2016-12-16 |
Transformer l'Afrique |
VOL. 8 Décembre 2016 |
Mots-clés: les énergies renouvelables |
L'Initiative de l'Afrique sur les énergies renouvelables (IAER), lancée en 2015 par l'Union africaine (UA), est un effort dirigé par l'Afrique pour contrôler l'énorme potentiel des énergies renouvelables du continent. Dans le cadre de cette initiative, la Guinée cherche à devenir le premier fournisseur d'énergies renouvelables en Afrique de l'Ouest, avec une capacité potentielle de plus de 6 000 mégawatts. Pour atteindre cet objectif, le pays a besoin de partenaires fiables, tels que la Chine, qui a prouvé son engagement pour le développement des énergies vertes sur le continent africain. En préparation de la 22e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP22), à Marrakech, au Maroc, Paulo Gomes, conseiller spécial du Président guinéen Alpha Condé, s'est entretenu avec Liu Jian, journaliste de CHINAFRIQUE à Beijing. Dans cet entretien, il explique comment la coopération sino-africaine pour les énergies renouvelables peut aider à transformer le continent.
CHINAFRIQUE : Pensez-vous que les énergies renouvelables peuvent aider la Guinée et les pays ouest-africains à mieux faire face à certains de leurs problèmes de développement ?
Paulo Gomes : Oui, absolument. L'énergie est indispensable pour la croissance. Le FMI [Fonds monétaire international] prévoit une croissance de 5 % pour la Guinée cette année, malgré l'impact de l'épidémie d'Ebola l'année dernière. Et je pense que cette croissance, dans une large mesure, a été possible grâce aux investissements dans les énergies renouvelables, avec la construction du barrage de Kaleta, en partie financé grâce à un prêt de la Chine. L'impact de l'énergie est donc visible dans plusieurs secteurs. Pas uniquement dans le secteur minier et l'agro-industrie, mais également pour la femme qui cuisine pour sa famille à Conakry, pour qui l'accès à de l'énergie bon marché est essentiel. L'impact sur le développement, mais aussi sur les femmes et les familles, est énorme, et nous pensons que c'est le point de départ pour la transformation de l'Afrique.
Quelles sont vos attentes pour la coopération sino-africaine dans les énergies renouvelables, à long-terme ?
Je pense que les investissements des compagnies chinoises dans l'énergie solaire ont permis à de nombreux pays africains d'accéder à de l'énergie solaire à bas coût. Lors de la COP22, un accord doit être signé à Marrakech entre la Chine et l'Afrique en ce qui concerne les énergies renouvelables. Je pense que si l'Afrique parvient à vraiment se lancer dans les énergies renouvelables, le monde entier pourra en bénéficier. Comme vous le savez, la population d'Afrique va croître dans les prochaines décennies, et si le continent commence à polluer autant que le reste du monde l'a fait jusqu'à maintenant, l'impact sur la planète sera colossal. Cette réalité a un coût pour l'Afrique, puisque nous pourrions nous développer beaucoup plus rapidement si nous utilisions aussi des énergies fossiles pour l'industrie, mais l'Afrique s'est engagée à mener une industrialisation verte. C'est difficile, c'est coûteux, mais je pense que c'est un prix que l'Afrique est prête à payer en partenariats, et la technologie et le savoir-faire de la Chine seront très utiles dans ce processus.
L'un des objectifs de l'IAER est de mettre en place des capacités en énergies renouvelables à grande échelle en Afrique d'ici 2020. Où en est-on ?
Comme vous le savez, l'initiative a été totalement soutenue par l'UA. Le Président Alpha Condé, désormais coordinateur de cette initiative, madame [Nkosazana Dlamini]-Zuma, à la tête de l'UA, et monsieur Adesina, président de la Banque africaine de développement, se rencontreront très bientôt pour leur première réunion, dans l'objectif de mettre en œuvre l'initiative d'ici la fin de l'année. À ce moment-là, nous pourrons commencer à collecter les ressources nécessaires pour accélérer les principaux projets régionaux dans le secteur des énergies renouvelables. Il y a eu beaucoup de discours et de conférences, mais il est temps de se lancer et d'exécuter certains des projets, et il y a de très bons projets en Afrique de l'Ouest.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples de projets soutenus par l'IAER, et d'où viendront les fonds nécessaires pour les mener à bien avant 2020 ?
Il y a par exemple le Sambagalou [centrale d'énergie hydro-électrique au Sénégal], en Afrique de l'Ouest, qui aura un impact positif sur la production et l'approvisionnement d'énergies renouvelables pour quelques pays, ainsi que des effets positifs sur l'agriculture. L'initiative se concentrera sur le financement de certains projets, en offrant des garanties et renforçant la préparation pour qu'ils puissent avoir un plus grand impact sur le plan régional. Nous espérons que l'initiative sera active et rapide dans son financement des projets. Je ne pense pas qu'elle sera capable de tout financer, car certains des projets requièrent d'importants investissements, mais la Chine a accepté de soutenir l'initiative, en fournissant des garanties et en facilitant la préparation des projets. Ce sera discuté en décembre, après la COP22 de Marrakech.
Quelle est la nature et les bénéfices de la coopé-ration entre l'IAER et l'industrie chinoise des énergies renouvelables ?
L'IAER signera un protocole d'entente [avec le Centre international de coopération des associations d'énergies renouvelables de Chine], pour pouvoir bientôt établir l'Alliance Chine-Afrique des industries des énergies renouvelables (ACAIER). Cette alliance est constituée de membres éminents. Je pense qu'en décembre nous aurons une idée plus claire de la nature de cette relation.
L'un des bénéfices [de cette coopération] sera l'augmentation de la capacité et du potentiel d'un pays comme la Guinée, à 6 000 mégawatts. Nous avons besoin d'un peu de financement, et il y a des opportunités pour la construction de six ou sept barrages. [Un autre des bénéfices] est le passage vers la mise en œuvre des projets, sans perdre trop de temps dans la préparation, pour pouvoir accélérer le processus devant mener à la primauté des énergies renouvelables en Afrique d'ici 2020.
Que peut apporter l'ACAIER à la Guinée ?
[Tout d'abord il y a le] capital, parce que la Chine s'est engagée à fournir les ressources pour financer ces projets, que ce soit par des capitaux propres ou des prêts. [Deuxièmement], un accès rapide aux technologies. Nous avons également été très surpris de constater la quantité d'acteurs [en Chine] dans l'industrie solaire, il y en a de très importants, des compagnies comme [State Grid Corp. of China], qui est membre de l'alliance. Comme vous le savez, la distribution est très importante, il ne suffit pas de produire l'énergie, mais il est également essentiel d'être capable de la distribuer, même dans les zones rurales. Alors la question du réseau, et d'un réseau intelligent, sera très importante en Afrique dans les années à venir.
Qu'est-ce qui a fait de la Chine le meilleur partenaire pour ces projets ?
Je pense que c'est la fiabilité, la promptitude, et l'engagement de la Chine. Ce sont des qualités que vous retrouvez assez rapidement lorsque vous avez affaire à des partenaires chinois. Parfois, ce type de réformes ou d'engagements autour des questions climatiques font également partie des programmes, il faut donc un partenaire qui comprendra et aura les moyens d'aller rapidement et de vous soutenir. Les investissements que l'Afrique peut obtenir de la Chine seront essentiels pour que le continent se lance pleinement dans les énergies renouvelables. Il faudra négocier, et les Chinois sont de fermes négociateurs, mais je pense que c'est un partenaire sur lequel on peut compter pour maintenir l'élan du secteur.
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