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Culture et Société
  2016-02-05
 

Les langues naissent, vieillissent et meurent

par Lisa Carducci | VOL.8 FéVRIER 2016
Mots-clés: langue française

Le certificat de naissance de la langue française, peut-on dire, ce sont les Serments de Strasbourg. Lempire de Charlemagne était devenu si vaste donc ingouvernable que lempereur décida, en 842, de le partager entre ses trois petits-fils. Charles règnerait sur le domaine franc, et Louis sur la région germanique. Lothaire, qui héritait de la partie intermédiaire, jusquà lItalie, était mécontent de son lot et devenait menaçant. Ses deux frères se prêtèrent donc serment dalliance en cas dattaque. Lengagement fut lu en langue romane et en langue germanique. 

Voici donc la première phrase en langue romane (qui nest déjà plus du latin) : Pro deo amur et pro Christian poblo et nostro commun salvament dist di in avant in quant deus savir et podir me dunat si salvarai eo cist meon fradre Karlo et in aiudha et in cadhuna cosa si cum om per dreit son fradra salvar dist in o quid il mi altresi fazet On y reconnait : « Pour lamour de Dieu et du peuple chrétien et notre salut commun, de ce jour et en avant (dores et en avant, dorénavant), en autant que Dieu savoir et pouvoir me donne, je sauverai ce mon frère Karlo et en aide et en chaque chose, comme par droit son frère on doit sauver, en autant quil me fasse de même» 

Cétait la langue française de la fin de la période féodale.  

Le français est issu du latin vulgaire (langue du peuple) et non du latin classique. 

De là naîtront de nombreux patois et dialectes. On divise les dialectes du nord et du sud selon le terme employé pour dire « oui » ou « cest cela », soit hoc ille (oil) ou hoc (oc). Le nom Languedoc vient de « langue doc ». 

Suit une francisation intense du latin (période du moyen français) du XIVe au XVIe siècle, avec des reculs, des arrêts, et des oppositions.  

Parmi tous les dialectes du français, le roi François Ier impose, en 1539, le françoys ou « langue du roi » (on prononçait rouè) comme langue officielle. Le françoys est donc introduit dans diverses sciences ; on nécrit plus en latin.  

En 1550, Louis Meigret rédige la première grammaire française et propose une orthographe phonétique. Lécriture apportera une évolution graphique importante ; on cherche à sentendre sur une graphie similaire pour tous. Surtout, linvention de limprimerie apportera de nouvelles règles importantes. Dans les serments de Strasbourg, vous aviez remarqué linexistence de la ponctuation, nest-ce pas ? Eh bien, cest à cause de limprimerie quelle devient nécessaire afin de rendre les pauses et les intonations, que la langue parlée produit naturellement. Des signes comme le point, le demi-point, le guillemet naissent, et parfois disparaissent ou se transforment. 

Si vous avez visité la Rome antique, vous avez sans doute remarqué, sur les monuments impériaux, des V là où on aurait aujourdhui un U. En effet, ce nest quen 1718 que les lettres J et V sont différenciées du I et du U. 

On se retrouve en 1740, où une réforme fait quun mot sur trois change dorthographe, et que les accents apparaissent : throne devient trône, escrire devient écrire, et fiebvre, fièvre. Et lévolution continue, avec des refus et objections chaque fois, jusquà 1990, date de la plus récente rectification orthographique. Nous en reparlerons en temps et lieux. 

Ainsi, au début du XIXe siècle, lécriture devient plus scientifique et létymologie prévaut sur la phonétique. Dans la première moitié de ce siècle, des formes archaïques se « modernisent » : javois, il étoit, deviennent javais, il était. 

Après la Préface de Cromwell de Victor Hugo (1827), lautorité cesse dappartenir aux grammairiens pour passer aux écrivains et usagers éclairés de la langue. Lenseignement ne se fait plus en latin et en grec mais en français. 

Puis, au début du XXe siècle, le trait dunion remplace lapostrophe dans grandmère, grandmesse, grandrue, pour sécrire, jusquà aujourdhui, grand-mère, grand-père, etc. 

On est loin de lunanimité. Ainsi, en 1901, larrêté Leygues propose-t-il de tolérer des graphies multiples. Mais cette proposition ne sera jamais appliquée. Les dictionnaires ne bougent pas. 

Ce nest quen 1977 que larrêté Haby reviendra à la tâche, au sujet du tréma par exemple, en proposant des tolérances dans les dictées et concours officiels en France. 

Lorsque jétais écolière (dans les années 1950), on nous enseignait à écrire « poète », mais quand javais fait remarquer à ma maitresse que dans un livre, on avait écrit « poëte », elle mavait répondu avec un soupir nostalgique que les deux graphies étaient possibles. 

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