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Afrique
  2016-12-01
 

Les guerriers de la pauvreté

par Kamailoudini Tagba | VOL. 8 Décembre 2016
Mots-clés: entrepreneurs; ONG nigériane
Lors d’un forum à Lagos, au Nigéria, 1 000 nouveaux participants au PETE ont été annoncés, le 28 et 29 octobre 2016.

 

En allant à l'université pour étudier le développement international et l'histoire, Momarr Mass Taal voulait faire comme son père, un diplomate. Il s'est rapidement aperçu qu'il n'avait pas la vocation. « J'étudiais le développement et j'ai vu que ce qui manquait en Afrique, c'était la valeur ajoutée. Il y a un fossé entre l'agriculture et les produits finis », selon ce Gambien de 28 ans, qui y a vu une opportunité.

Il avait déjà de l'expérience dans ce domaine, s'étant essayé à la transformation de la mangue à 17 ans. Il avait acheté les machines avec un financement de la Banque mondiale. En 2014, il s'est lancé et a créé Tropingo Foods, qui transforme et exporte des mangues et de l'arachide. Il était cependant trop jeune et les banques ne le prenaient pas au sérieux. L'an passé, il a finalement franchi un cap grâce à un capital de départ de 5 000 dollars de la fondation Tony Elumelu au Nigéria. La société réalise aujourd'hui un chiffre d'affaires de 1,2 million de dollars et est le numéro un gambien de l'exportation d'arachide. Taal y voit une chance pour les entrepreneurs africains et reconnaît qu'il a eu le « bon mentor qui a cru au projet ».

Le phénomène Tony Elumelu

Ce mentor, c'est le philanthrope et économiste nigérian Tony Elumelu, un banquier de 53 ans que Forbes décrit comme l'une des 20 personnes les plus puissantes d'Afrique. Il est président de plusieurs sociétés dans son pays. Depuis deux ans, il est devenu le mentor de très nombreux jeunes entrepreneurs africains.

En 2014, la Fondation Tony Elumelu qu'il a créée pour encourager l'entreprenariat et développer le secteur privé a lancé le Programme d'entreprenariat Tony Elumelu (PETE). Avec son fonds de 100 millions de dollars, il veut favoriser l'émergence de 10 000 entrepreneurs en dix ans qui créeront un million d'emplois et généreront 10 milliards de dollars.

L'Afrique compte la plus jeune population mondiale, la tranche des 15-24 ans atteignant 226 millions en 2015. Les Nations unies estiment que d'ici à 2030, ce chiffre augmentera de 42 %. Mais le taux de chômage y est aussi le plus important. Selon l'Organisation mondiale du travail en 2015, il atteignait 30,5 % en Afrique du Nord. Les gouvernements ont été incapables de fournir des emplois aux millions de jeunes diplômés d'une multitude d'universités publiques et privées, entraînant des troubles sociaux et l'adhésion de nombreux chômeurs aux organisations terroristes comme Boko Haram au Nigéria et al-Qaïda au Maghreb. Des milliers d'entre eux sont morts en tentant de franchir la Méditerranée pour une vie meilleure.

Le secteur privé a donc une grande responsabilité dans la création d'emplois et la réduction de la pauvreté. « Le gouvernement seul ne peut créer des emplois. Le secteur privé doit jouer un rôle, et pour cela, il doit y avoir un environnement favorable », avait expliqué Elumelu au Forum économique mondial de Davos en janvier.

Le PETE a donc sélectionné un millier d'entrepreneurs sur 20 000 candidats de 51 pays africains, leur donnant 5 000 dollars en capital de base pour développer leur affaire. On leur a aussi promis le double sous forme de prêt ou de participation s'ils le souhaitaient et répondaient aux critères requis. Cette année, la fondation a renouvelé cette initiative et une nouvelle sélection d'« entrepreneurs Tony » sur 45 000 candidats de 54 pays d'Afrique a été annoncée à Lagos lors d'un forum les 28 et 29 octobre : 228 d'entre eux sont dans l'agriculture, 93 dans la fabrication, 79 dans l'éducation et la formation, 77 dans les technologies de l'information et 76 dans le commerce. Au total, 591 viennent du Nigéria, 75 du Kenya et 64 de l'Ouganda. On compte 68 % d'hommes.

Rencontre avec les lauréats

Alwaleed Abdeen se décrit comme un homme qui a tout à faire. Ce Soudanais au sourire charmeur de 27 ans fait partie des lauréats de 2016. Il a créé Ya Zool Events, une organisation en ligne qui s'appuie sur les réseaux sociaux, ainsi que le réseau Ya Zool for9a. L'objectif est d'aider les jeunes Soudanais en leur fournissant des informations sur les formations, les offres d'emplois et les événements professionnels, et de stimuler l'innovation. « Mon ambition est de fournir un emploi à un million de Soudanais en dix ans », explique-t-il.

Le projet d'Oguitsi Odora est diffèrent. Cette Nigériane gère Excel Peez, qui produit du popcorn. Cette jeune femme de 23 ans veut que le Nigéria adopte le popcorn. « Je veux être la référence dans le popcorn au Nigéria, et que quand vous pensiez popcorn, vous pensez Excel Peez. »

Aimee Ishimwe, originaire du Burundi, est une autre femme entrepreneur qui réussit. À 28 ans, elle dirige Ish'Tri, qui recycle des déchets organiques pour en faire des engrais naturels, et ainsi remplacer les engrais chimiques qui nuisent au sol et à la santé. Elle souhaite que sa société devienne numéro un dans ce secteur au Burundi, aussi bien dans le recyclage que dans la production et l'exportation d'engrais naturels.

Lors du forum, Elumelu s'est montré optimiste. « Je vous salue, a-t-il déclaré. Notre ambition est que vous deveniez des ambassadeurs de l'entreprenariat en Afrique. Vous êtes une génération de créateurs de richesse, vous partagez notre engagement dans la transformation économique et sociale de l'Afrique. Nous donnons pour rendre autonome et briser le cercle de la dépendance. L'entreprenariat est la seule voie vers l'indépendance et la durabilité. » De nombreux lauréats de 2015 étaient présents pour inspirer les nouveaux venus.

Mathius Lawson, du Bénin, est président fondateur de BeninLogis.com, une plate-forme en ligne qui permet à ceux qui veulent louer ou acheter un bien immobilier de le localiser. Ce développeur web de 31 ans a créé cette société car il a été victime des agents immobiliers qui traînaient les pieds alors qu'il avait un besoin urgent d'appartement. « Je suis un développeur web, a-t-il alors pensé. Pourquoi ne pas trouver une solution pour éviter cette mésaventure à d'autres ? » Le capital de départ a été fourni par le PETE qui lui a permis de se développer en Afrique et au-delà.

Le Président de la Sierra Leone Ernest Bai Koroma était présent au terme de ce forum. Il a appelé les Africains à prendre ce programme pour exemple. « Ce qui est unique, c'est que ce programme offre non seulement une plate-forme pour établir des connexions entre les entrepreneurs, mais on leur apprend aussi à développer leur affaire d'une manière durable, a-t-il souligné. Les autres philanthropes devraient s'en inspirer et encourager cette philosophie. »

« Nous sommes l'avenir, a conclu Taal, parlant des jeunes entrepreneurs africains, soulignant la nécessité de réseauter et d'apprendre les uns des autres. Ce sont des Africains qui ont les mêmes problèmes que nous. S'ils peuvent réussir, nous le pouvons aussi. »

(Reportage du Nigéria.)

 

Exclusif CHINAFRIQUE

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