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Afrique
  2017-09-15
 

Pour un renforcement des capacités en Afrique

VOL. 9 septembre 2017
Mots-clés: capacités en Afrique

 
Ce n'est pas le manque de fonds qui entrave le développement de l'Afrique, mais les insuffisances humaines et institutionnelles, d'après Emmanuel Nnadozie, secrétaire exécutif de la Fondation pour le renforcement des capacités africaines (ACBF), une organisation fondée en 1991 et basée à Harare, au Zimbabwe, qui se mobilise pour l'Agenda 2063 (le plan de développement pour l'Afrique). Au-delà du renforcement de la capacité institutionnelle, l'ACBF veut aussi renforcer la capacité des Africains dans l'industrialisation, la fabrication et la création d'emplois. M. Nnadozie explique au journaliste de CHINAFRIQUE Kiram Tadesse à Addis Abeba comment l'Afrique peut renforcer ses capacités et quel rôle peut jouer la Chine. Nous vous en proposons un extrait.

CHINAFRIQUE : Que signifie le renforcement des capacités pour l'Afrique ?

Emmanuel Nnadozie : Nous avons eu tous ces programmes fantaisistes, du Plan d'action de Lagos [un plan de développement économique de 20 ans auquel ont adhéré 50 pays africains en 1980] au Traité d'Abuja [un accord signé en 1991 pour la création d'une monnaie unique et d'une seule banque centrale en Afrique], du Mécanisme d'évaluation collégiale africain [créé en 2003 par le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique pour surveiller la performance des États membres] voire même aux Objectifs du Millénaire pour le développement des Nations unies.

L'une des raisons principales pour lesquelles le continent n'a pas pu parvenir aux résultats désirés pour son développement a été le manque de capacités : ce fut le chaînon manquant. Maintenant que nous avons une agence spécialisée pour le renforcement des capacités à l'Union africaine, l'ACBF travaille partout en Afrique pour aider le secteur privé, les communautés économiques régionales et la Commission de l'Union africaine (CUA) à réaliser ces programmes et ces projets. Nous sommes maintenant capables de mobiliser des partenaires et des ressources sur la question des capacités et de travailler avec tous les pays membres de l'Union africaine. Le renforcement des capacités est un processus continu. Citez-moi un seul pays au monde qui a dit qu'il fallait cesser de former des ingénieurs et des médecins parce qu'il y en a suffisamment. Nous devons former des gens en permanence, établir des institutions et renforcer celles qui existent.

Le problème avec les pays africains, c'est notamment qu'après avoir obtenu leur indépendance, ils sont partis d'une base très faible pour les capacités. Il leur aura fallu beaucoup de temps pour obtenir un nombre de personnes suffisant et les compétences techniques dont ils avaient besoin, ainsi que le type d'institutions nécessaires pour pouvoir mettre en place leur programme de développement.

L'Afrique est en train de trouver des solutions à ces questions, mais il existe toujours des lacunes importantes si l'on en croit les études que nous avons réalisées sur les capacités nécessaires pour l'Agenda 2063. Nous avons déterminé qu'il existe des lacunes importantes en termes de compétences techniques essentielles, notamment si le continent veut connaître des transformations économiques, l'industrialisation et la modernisation de l'agriculture, et le développement dans les domaines des sciences, des technologies, du génie civil, des mathématiques et de l'innovation.

De nombreux efforts doivent donc être déployés pour établir des institutions d'enseignement professionnel et pour nous assurer que les universités mettent concrètement l'accent sur ces compétences.

Quelles actions doivent-être prises pour assurer le succès du plan décennal ?

Quand vous avez quelque chose comme l'Agenda 2063, qui est un cadre, il doit y avoir un plan d'action, sans quoi, cela restera simplement un cadre. C'est pourquoi il y a un plan d'action décennal. Pour mettre ce plan en œuvre, vous devez aussi développer des projets spécifiques pour réaliser des objectifs spécifiques. Des jalons ont été prévus dans l'Agenda 2063 : parvenir à la paix et à la sécurité, à l'égalité des sexes, à l'intégration régionale, au développement des infrastructures et à la modernisation de l'agriculture.

Si vous voulez réaliser des transformations structurelles en dix ans, vous devez former un grand nombre de techniciens et d'ingénieurs, et faire en sorte qu'ils restent et les employer au mieux. Là où nous les aidons pour progresser, c'est en mettant l'accent sur les stratégies de renforcement des capacités et leur mise en place. Pour poursuivre ce travail important, il faut le soutien sans faille des pays membres, de l'UA et des partenaires extérieurs et des organisations multilatérales, ainsi que des partenaires dans la coopération bilatérale comme la Chine et les pays de l'OCDE.

Quels sont les besoins financiers nécessaires pour stimuler de telles capacités ?

Ils sont substantiels. Quand l'ACBF a été créée en 1991, il a été estimé que nous avions besoin d'une dotation d'un milliard de dollars – c'était ce qu'il fallait pour transformer l'environnement africain en termes de capacités. Je pense que c'est toujours le montant qu'il nous faut, mais bien sûr, nous savons qu'il sera difficile de réunir cette somme. Au cours des cinq prochaines années, nous avons procédé à une estimation prudente. Si nous pouvons obtenir entre 250 et 300 millions de dollars, cela pourra avoir un impact considérable.

Comment pensez-vous que la Chine peut participer à la réalisation de l'Agenda 2063 ?

Le dernier Sommet de Johannesburg du Forum sur la Coopération sino-africaine en 2015 a mis en avant un plan de coopération en dix points pour lequel le gouvernement chinois s'est engagé à hauteur de 60 milliards de dollars afin de soutenir le développement de l'Afrique. Ces domaines ne vont pas à l'encontre de ce que l'Afrique souhaite en termes d'infrastructures, d'agriculture ou de renforcement des capacités. Ce que nous faisons actuellement, c'est de nous assurer du soutien de la Chine, que ce soit sous forme de crédits préférentiels ou d'octroi d'aide. L'ACBF travaille avec la CUA pour développer des projets spécifiques qui peuvent être mis en place très rapidement dans des domaines où nous pensons pouvoir avoir des résultats positifs.

Que pensez-vous de l'initiative des « Nouvelles Routes de la soie » proposée par la Chine en 2013 ?

C'est une initiative très ambitieuse. Beaucoup se demandent pourquoi l'Afrique doit prévoir sur une échéance de 50 ans. Je leur réponds que la Chine ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui si elle n'avait pas eu une vision à long terme pour se projeter dans l'avenir. Les « Nouvelles routes de la soie » répondent au besoin d'avoir une feuille de route pour le développement des infrastructures et le développement de couloirs [économiques] qui vont stimuler l'économie mondiale comme jamais auparavant.

Je pense que c'est une avancée favorable et les pays africains doivent s'intéresser à cette initiative et s'organiser en conséquence. Quand les pays africains sont unis, la coordination est meilleure et les bénéfices sont optimaux. En ce qui concerne ce type d'initiative, il serait préférable d'avoir une approche conjointe pour ne pas que cela se transforme en compétitions et en chevauchements de toutes sortes, mais au contraire, pour mieux comprendre comment chacun peut y participer et comment les gens peuvent optimiser leurs bénéfices.

(Reportage d'Éthiopie)

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