé

Lors de sa visite à Tunis les 13 et 14 mai 2016, Wang Yi, ministre chinois des Affaires étrangères, a parlé de « la nécessité d'instaurer des moyens importants propices au renforcement des relations bilatérales entre les deux pays dans les domaines du développement économique et de l'investissement », en mettant l'accent sur le « rôle important que joue la Tunisie dans le monde arabe et africain ». Le chef de la diplomatie chinoise a réitéré la disposition de Beijing à accroître les capacités de la Tunisie en matière de lutte antiterroriste et à consolider la coopération bilatérale notamment en ce qui concerne les questions régionales et internationales. De son côté, le président tunisien a rappelé que la Chine contribue positivement au processus de développement économique de la Tunisie et a fait part de son ambition d'élever la Tunisie au rang de partenaire économique de la Chine.

On a alors parlé d'un accompagnement chinois des projets qui seront réalisés en Tunisie dans le cadre du plan quinquennal de développement 2016-2020 et du financement de cinq projets dans le secteur de la santé. Un accord de coopération économique et technique a été signé entre les deux pays. En vertu de cet accord, la Chine accordera à la Tunisie un don d'une valeur de 14,1millions de dollars destiné à la construction d'un hôpital universitaire dans la ville côtière de Sfax. Les travaux devraient démarrer en octobre prochain.

Aujourd'hui, on a envie de dire que la Grande Muraille de Chine existe depuis des siècles. Si on ne se donne pas la peine de la grimper, on ne verra jamais la splendeur du paysage, et on ne saura jamais mesurer les efforts nécessaires pour la bâtir. De même, la Chine moderne, avec son fabuleux PIB qui continue à résister aux conjectures et son économie toujours en expansion, malgré le ralentissement de la croissance, ne s'est pas faite en un jour ni sans efforts. Les Tunisiens se décideront-ils à grimper la muraille de Chine ?

(L'auteur est spécialiste en relations internationales.)

 

Exclusif CHINAFRIQUE

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