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Culture et Société
  2016-04-12
 

Défendre la place des Africaines

par Rachel Richez | VOL.8 AVRIL 2016 CHINAFRIQUE
Mots-clés: femmes;Africaines

 
(De gauche à droite) Raïssa Girondin, Tania Romualdo, Abdoulaye Fall et Tebogo Lefifi évoquent l’influence de la femme africaine sur le développement du continent, le 8 mars à l’ambassade du Cameroun à Beijing

« Quand nous disons la femme, nous tremblons d’émotion et de joie parce que la femme c’est d’abord nos mères, ces êtres qui nous sont si chers et qui nous portèrent dans leur chair. Mais c’est aussi nos sœurs, ces gens que nous portons dans nos cœurs. C’est en plus nos femmes, de véritables sœurs pour nos âmes, mais aussi des gens pour qui toujours nous déclarons nos flammes. » C’est sur ce ton très poétique que le sinophile camerounais Francis Tchiegue a ouvert la conférence organisée à l’occasion de la Journée internationale des femmes, le 8 mars 2016 à l’ambassade du Cameroun à Beijing.   

Six Africaines de divers horizons ont répondu à l’appel de l’Association des étudiants africains de Chine pour évoquer « L’impact de la femme africaine de la diaspora au développement de l’Afrique ». Tania Romualdo, ambassadrice du Cap Vert à Beijing ; Sylvia Ndzengue, employée de l’ambassade du Cameroun ; Judith Onyishi, étudiante nigériane ; Alice Tanekeu Comfort, étudiante camerounaise ; Raïssa Girondin, journaliste française afro-caribéenne ; et la Sud-Africaine spécialiste des relations Chine-Afrique, Tebogo Lefifi. Face à un public majoritairement féminin, celles-ci se sont succédées pour partager leur expérience de femmes de la diaspora mais surtout pour exposer leur vision et espoirs pour les Africaines au XXIe siècle. L’impact des femmes africaines sur le développement du continent est en effet inévitablement lié à leur émancipation. 

 

« Tout le monde a un rôle à jouer » 

Tania Romualdo a ouvert le bal. Pourquoi commémorer la Journée des femmes ? Il ne s’agit pas d’une célébration, a affirmé Son Excellence, mais d’une journée pour rappeler au monde que « beaucoup de nos sœurs sont encore considérées comme une espèce inférieure ». Malgré ce triste constat, le discours de l’ambassadrice se voulait optimiste, évoquant les divers secteurs dans lesquels les femmes ont un impact sur le développement du continent. Celle-ci a également vanté les progrès pour l’égalité des sexes dans son pays, où deux tiers des ministres sont des femmes. Pour continuer sur la voie du progrès, l’implication de toute la société serait indispensable : « Tout le monde a un rôle à jouer ». Et pour Mme Romualdo, la première étape consiste à « rendre les femmes visibles ». 

  

Valoriser les femmes 

Les six panelistes coïncidaient sur l’importance de valoriser les femmes et leur donner les moyens de réussir. Par manque de confiance, les Africaines n’oseraient pas se battre pour leurs droits. Mais comment leur donner confiance ? Selon l’étudiante nigériane, Judith Onyishi, l’éducation éveille la confiance : « ça commence en parlant en classe, en affirmant notre opinion ». Et les femmes en Afrique sub-saharienne ne sont pas bien loties en la matière. Selon l’OCDE, le taux de scolarisation des femmes en primaire y serait de 67 %. Ainsi, bien que celles-ci constituent près de 70 % de la force agricole du continent, le pourcentage de femmes salariées dans les secteurs non agricoles est l’un des plus faibles au monde, 8,5 %.  

Autre moyen pour valoriser les femmes africaines : partager son expérience. Selon la Camerounaise Sylvia Ndzengue, il est indispensable de convaincre les Africaines qu’elles ont une voix. « Le changement commence par une personne parlant à une autre personne ». Selon l’employée de l’ambassade camerounaise, nul besoin d’être connu ou d’avoir réussi, l’expérience de chacune peut être utile aux autres. Consciente de l’importance de ces modèles, la présentatrice du journal télévisé en français de la CCTV, Raïssa Girondin, participait également à la conférence. Arrivée en Chine en 2013, la jeune femme n’avait jamais voulu faire de la télévision, mais elle comprend que cette plate-forme lui permettra d’être une inspiration pour les femmes noires : « Je veux pousser les étudiantes et les Africaines à avoir plus confiance, à s’exprimer, pour qu’elles puissent raconter leur histoire. » 

 

Défendre la cause  

Tebogo Lefifi participe depuis longtemps à la valorisation de la femme africaine. En Chine depuis 8 ans, l’experte des relations Chine-Afrique se retrouve souvent dans un monde d’hommes où elle doit défendre la place des femmes. « Il y a une place pour nous », affirme la chargée de la promotion du gouvernement sud-africain. Oui, mais il faut se battre pour cette place, insiste la Française Raïssa Girondin, qui se sent « profondément africaine » : « les Noires ne sont pas représentées par le féminisme blanc ou par les hommes noirs, elles doivent donc se battre pour obtenir des progrès. » 

Ce rôle de défenseuse des droits des Africaines semble inévitablement retomber sur les femmes de la diaspora. En effet, celles-ci deviennent sans le vouloir des ambassadrices informelles du continent, toujours amenées à expliquer l’Afrique aux étrangers. « En entrant simplement dans une pièce on devient une représentante des femmes africaines », raconte Tebogo Lefifi, qui se sert de ce rôle pour promouvoir des investissements vers l’Afrique. Membre et fondatrice de nombreuses associations promouvant les relations Chine-Afrique, celle-ci encourage les jeunes africaines à se mobiliser pour le développement de ces relations. Selon l’experte, les Africaines doivent agir puisqu’elles souffrent le plus du manque d’investissements sur le continent. Elles seraient aussi les plus aptes à gérer ces financements : « En tant que responsables du foyer, les femmes pensent plus naturellement que les hommes à la durabilité des choses. Et la durabilité résulte en rentabilité et dans le développement de l’Afrique. Quand il s’agit des relations Chine-Afrique, on envoie souvent les hommes faire un travail de femme. »   

  

Apprendre de l’Autre 

En se soutenant mutuellement, les femmes africaines doivent donc s’emparer des domaines pour lesquels elles ont des aptitudes naturelles. Selon Raïssa Girondin, elles ont également beaucoup à apprendre des Chinoises. « Elles savent très bien créer du réseau, elles savent que c’est essentiel », affirme la journaliste. La jeune femme d’origine guadeloupéenne admire la volonté d’apprendre et d’entreprendre des femmes chinoises. Selon elle, la Chine et l’Afrique partageant énormément de valeurs, notamment le respect des anciens et l’importance de la famille, il est important de mieux connaître l’Autre.  

Les Chinoises ont également beaucoup à apprendre des Africaines, comme le rappelle la nouvelle loi chinoise contre les violences conjugales. Mise en application le 1er mars, cette loi a causé de nombreux débats lors des deux sessions politiques 2015 (l’Assemblée populaire nationale et la Conférence consultative politique du peuple chinois). « Nous avons des lois protégeant les femmes contre ce type de violence depuis des années en Afrique du Sud, alors que c’est nouveau en Chine. Les Sud-Africaines peuvent apprendre aux Chinoises comment utiliser la loi pour se protéger », expliquait Tebogo Lefifi à CHINAFRIQUE. 

Ces discussions – encadrées par Francis Tchiegue et Abdoulaye Fall, ambassadeur du Sénégal – ont captivé le jeune public de l’auditorium de l’ambassade du Cameroun pendant près de trois heures. Ambassadrice, entrepreneure, journaliste et étudiantes se sont accordées sur les trois étapes à suivre pour l’émancipation des femmes africaines : s’affirmer, s’unir et agir. Tebogo Lefifi d’ajouter « Et une fois arrivées, s’il vous plaît, ouvrez la porte pour les femmes qui arrivent derrière vous. »

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