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Afrique
  2017-09-29
 

Sortir de la dépendance au tabac

par Edwin Nyirongo | VOL. 9 october 2017
Mots-clés: tabac

Le Président Peter Mutharika (second à droite, en costume) inspecte le tabac durant l'ouverture de la campagne de cette année.

 

Pendant de longues années, le tabac a fait le bonheur du Malawi, dont l'économie repose principalement sur cette monoculture. Cependant, au cours de la dernière décennie, la chute des prix a gravement affecté l'industrie du tabac, mettant à mal la plus grande vache à lait du pays.

Les données de la Commission du contrôle du tabac (CCT) montrent que le tabac compte pour environ 11 % du PIB du Malawi et génère 60 % de ses recettes en devises étrangères, tout en employant près de 80 % de la main-d'œuvre rurale du pays. Mais lorsque les salles de vente aux enchères du tabac ont mis fin à leurs activités en août dernier, leurs ventes ont affiché une baisse dramatique par rapport aux années passées.

Depuis que le Malawi a obtenu son indépendance de la Grande-Bretagne en 1964, les dirigeants du pays ont exhorté la population à redoubler d'efforts dans les champs, sachant que c'était la seule façon de maintenir l'économie du pays à flot. Cette emphase sur l'agriculture a bien fonctionné des années 1970 jusqu'au début des années 1990, alors que le taux de change de la devise malawienne – le kwacha – avec la livre sterling était de deux pour un.

À cette époque, le tabac était ce que les économistes appelaient un « stabilisateur économique ». Tous les agriculteurs voulaient cultiver la plante, parce qu'ils étaient assurés d'écouler leur production sur les marchés internationaux à d'excellents prix.

Rien n'est éternel

Mais alors que la campagne mondiale antitabac prenait de l'ampleur, cette situation ne pouvait pas durer. Les prix ont commencé à chuter à mesure que les acheteurs de tabac se retiraient du marché. Ceux qui restent continuent d'acheter les plants, mais à des prix beaucoup plus bas que ce que les agriculteurs ont dépensé pour les cultiver.

Selon David Luka, chef de la direction de la CCT, la campagne mondiale antitabac menée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a nettement réduit la demande au cours de la dernière décennie. Le Malawi n'a pas encore approuvé la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac (CCLAT), qui a été adoptée à l'unanimité par l'Assemblée mondiale de la santé le 21 mai 2003 et qui est entrée en vigueur le 27 février 2005. En 2015, 180 pays avaient ratifié la CCLAT, dont 43 sur le continent africain.

Cette baisse de popularité du tabac inquiète non seulement les agriculteurs, mais aussi le gouvernement du Malawi, notamment en raison de la baisse des entrées de devises étrangères. Selon le CCT, les revenus générés par le tabac ont baissé de 18 % en 2016, passant de 337 millions de dollars l'année précédente à 275,7 millions de dollars. Cette année, lorsque les enchères se sont terminées en août, la récolte avait engendré à peine 209 millions de dollars.

Luka dit que le pays compte environ 30 000 clubs de culture du tabac, avec cinq à dix agriculteurs dans chaque club. Le chiffre exact fluctue, car le nombre d'agriculteurs varie en fonction des prix du tabac sur le marché et de la surface des terres cultivables. La production du Malawi est exportée vers une quinzaine de pays, y compris la Chine.

Il est temps de diversifier

Face à ce retournement, le Malawi doit trouver d'autres sources de revenus et éviter de mettre tous ses œufs dans un même panier. C'est du moins l'avis de l'agriculteur et législateur malawien Felix Jumbe, selon qui l'industrie du tabac tarde depuis trop longtemps à se diversifier.

Jumbe, ancien président du Syndicat des fermiers du Malawi, estime que le gouvernement devrait aider les agriculteurs à diversifier leur production en introduisant des cultures légumineuses ou céréalières, qui se sont révélées payantes dans d'autres pays. « Il existe des marchés internationaux des produits de base pour ces cultures et le Malawi peut en bénéficier grandement. Le plus gros problème, c'est qu'au lieu d'investir, notre économie consomme », explique-t-il.

AHL Group a également appelé à la diversification des cultures. Joseph Kawinga, directeur régional d'AHL Group dans la ville de Mzuzu, au nord du pays, appelle les agriculteurs à se concentrer sur les cultures qui peuvent se vendre à de meilleurs prix que le tabac. « Ils devraient arrêter de mettre autant d'énergie dans le tabac, parce que cette plante n'a pas d'avenir, et essayer plutôt d'autres cultures comme les légumineuses », dit-il.

Dr Martin Phangaphanga, professeur d'économie à l'Université du Malawi, dit que le pays devrait mettre en œuvre des plans sur la base de la Stratégie de croissance et de développement du Malawi s'il veut réaliser ses objectifs économiques. « L'économie du pays reste confrontée à plusieurs défis, y compris une pauvreté généralisée et la forte dépendance de ses recettes d'exportation sur les produits agricoles primaires », explique Phangaphanga.

Il ajoute que si le Malawi réussit à atteindre et maintenir un faible niveau d'inflation et à accroître son économie plus rapidement que la croissance de sa population, alors le pays sera promis à un avenir prometteur, notamment en ce qui a trait à la réduction de la pauvreté.

Phangaphanga est d'avis que seule la diversification des cultures peut éviter une dépendance excessive sur le tabac, dont l'avenir semble peu enviable. « La diversification à d'autres produits exportables et des investissements dans des activités pouvant générer des devises étrangères semblent être la solution évidente pour sortir le pays de la situation actuelle. Bien sûr, le monde compte encore plus d'un milliard de fumeurs, mais cette campagne [antitabac] a des effets progressifs. Des pays comme le Malawi devraient planifier et gérer leur transition économique en conséquence », estime-t-il.

Erica Maganga, porte-parole du ministre de l'Agriculture, de l'Irrigation et du Développement de l'Eau, dit que le gouvernement examine des cultures de rechange, mais que le processus de transition est difficile. « Par exemple, nous avions choisi les pois d'Angole en tant que bonne culture commerciale pour remplacer le tabac. Mais les prix sur le marché international se sont effondrés et les agriculteurs qui l'avaient adoptée se sont plaints », dit Maganga, ajoutant que le café et la noix de macadamia étaient également envisagés par le gouvernement. Phangapanga est d'avis qu'il vaut mieux ne pas se précipiter pour trouver une culture de remplacement, afin d'éviter de décevoir les agriculteurs et de heurter davantage l'économie.

« Le marché du tabac existe toujours et le Malawi continuera à exporter dans un avenir prévisible. Mais en tant qu'économie, le pays devrait s'efforcer de développer son secteur industriel et manufacturier afin de pouvoir proposer des produits transformés sur le marché international, plutôt que des produits agricoles primaires », dit-il.

(Reportage du Malawi)

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