中文 ANGLAIS Beijing Information
Chine
  2016-04-12
 

Les enfants de travailleurs migrants

par Xia Yuanyuan | VOL.8 AVRIL 2016 CHINAFRIQUE
Mots-clés: enfants;travailleurs migrants

 

 
Le nouveau Livre blanc sur les enfants de travailleurs migrants s’attaque au problème des enfants délaissés
 

Le 27 janvier, quand Zhang Meng arrive à Daxiongma dans la province du Yunnan, au sud-ouest de la Chine, le petit village semble désert. La plupart des adultes en âge de travailler ont migré vers les villes à la recherche de meilleures opportunités, seuls demeurent les très jeunes et les anciens. Sans agriculteurs pour les cultiver, les stériles champs de maïs ne sèment que mélancolie. Les enfants du village, vivant sans la surveillance de leurs parents, viennent compléter ce tableau de désolation.   

Ce sont les « enfants délaissés » du pays. Leurs parents sont partis dans les villes, les laissant aux soins de leurs grands-parents ou autres parents avec peu de ressources pour les prendre en charge. Ces enfants manquent donc d’éducation, d’aptitudes sociales et d’assurance, souffrant souvent de problèmes de développement. Mais Zhang, étudiant de l’Université normale de Tianjin et volontaire dans une école du village, devrait voir la situation s’améliorer. En effet, le 15 février, le Conseil des affaires d’État a publié une série de mesures pour aider ces enfants désemparés. Pour assurer leur prise en charge et leur éducation, le texte fait appel à la responsabilité des parents et des gouvernements locaux. 

  

Contexte 

Les medias chinois ont joué un rôle essentiel dans la sensibilisation du public au sort de ces enfants. En janvier, l’histoire d’un garçon de 7 ans courant derrière une voiture en sanglots fait la Une des médias. Originaire de la province du Sichuan, au sud-ouest de la Chine, l’enfant tentait de retenir sa mère. Avant que celle-ci ne monte dans la voiture, le garçon avait tenté en vain de s’accrocher à la main maternelle : « Tu ne peux pas me traiter comme ça ! », criait l’enfant. Malgré les cris et les larmes, sa mère, sans autre choix, monte dans la voiture pour aller travailler en ville. 

Les images de l’enfant en sanglots ont poussé les autorités à agir, d’autant plus qu’elles rappelaient une autre tragédie. En juin dernier, incapables de supporter le départ de leurs parents, quatre enfants de travailleurs migrants de la même famille décident de boire du pesticide dans ce qui semblait être un pacte de suicide. Suite à ces morts, le Premier ministre Li Keqiang a demandé une enquête et exigé une plus grande surveillance de ces enfants de la part des gouvernements.  

  

Empêcher des tragédies 

Des organisations spécialisées tentent de cerner l’ampleur du problème et de trouver des solutions. Selon un rapport de la Fédération nationale des femmes de Chine, plus de 61 millions d’enfants étaient séparés de leurs parents dans les zones rurales en juin 2015. Soit 37,7 % de la population infantile des zones rurales et 21,9 % de la population infantile du pays. Selon le Livre blanc 2015 sur les enfants de travailleurs migrants, ceux-ci font face à de sérieux troubles psychologiques et émotionnels, nuisant à leur développement. Cette étude a été menée en collaboration par l’ONG Sur la route de l’école et un groupe de psychologues de l’Université normale de Beijing. 

« Pour résoudre ce problème, il est essentiel de permettre aux enfants de vivre avec leurs parents », assure Zhang Xudong, chercheur au Centre de recherche chinois de l’enfance et de la jeunesse, une ONG travaillant à la promotion des droits des enfants et à leur bien-être. Selon les mesures du Conseil des affaires d’État, les parents sont les premiers responsables de la prise en charge de leurs enfants mineurs. Le texte stipule que les enfants âgés de moins de 16 ans ne doivent pas être séparés de leurs parents. Si un couple de migrants ne peut pas amener ses enfants, l’un des parents doit rester pour s’occuper d’eux. Si les deux doivent s’en aller, ils doivent désigner un gardien responsable pour leurs enfants. Dans ce cas, ils doivent rester en contact et visiter fréquemment les enfants pour s’assurer de leur santé mentale et de leur réussite scolaire.  

« C’est un problème social », affirme Tang Qiyun, directeur général du Groupe de volontaires mobiles de soutien à l’éducation, une organisation qui recrute des volontaires pour enseigner dans les zones rurales où vivent les enfants délaissés. « Les élèves qui ne vivent pas avec leurs parents sont souvent déprimés, fermés émotionnellement et détachés. Ils ont également des problèmes pour communiquer. Ces enfants ont besoin de l’aide et de l’attention de la société. 

L’éducation est un important outil pour aider les enfants à aller de l’avant. Malheureusement, ces enfants habitent souvent avec leurs grands-parents, qui eux-mêmes ont reçu peu d’éducation et ne peuvent les aider avec leurs devoirs. Ces enfants ont donc des difficultés et finissent généralement par arrêter l’école. Conscientes de ce problème, les autorités ont mis en place des mesures pour pousser les gouvernements locaux à soutenir ces enfants. Il a été demandé aux écoles de fournir un bon environnement pour ces enfants et d’approfondir l’éducation en matière de santé mentale pour éviter les problèmes psychologiques et comportementaux chez les plus jeunes.  

 

Une éducation salvatrice 

Bien que les mesures insistent sur la responsabilité primordiale des parents, elles poussent également les gouvernements locaux et les comités de village à rester informés sur le sort de ces enfants. Ceux-ci sont encouragés à contacter des organisations caritatives ou des associations de volontaires pour fournir l’aide nécessaire aux enfants délaissés. Zhang Meng a été envoyé à l’école primaire de Daxiongma par le Groupe de volontaires mobiles de soutien à l’éducation : « Dans l’école, 70 à 80 % des enfants ne vivent pas avec leurs parents. Il y a plus de 100 élèves mais seulement 4 professeurs », confie Zhang à CHINAFRIQUE.   

Leurs parents sont pour eux des étrangers, qu’ils voient une fois par an lors de la Fête du printemps, le Nouvel An chinois. Quand les plus jeunes sont en âge d’aller à l’école, ils sont envoyés à l’école primaire du village. Cependant, Zhang constate que les enfants ont peu d’intérêt pour les études. « Ils ne se rendent pas compte de l’importance de l’école puisque personne ne leur a jamais dit qu’ils peuvent changer leur vie par l’éducation », regrette l’enseignant.   

Selon Tang, outre la surveillance accrue et l’attention portée à l’éducation de ces enfants, le gouvernement devrait également s’attaquer aux inégalités sociales qui sont à la racine du problème et causent ces séparations forcées. « Pour permettre aux parents de vivre avec leurs enfants, le gouvernement devrait travailler à réduire l’écart de revenus entre les zones rurales et urbaines », affirme Tang. « Pour que les parents puissent travailler près de chez eux. » Dans cet objectif, Tang propose de renforcer le secteur agricole et les infrastructures rurales, pour promouvoir le développement des zones rurales. Le gouvernement devrait également explorer d’autres pistes pour accroître les revenus des agriculteurs et ainsi leur permettre de rester dans les zones rurales, mettant fin au triste délaissement de leurs enfants.

Imprimer
Lire aussi:
Liens: french.china.org.cn   |   LA CHINE AU PRÉSENT   |   La Chine Pictorial   |   Xinhuanet   |   Le Quotidien du Peuple   |   CCTVfr
Radio Chine Internationale   |   Réseau sur la coopération sino-africaine
24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine
Copyright CHINAFRIQUE tous droits réservés 京ICP备08005356号
PARTAGER
Facebook
Twitter
Weibo