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Chine
  2016-10-14
 

Yiwu ou le rêve chinois

par Ge Lijun | VOL.8 octobre 2016
Mots-clés: Yiwu-commercant; africain

 

Le 26 juillet 2016, Tirera Sourakhata, que tous appellent Soura, obtient une carte d'amitié du Centre de commerce international de Yiwu, dans la province du Zhejiang, à l'est de la Chine. Sur cette carte destinée aux commerçants étrangers vivant à Yiwu, on retrouve le nom, la photo et d'autres informations concernant l'homme d'affaires sénégalais. Plein d'émotion, Soura la tient fermement. Il fait partie des 15 premiers étrangers à obtenir cette précieuse carte qui, un peu comme la carte d'identité des Chinois, donne accès à la sécurité sociale, la retraite, l'éducation, etc. Pour le Sénégalais de 39 ans, c'est une très bonne nouvelle. « Mes enfants vont à l'école de Yiwu, ils étudient et jouent avec les enfants chinois. Je vis ici depuis presque 13 ans, et je vois que les étrangers sont bien accueillis dans cette ville. Yiwu est mon deuxième pays », confie-t-il à CHINAFRIQUE.

Faire fortune en Chine

Issu d'une grande lignée de commerçants sénégalais, Soura était destiné à intégrer l'affaire familiale, mais il décide de suivre un autre chemin. En 2001, il arrive en Chine déterminé à créer sa propre affaire. Sa première destination est Guangzhou, une grande ville au sud de la Chine, où il achète des vêtements pour ensuite les vendre au Sénégal. En 2003, il se lance dans la quincaillerie. Un ami lui conseille alors d'aller à Yiwu pour acheter les métaux. « La qualité des métaux de Yiwu est presque la même que celle des métaux de Dubaï ou de Hongkong, mais le coût est beaucoup moins élevé », explique le Sénégalais. Il ouvre ensuite une boutique à Dakar, capitale du Sénégal, pour vendre ses métaux. À partir de ce moment-là, il se rend à Yiwu tous les 45 jours, emportant chaque fois deux ou trois conteneurs de marchandises.

Mais ce n'est qu'en 2007 qu'il prend la décision d'ouvrir son bureau de représentation à Yiwu et de s'y établir avec sa famille. Très vite, ses amis et ses clients africains viennent frapper à sa porte. Ainsi, en plus de sa marchandise, Soura devait acheter plus de 1 000 types de petites marchandises, comme par exemple des ustensiles de table, des objets de décoration ou des jouets, pour ses amis africains. En 2012, il fonde une société d'import-export, Yiwu Crestone Trading Co. Ltd. Son entreprise compte désormais une trentaine d'employés et exporte plus d'une centaine de conteneurs par mois à destination du marché africain. Dans le même temps, il espère convaincre les consommateurs chinois d'adopter les produits africains. « Les fruits de mer, les cacahuètes et les bois du Sénégal sont très bien reçus par les consommateurs chinois. J'ai décidé de faire du commerce d'importation, et de laisser les produits sénégalais arriver sur le marché chinois », explique-t-il.

 

Sourakhata lors de la 5e rencontre des think tank Chine-Afrique

 

Un médiateur apprécié

En 2013, les commerçants de Yiwu décident de créer une commission de médiation pour résoudre les différends commerciaux de la communauté. Soura devient immédiatement membre de cette organisation, dont il est aujourd'hui le vice-directeur. Pour lui, le rôle de médiateur n'est pas un travail au sens strict du terme, mais lui confère une responsabilité bien plus importante. « Si un étranger vient dans le service [de médiation] et qu'il voit un collègue étranger travailler dans ce service, la première des choses c'est qu'il est confiant, il se dit oui, au moins je peux avoir confiance en cette personne et je peux lui dire tout ce que je pense, lui expliquer mon problème », affirmait-il dans une interview donnée à la Télévision centrale chinoise (CCTV).

Appelé pour une médiation entre un commerçant mauricien et un marchant chinois, il tente de comprendre le désaccord pour pouvoir se faire son propre avis. Le Mauricien, qui avait fait appel à Soura, espérait qu'un médiateur étranger lui serait favorable. Mais l'essentiel pour le Sénégalais est d'être juste. Après délibération, il force le Mauricien à payer une partie de sa dette de 10 000 yuans (1 500 dollars) au Chinois, à qui il devait 60 000 yuans (9 000 dollars). Le marchand chinois est alors très satisfait par cette décision, bien que surpris. Après trois ans de médiations, Soura a traité plus de 30 différends, rendant service à près de 40 personnes. Le montant total de ces désaccords commerciaux s'élève à 2,35 millions de yuans (350 000 dollars). Le Sénégalais est devenu très compétent pour gérer les médiations commerciales de sa communauté, obtenant de nombreuses récompenses honorifiques.

Le forum des investisseurs

Soura a désormais à cœur de rendre au peuple chinois une partie de ce qu'il lui a donné. C'est pourquoi, il a organisé le 2 mai 2016 le premier Forum des investisseurs privés chinois à Dakar, avec la participation de plus de 120 investisseurs chinois, pour la plupart basés au Sénégal. L'ambassadeur de Chine au Sénégal, Zhang Xun, et le ministre sénégalais de la Formation professionnelle, Mamadou Talla, y ont participé. « L'objectif de ce forum, c'est de donner aux Chinois qui vivent au Sénégal les opportunités que la Chine m'a données, leur permettre de créer leurs entreprises, transférer leurs technologies, participer à la création d'emplois et, en retour, gagner de l'argent. C'est un échange gagnant-gagnant », assure Soura.

Pour l'homme d'affaires, la Chine est le pays qui lui a permis de réaliser son rêve et qui peut aider l'Afrique à se développer. « En 2014, le Président sénégalais Macky Sall est venu en visite d'État en Chine. Il m'a alors reçu, et m'a dit : continuez, non seulement, de faire du commerce à Yiwu, mais d'être un pont pour l'amitié sino-africaine. Ces mots me poussent à continuer à travailler pour réaliser mon rêve pour le continent africain », raconte-t-il. « Depuis 2003, année où je suis arrivé pour la première fois à Yiwu, je n'arrête pas de faire des efforts dans la ville. Quand je me suis rendu compte de l'intelligence et de la diligence des commerçants, j'ai décidé de rester vivre ici. Aujourd'hui, je suis très heureux d'avoir pris cette décision. »

À partir des années 1990, des Africains arrivent à Yiwu, où ils achètent des marchandises chinoises bon marché pour les vendre en Afrique. Aujourd'hui, presque 3 000 hommes d'affaires africains résident de façon permanente dans cette ville de l'est de la Chine. Selon les statistiques des douanes, de janvier à l'octobre 2015, l'exportation de marchandises de Yiwu aux pays africains a atteint 6,64 milliards de dollars, une croissance de 56,85 % par rapport à la même période l'année précédente. Dans le même temps, les importations de l'Afrique à Yiwu s'élevaient à 91,28 millions de dollars, une croissance de 92,58 % en glissement annuel.

À mesure que s'approfondissent les relations économiques et commerciales entre la Chine et l'Afrique, de plus en plus de marchands africains comme Soura profitent des opportunités liées à ces échanges, et font très rapidement fortune à Yiwu. Encouragés par cette réussite, beaucoup d'entre eux décident de s'installer dans la ville. Ils connaissent bien la culture du pays, et savent tirer profit du marché chinois. Ils aident également les commerçants chinois en Afrique, promouvant ainsi les échanges sino-africains.

 

Exclusif CHINAFRIQUE

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