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  2017-12-27
 

Trouver refuge en Ouganda

par Aggrey Mutambo | VOL. 9 DÉCEMBRE 2017  ·   2017-12-27
Mots-clés: Ouganda; terre d'accueil

En raison des inondations et des violences dans leur pays d’origine, plusieurs réfugiés du Soudan du Sud ont fui vers l’Ouganda. (Yuna Cho/MSF)

 

Nos chiffres sont en constante évolution, dit Wilson Févrin, chef d'une agence humanitaire internationale à Yumbe, dans le nord de l'Ouganda. Févrin travaille ici depuis que les premiers réfugiés sud-soudanais ont commencé à franchir la frontière, fuyant la violence faisant rage chez eux.

À ce jour, ses livres se lisent comme le compteur d'une pompe à essence : 9 636 personnes, dont 7 601 réfugiés, ont reçu de l'eau potable, à hauteur de 18 litres par jour ; 2 000 autres familles de réfugiés ont reçu du savon et un bidon ; 1 092 femmes réfugiées en âge de procréer ont reçu des serviettes hygiéniques réutilisables et du savon, etc.

Ses notes, classant les bénéficiaires des zones 1 à 5, indiquent que 740 familles ont reçu des latrines fournies par son organisation et que l'ensemble des réfugiés bénéficie désormais d'un accès à l'eau potable.

« Ces chiffres changent. Ils augmentent chaque semaine », a-t-il déclaré à CHINAFRIQUE. « Nous offrons de l'eau, de l'hygiène, des abris et des moyens de subsistance à ces gens. C'est la meilleure façon de le faire. »

Pourtant, Yumbe ne ressemble en rien à l'idée que l'on se fait d'un camp de réfugiés. Il n'y a pas de tentes, ni de barbelés pour isoler les réfugiés des communautés d'accueil, et la liberté de mouvement n'est aucunement restreinte. Les réfugiés et les locaux se mêlent librement à l'école ou dans les marchés.

Des centres d'accueil au lieu des camps

Ce type de mode de vie est caractéristique de la plupart des centres pour les réfugiés en Ouganda. D'ailleurs, le mot « camp » ne semble pas faire partie du vocabulaire des fonctionnaires du gouvernement, qui utilisent rarement ce terme. Ils appellent plutôt ces endroits des centres d'accueil pour réfugiés. De tels établissements peuvent également être vus dans des endroits tels que Bidi Bidi (Yumbe), Moyo, Arua et Adjumani.

« Nous avons fait l'expérience de ce que signifie être un réfugié », a expliqué David Apollo Kazungu, le commissaire ougandais aux affaires des réfugiés du cabinet du Premier ministre ougandais.

« Outre les obligations légales ancrées dans nos propres lois et celles de l'ONU, nous les considérons surtout comme une opportunité plutôt qu'une menace », a-t-il ajouté, indiquant que cette tradition existe depuis plus ou moins 50 ans dans le pays.

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), ces centres d'accueil ont vu affluer plus d'un million de réfugiés sud-soudanais, faisant de l'Ouganda la plus grande terre d'accueil des réfugiés de ce pays au monde. Plus de 85 % d'entre eux sont des femmes et des enfants. Certains sont arrivés en Ouganda sans même savoir où ils allaient.

Un homme de 34 ans a fui Yei, à l'intérieur du Soudan du Sud, avec ses trois filles et ses trois fils, après que des hommes armés aient attaqué son village. « Nous avons passé 45 jours sur la route », a déclaré l'homme qui préfère se faire simplement appeler MB afin de protéger son identité, selon les dossiers fournis par l'organisme médical Médecins Sans Frontières. Après un long périple, il est finalement arrivé en Ouganda pieds nus et séparé de sa femme.

Une femme qui souhaitait garder l'anonymat a déclaré qu'elle et ses six enfants avaient marché pendant six jours en fuyant le Soudan du Sud, traversant la frontière avec la République démocratique du Congo voisine avant d'atteindre le nord de l'Ouganda. « Il y a de l'espoir pour la vie ici », a-t-elle dit. C'est à ces réfugiés, qui portent en eux un récit unique, mais à tout coup tragique, que l'Ouganda a offert un sanctuaire sûr.

Des opportunités pour les réfugiés

Ce n'est pas que l'Ouganda soit riche, loin de là. La Banque mondiale note qu'environ 7 millions de personnes sur ses quelque 35 millions de citoyens vivent dans la pauvreté, et que 14,7 millions d'autres, qui subsistent grâce à l'agriculture – largement dépendante des conditions météorologiques – pourraient facilement basculer dans la pauvreté en fonction des pluies.

« La politique de l'Ouganda en matière de réfugiés garantit la liberté de mouvement et leur participation à des activités économiques », a déclaré à CHINAFRIQUE Joyce Wayua Munyao-Mbithi, un haut responsable du HCR.

« Le HCR et ses partenaires offrent des possibilités d'éducation aux réfugiés, y compris des possibilités d'éducation au niveau universitaire, afin de soutenir les réfugiés dans le développement de leurs compétences et activités de subsistance. Cela permet aux réfugiés de bénéficier de la politique ougandaise en matière de réfugiés et de contribuer à l'économie. Ils peuvent se débrouiller tout seuls de la même manière que leurs hôtes. »

En Ouganda, toutes les familles de réfugiés reçoivent une petite parcelle de terre de 30 mètres carrés à leur arrivée, où ils peuvent ériger des maisons temporaires et cultiver des cultures vivrières. Ils ont la liberté de se déplacer dans le pays et leurs enfants accèdent aux mêmes écoles que les citoyens. L'idée, a expliqué Munyao-Mbithi, est de leur permettre de devenir autonomes à l'intérieur d'un court laps de temps, et même de les affranchir de leur dépendance aux aides.

Cette tradition est soutenue par l'expérience des hauts fonctionnaires du pays, car l'Ouganda a lui-même été en proie à une guerre civile pendant des décennies, qui s'est terminée en 1986 lorsque le Président Yoweri Museveni a pris le pouvoir.

Besoin constant de financement

Pourtant, tout n'est pas rose. Le HCR indique que l'Ouganda reçoit en moyenne 1 800 réfugiés chaque semaine, ce qui signifie que cette approche accueillante pourrait facilement échouer si les donateurs ne sont pas au rendez-vous.

« Notre type d'hospitalité dépend, certes, d'un financement durable pour donner aux réfugiés une éducation et des fondations sur lesquelles recommencer leur vie », a déclaré M. Kazungu, indiquant que seulement 40 % des 250 millions de dollars promis par la communauté internationale avait été versé.

« Nous sommes déterminés à ouvrir nos frontières aux réfugiés. Mais la communauté internationale a l'obligation de fournir des ressources pour que ces personnes puissent retrouver leur dignité », a-t-il dit.

En juin, lors du Sommet de la solidarité envers les réfugié, les donateurs ont promis 357 millions de dollars, un montant inférieur à l'objectif des 1,6 milliard de dollars. Les autorités ougandaises attendent toujours de voir si ces promesses se traduiront en argent réel.

(Reportage d'Ouganda)

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