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Afrique
  2016-11-02
 

Une histoire humaine captivante

par les critiques | VOL.8 novembre 2016
Mots-clés: film; 93 Jours

 

En juillet 2014, le Nigéria a connu un réel cauchemar, lorsqu'un diplomate américano-libérien arrive à Lagos, tombe violemment malade à l'aéroport et meurt cinq jours plus tard dans un hôpital de la ville. Le diagnostic indique qu'il était atteint du virus Ebola. Par la suite, quatre membres du personnel hospitalier qui s'étaient occupé de lui sont également morts à cause du virus, déclenchant une panique généralisée. Le Nigéria est parvenu à maîtriser la maladie, grâce à l'héroïsme de personnes ordinaires. Aujourd'hui, les souvenirs de ces trois mois de terreur, de désolation et de courage sont présentés dans 93 Jours, le dernier film du réalisateur nigérian Steve Gukas. Au Nigéria, les projections ont débuté sous les éloges en septembre, à la suite de son avant-première lors du Festival du film international de Toronto. Au mois d'octobre, 93 Jours fut projeté lors du 52e Festival du film international de Chicago et Chicago Mag l'a décrit comme étant l'un des « cinq films à voir » du festival. Entre deux engagements pour des projections de son film, CHINAFRIQUE est parvenu à interviewer le réalisateur de 51 ans pour lui demander pourquoi il avait voulu raconter cette histoire.

CHINAFRIQUE : Qu'est-ce qui vous a décidé à réaliser 93 Jours, étant donné son sujet « non-nollywoodesque » [Ndt : « Nollywood » est un mot-valise désignant l'importante industrie du cinéma nigérian] ?

Steve Gukas : J'ai été attiré par l'histoire de 93 Jours, car pour moi, elle montre le pouvoir de la collaboration et célèbre ce qu'il y a de meilleur dans l'humanité : lorsque les gens relèvent un défi dans une question de vie ou de mort et sont prêts à payer le prix ultime pour sauver d'autres êtres humains. Je suis toujours curieux de ce qui fait courir les héros vers le danger, lorsque la plupart des gens s'enfuient en courant. 93 Jours est une histoire de notre interconnexion : comment quelque chose, qui arrive dans un village reculé de Guinée [où Ebola est apparu pour la première fois], peut avoir des implications pour la sécurité vitale dans des endroits aussi éloignés que les États-Unis, la Chine, Glasgow [au Royaume-Uni] et, en fin de compte, partout dans le monde.

Donc, même si le sujet de 93 Jours est « non-nollywoodesque », je pense qu'il présente un attrait pour le Nigéria, mais aussi pour le monde entier, car il célèbre notre humanité partagée et l'interconnexion dans le monde.

Comment les audiences ont-elles réagi à votre film ?

Nous avons tout d'abord fait une projection privée à Lagos et la réponse fut extraordinaire. Il y avait là des personnes, qui avaient vécu cette épidémie. Certaines d'entre elles étaient des personnages du film et, en tant que tels, nous nous attendions à une audience très critique, mais ils ont adoré. Certains d'entre eux étaient tellement émus par l'expérience du film, qu'il leur a fallu un long moment pour se reprendre après l'avoir vu.

Ensuite, nous l'avons projeté au Département de la santé des États-Unis à Washington. Parmi les spectateurs, nous avions des membres du Département de la santé, des Centres de contrôle et de prévention des maladies, de l'Organisation mondiale de la santé, ainsi que le survivant d'Ebola Kent Brantly [le docteur texan qui contracta le virus, alors qu'il travaillait au Libéria] et le docteur David Brett-Major, une autorité en la matière. Beaucoup d'autres membres de la communauté de la santé publique aux États-Unis ont également participé à cette projection et là encore, nous nous attendions à ce que cette audience soit très critique. Mais lorsque le film s'est achevé, tout le monde avait la larme à l'œil dans la salle. La réception du film fut fantastique.

Puis, nous sommes allés le projeter en avant-première mondiale au Festival du film international de Toronto et la réception a été incroyable. Le film a été couvert d'éloges. Pour l'avant-première au Nigéria, il y avait plus de 8 000 spectateurs présents. Le film fut ensuite projeté dans les salles de cinéma nigérianes et remporta les éloges des critiques.

93 Jours a-t-il été tourné ?

Le film a été tourné sur place à Lagos, entre 2014 et 2015. Nous avons filmé dans les lieux où l'épidémie s'était réellement déclarée. Nous avons tourné au First Consultant Hospital d'Obalende, à Lagos. Il s'agit du lieu où Patrick Sawyer, le patient de référence, avait été emmené depuis l'aéroport. En fait, nous avons même filmé la chambre dans laquelle il a été admis.

Nous avons tourné au Centre médical Yaba, où les personnes atteintes ou suspectées d'être atteintes par Ebola étaient placées en quarantaine. Nous avons utilisé les vraies salles. Une autre chose, dont je suis fier, est que nous avons pu faire ce film avec les vrais conducteurs d'ambulance, qui transportaient les patients vers l'hôpital. Tout cela donne au film un niveau d'authenticité, que nous n'aurions jamais pu obtenir autrement.

Par le passé, les histoires africaines étaient racontées par des non-Africains. Quelle est la différence entre une histoire africaine racontée par une voix africaine et une histoire africaine racontée par une voix étrangère ?

Je pense qu'il y a une authenticité dont l'histoire bénéficie, lorsqu'elle est racontée par une personne qui en a fait l'expérience ou partage une base de référence, qui rend pour elle cette expérience commune. Il y a une manière de prendre possession de la narration, qui ne sera pas tout à fait égalée par une voix étrangère ou un œil étranger.

Le personnel du First Consultant Hospital fut invité à participer à l'avant-première. Quelle était la raison à cela ? Comment ont-ils réagi ?

Le patient de référence avait été emmené au First Consultant Hospital, qui est également l'hôpital qui a perdu le plus de personnes [dans cette épidémie] et qui, selon moi, a payé le prix le plus fort dans la lutte contre Ebola au Nigéria. Je voulais voir comment ils allaient réagir à la narration de ce qui est essentiellement leur histoire.

Ils ont été pris par le film. La plupart l'ont encensé pour son authenticité et la grande majorité s'est effondrée. Je pense que pour la plupart d'entre eux, regarder ce film leur a fait revivre cette épidémie. Ils ont vu des collègues qu'ils ont perdus, et réalisé qu'ils étaient eux-mêmes passés à peu de chose de la mort.

Vous vous êtes également engagé pour raconter l'histoire d'autres pays africains, avec le film Where Others Wavered – qui se base sur la vie de Sam Nujomo, l'activiste anti-apartheid qui est également devenu le premier Président de Namibie – ainsi que Namibia. Pourquoi un tel intérêt pour la Namibie ?

J'ai toujours cru dans le fait de raconter des histoires africaines puissantes et la lutte de la Namibie pour sa libération rentre parfaitement dans cette catégorie. Là encore, il s'agit de l'histoire de personnes ordinaires, qui se retrouvent à faire des choses extraordinaires face à un grand danger. Cela représente un trait et un esprit africains forts, qui ne sont jamais vraiment reconnus.

Quel sujet abordera votre prochain film ? Certaines personnes disent, que vous devriez faire un film sur les lycéennes de Chibok, qui ont été enlevées par Boko Haram au Nigéria, surtout depuis que certaines d'entre elles ont récemment été relâchées.

Pour l'instant, je ne sais pas encore sur quoi se basera mon prochain projet. Je m'occupe de cela moi-même. Il y a deux ou trois choses en attente, mais rien de défini pour l'instant. En ce qui concerne les lycéennes de Chibok, ce serait un grand honneur de raconter leur histoire. Mais pour le moment, celle-ci continue de se dérouler… nous verrons.

 

Exclusif CHINAFRIQUE

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