La langue chinoise est de plus en plus populaire parmi les étudiants africains.

Si certains jeunes peinent à trouver leur voie dans la vie, pour d'autres, le chemin semble tracé d'avance. C'est le cas d'Edward Joseph Yawson, un aide-enseignant de langue chinoise travaillant au département des langues vivantes de l'Université du Ghana, à Legon. Quand un cours de chinois lui a été proposé en 2012, ce jeune de 26 ans a fait confiance à son intuition, et il n'a pas été déçu.

Dès la première leçon, Yawson est tombé amoureux de la langue. « L'attitude du professeur et quelque chose en moi m'ont attiré vers cette langue », a-t-il dit à CHINAFRIQUE.

Yawson parle maintenant couramment le chinois et a reçu de nombreux prix d'excellence en tant qu'« ambassadeur de la langue » lors de ses études. Il se dit ravi des nombreuses possibilités que lui a procurées sa compétence linguistique.

Après ses études, il a aussitôt été engagé en tant que traducteur par de nombreuses entreprises chinoises reconnues. « [Grâce à la langue], j'ai eu l'occasion de boire et de manger avec des personnalités chinoises de haut rang, ce que je n'aurais jamais cru possible », dit-il.

La langue comme un atout

Yawson dit qu'il considère que le temps d'arrêt entre les cours chinois a ralenti ses progrès, lui qui est un adepte de la pratique constante. « Je pense que même un moment de repos peut réduire à néant le travail qu'une personne avait déjà accompli », dit-il.

S'il a pu surmonter les difficultés bien connues liées à l'apprentissage de la langue chinoise, c'est notamment parce qu'il restait convaincu que sa persévérance allait lui apporter des avantages qui profiteraient à toutes les facettes de sa vie.

Il existe différentes écoles de pensée sur les avantages découlant de l'étude des langues étrangères. Dans sa recherche sur les avantages liés à l'étude d'une langue seconde, la National Education Association, une organisation basée aux États-Unis, affirme qu'il s'agit d'un des domaines où les enfants qui ne sont pas habitués à la réussite scolaire sont capables d'exceller. Les avantages résultant d'une image de soi plus positive, d'une meilleure estime de soi et d'une plus grande satisfaction à l'égard des études sont énormes.

Le document ajoute qu'au-delà des avantages intellectuels, la connaissance d'une langue étrangère facilite les voyages, améliore les occasions professionnelles, et permet aux étudiants d'en apprendre davantage sur les différents peuples et cultures. On constate également que les avantages des études des langues étrangères durent tout au long de la vie.

Une demande qui augmente lentement

Au Ghana, le français est une matière obligatoire dans les écoles primaires et secondaires, notamment en raison du positionnement géographique du pays dans la partie majoritairement francophone de l'Afrique.

Au second cycle de l'enseignement secondaire, cependant, le français est un cours à option, tout comme dans la plupart des institutions d'éducation supérieure du pays. Malgré cela, certains étudiants optent pour le français comme matière principale dans les institutions où les structures existent pour un enseignement et un apprentissage efficaces.

Pour le chinois, les statistiques récentes de l'Université du Ghana montrent une croissance constante des inscrits au cours des deux dernières années académiques. 58 étudiants étudiaient la langue chinoise en 2015-2016, mais ils étaient 460 en 2017-2018.

Winnand Kofi Azanku, le premier coordonnateur des études chinoises du département des langues vivantes de l'Université du Ghana, maintenant à la retraite, explique que les cours de langue et culture chinoises font partie du programme depuis 2009.

M. Azanku dit que le projet pilote du cours, qui a été lancé en 2008, est né des relations de plus en plus étroites entre la Chine et le Ghana, à la fois politiquement et économiquement. Le projet pilote a reçu le soutien de l'ambassade de Chine au Ghana, de l'Agence de presse Xinhua et du Siège de l'Institut Confucius. Plus tard, le baccalauréat ès arts en langue et culture chinoises a été lancé.

« Jusqu'à présent, plus de 100 étudiants ont obtenu leur diplôme du département des langues vivantes [avec spécialisation en langue et culture chinoises] et [travaillent maintenant] dans divers domaines connexes, tandis que d'autres ont opté pour poursuivre leurs études au master en Chine. D'autres encore ont été recrutés par des sociétés chinoises de premier plan », dit-il.

Une expérience culturelle complète

Pour assurer la durabilité du cours, un accord a récemment été signé entre le Siège de l'Institut Confucius et l'Université du Ghana pour pourvoir la section chinoise du département des langues modernes en enseignants chinois sur une base régulière.

Selon M. Azanku, pour donner aux étudiants une chance de vivre une expérience personnelle de la culture et de la langue chinoises, le département a également mis sur pied un programme d'études à l'étranger. « Ce programme permet aux étudiants de passer une année en Chine pour s'imprégner pleinement de la langue et de la culture », explique-t-il.

Ce programme a vite été victime de sa popularité. Le nombre de candidats était tel que l'université était incapable de répondre à la demande. L'Université du Ghana a donc signé des protocoles d'accord avec certaines universités chinoises telles que l'Université des sciences et technologies de Zhejiang, l'Université de Taiyuan et l'Université de Liaocheng, qui accueillent et soutiennent financièrement les étudiants.

De plus, l'évaluation rigoureuse de l'Institut Confucius de l'Université du Ghana garantit la qualité des diplômes remis par le département.

Parlant du rôle joué par l'Institut Confucius dans l'amélioration de l'enseignement et de l'apprentissage du chinois, M. Azanku dit que l'institut ne cesse d'accorder des bourses, directement ou indirectement, aux étudiants qui souhaitent poursuivre leurs études de la langue et de la culture chinoises. De plus, l'institut enseigne volontiers la langue et la culture chinoises aux membres du grand public intéressés, tandis que l'Université du Ghana se concentre sur les cours académiques.

M. Azanku dit être encouragé par les retours des universités partenaires en Chine, qui indiquent que les étudiants du Ghana se classent parmi les meilleurs dans l'apprentissage de la langue. Cela augure bien pour ces derniers, qui serviront de pont entre le Ghana et la Chine et pourront rejoindre des domaines quasi professionnels qui présentent d'immenses avantages pour l'économie du Ghana.

« Je suis fier de dire que l'un de mes anciens étudiants est en France et qu'il suit un cursus de commerce international en chinois, français et anglais. Sa maîtrise de ces langues et sa connaissance du commerce international en feront un atout exceptionnel pour le Ghana », dit-il.