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Afrique
  2017-08-01
 

Sortir de la spirale

par Gitonga Njeru | VOL.9 AOÛT 2017
Mots-clés: Kenya
Les chiens renifleurs sont largement utilisés dans les campagnes anti-drogue en Chine.

John Mugenda, un Kenyan de 44 ans, est toxicomane et alcoolique depuis 22 ans. Il a besoin de sa dose quotidienne de cocaïne, de marijuana et d'héroïne. Pour survivre, il a dû prendre des mesures drastiques. « J'ai vendu la propriété héritée de mon père pour 8 millions de dollars. J'avais tellement d'amis parce que j'étais riche... » Il n'a cependant pas pu faire face à cette manne et s'est tourné vers la drogue. Une fois les fonds épuisés, il est devenu si pauvre qu'il agressait les gens pour payer sa drogue.

Aujourd'hui, M. Mugenda s'en est sorti et a même un emploi régulier, grâce à New Life Home, un centre de réhabilitation à Nairobi financé avec des fonds chinois.

Une toxicomanie endémique

Le Kenya compte plus de 4,3 millions de toxicomanes qui ont besoin d'un traitement. La Chine a investi plus de 400 millions de dollars pour construire 40 centres de désintoxication additionnels dans le pays. Des chiffres fournis par l'Autorité nationale du Kenya pour la campagne contre l'alcoolisme et la toxicomanie (NACADA), une agence gouvernementale. Leur construction devrait d'ailleurs débuter en août.

D'après son président Julius Githiri, la situation est désastreuse, notamment sur le littoral du pays. « Les moins de 35 ans sont les plus touchés », remarque-t-il. « Les drogues les plus utilisées sont l'héroïne, la cocaïne, la morphine et l'opium, tout comme l'alcool de contrebande. »

Le Kenya est miné par ce fléau, comme d'autres pays d'Afrique de l'Ouest, à l'image de la Guinée équatoriale, le Sénégal, le Ghana, le Nigéria, le Mali et la Côte-d'Ivoire. Selon La NACADA, le Kenya est toutefois davantage un haut-lieu du trafic de drogue qu'un pays consommateur en raison de sa localisation, même si la consommation de stupéfiants est en hausse.

D'après le professeur Germano Mwabu, un économiste de la Banque mondiale, la consommation de drogue fait perdre 11,8 milliards de dollars par an à l'économie kenyane. « Ce n'est pas rien, c'est sérieux. Cet argent pourrait aller dans la création d'emplois. Il est simplement gaspillé. Ce sont des bénéfices d'exploitation perdus, sans parler de chiffre d'affaires. »

La surveillance du trafic de drogue est aussi problématique. D'après le sergent John Omondi, porte-parole d'une unité antidrogue à l'aéroport international Jomo Kenyatta, la situation est catastrophique, avec en mo-

yenne une centaine d'arrestations par mois pour trafic de stupéfiants. « Près de cinq tonnes de drogues illégales passent par nos aéroports et nos ports chaque mois », dit-il, principalement de l'héroïne et de la cocaïne.

Une intervention opportune

D'après le sergent Omondi, l'initiative chinoise arrive au moment opportun. « Nous travaillons en étroite collaboration avec le gouvernement chinois, pas seulement pour le traitement des toxicomanes, mais aussi pour l'extradition de fugitifs kenyans qui s'y réfugient. Nous avons un accord bilatéral d'extradition avec la Chine », dit-il à CHINAFRIQUE.

Dans le sud de la capitale, le centre Homelove, financé par des fonds chinois, accueille une trentaine de toxicomanes par mois, venant de tout le pays. « Pour que les toxicomanes s'en sortent, il faut qu'ils acceptent un traitement de désintoxication de trois mois en moyenne, explique Mutiso Mutuva, une psychiatre. Nous leur fournissons en plus un soutien psychologique et un toit. Ils ne peuvent pas partir avant ces trois mois. » En moyenne, ajoute-t-elle, 78 % des toxicomanes s'en sortent et arrêtent de se droguer. Les financements servent à soigner les hépatites contractées en raison de la toxicomanie et de l'alcoolisme, d'autant plus que les soins pour une cirrhose du foie sont très coûteux. Les fonds sont aussi alloués à l'achat de matériel de laboratoire, souligne-t-elle.

Une aide substantielle

« Avant même la construction de locaux en partenariat avec la Chine, plus de 200 millions de dollars avaient été alloués à la NACADA par la Chine pour la désintoxication dans les centres qui existaient déjà », précise M Githiri.

D'après le Bureau national des statistiques (BNS) du Kenya, plus de 5 200 personnes meurent chaque année des suites d'une overdose ou d'une cirrhose. Les chiffres montrent toutefois que davantage de toxicomanes ont fréquenté les centres de désintoxication entre janvier 2016 et juin 2017. « Je ne peux pas vous donner les chiffres exacts, mais il y en a entre 15 000 et 20 000 patients par an. Cela vous montre la gravité du problème, dit à CHINAFRIQUE le docteur Zachary Mwangi, directeur du BNS. Les fonds chinois nous aident énormément. »

La Chine fournit également du matériel aux unités de la brigade des stupéfiants du Kenya, remarque Jochim Otieno, de la brigade criminelle kenyane. La Chine a fait don de plus de 83 millions de dollars de matériel à la police du pays cette année. Ces fonds sont alloués à la construction de laboratoires de police judiciaire, acquérir et dresser des chiens renifleurs, des véhicules, des armes et des radars pour surveiller les criminels entrant dans le pays.

Formation professionnelle

Guo Hong, directrice de l'Institut Confucius de l'Université de Nairobi, estime que la relation entre la Chine et le Kenya est non seulement solide, mais que les deux pays ont décidé de s'attaquer aux problèmes sécuritaires qui imputés à la drogue. « Il y a de nombreux hôtels le long du littoral kenyan et c'est là que la toxicomanie est problématique », note-t-elle, précisant que l'Institut a construit quatre centres de désintoxication à Nairobi et à Mombasa avec l'aide de l'ambassade de Chine.

Des propos dont Xu Jing, de l'Institut, se fait l'écho. « En tant qu'être humain, je me sens triste de voir les gens gâcher leur vie avec de la drogue. Nous avons donc financé les centres existants où ils soignent ceux qui ne peuvent pas se permettre les 300 dollars pour les trois mois de traitement », dit-il, ajoutant que 89 personnes avaient été traitées depuis 2013.

D'après M. Xu, après le traitement, on leur propose une formation professionnelle gratuite dans des métiers artistiques, de la charpenterie et des sports. Une fois leur formation terminée, ils se voient remettre un certificat pour trouver du travail. « Nous les recommandons même aux entreprises et institutions chinoises pour qu'ils aient plus d'opportunités », dit-il. L'institut alloue aussi des fonds aux étudiants touchés par la drogue et collabore avec le gouvernement kenyan pour partager les coûts de la désintoxication.

(Reportage du Kenya)

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