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Culture et Société
  2016-04-29
 

Un échange réciproque

par Liu Jian | VOL.8 MAI 2016 CHINAFRIQUE
Mots-clés: échange culturel; Chine; Afrique

Des danseuses participent aux festivités organisées pour le Nouvel An chinois, à Kigali au Rwanda

 

Eduardo Saidi Tingatinga aurait été fier de savoir que l’art tribal africain, auquel il donna un nouveau souffle, voyage en Chine ce mois-ci. La peinture Tingatinga, qui débuta comme un art tribal utilisé par les Tanzaniens pour illuminer leurs murs, prit un nouvel essor vers la fin des années 1960, lorsqu’Eduardo Saidi Tingatinga commence à utiliser ce style dans ses peintures à Dar es Salaam. Ce faisant, il lance un mouvement artistique, qui prend par la suite son nom. Aujourd’hui, cette école comprend des milliers d’artistes, pas seulement en Tanzanie, mais également au Kenya et dans les pays voisins d’Afrique de l’Est. Dans cette région, il s’agit de l’un des arts les plus populaires, utilisé pour les souvenirs.

 

En Chine, les amateurs d’art auront un mois pour apprécier ce style avec l’exposition African Impression, présentée du 6 au 12 mai, au Musée de la femme et de l’enfant à Beijing. Vingt tableaux Tingatinga réalisés par des artistes tanzaniens seront ainsi exposés, accompagnés de 40 autres réalisés par une vingtaine d’artistes chinois lors de leur séjour en Afrique. La synergie entre les artistes africains et chinois sera représentée par des lavis d’encre de Chine, exécutés par Xu Qiping et ses élèves tanzaniens. L’année dernière, cette Chinoise a enseigné la calligraphie et la peinture chinoise de novembre à décembre aux étudiants du Centre culturel chinois de Tanzanie et du Département des beauxarts et des arts de la scène de l’Université de Dar es Salaam. 

  

D’autres projets interactifs sont programmés pour le mois de mai. La troupe artistique sud-africaine MusicFest, se produira dans de nombreux endroits de la capitale chinoise : au parc de Chaoyang, à l’Université de Pékin et au Grand théâtre national. En collaboration avec des artistes chinois, la troupe prendra également part au festival artistique Meet in Beijing 2016, organisé chaque année par le ministère chinois de la Culture, le gouvernement municipal de Beijing et l’Administration générale d’État de la Radio, du Film et de la Télévision. Ce festival est devenu un marqueur essentiel de la culture chinoise. 

  

En septembre, des musiciens, des chanteurs et des danseurs venus de divers pays d’Afrique présenteront leur art à Beijing, au cours de la Nuit africaine. Ces événements s’inscrivent dans le cadre du programme « Zoom sur la culture africaine », qui entre dans sa quatrième année. Avec un lancement prévu pour le 6 mai, ce programme de huit mois permettra de présenter plus en profondeur l’art et les spectacles venus d’Afrique et sera l’occasion pour les Chinois d’en apprendre davantage sur la culture d’un continent qui, malgré son éloignement, reste l’un des plus grands partenaires commerciaux et diplomatiques de la Chine. En découvrant l’art et la culture de l’Autre, les deux parties seront capables de mieux se comprendre. Des échanges académiques ont également été prévus, comme des séminaires et des programmes de résidence artistique. En juillet, de nombreux artistes africains participeront par ailleurs à des ateliers à Chengdu − capitale du Sichuan − pour créer sur le thème de la Chine. Depuis 2008, les programmes « Zoom sur la culture africaine » et « Zoom sur la culture chinoise » sont organisés en alternance tous les deux ans par le ministère de la Culture. Ils constituent désormais des marqueurs importants et des plate-formes pour les échanges culturels entre la Chine et l’Afrique. Le premier a été organisé à Shenzhen, dans le sud de la Chine. Mais aujourd’hui, ils couvrent plus de villes avec des événements diversifiés. 

  

En 2014, a été célébrée l’Année de l’Afrique du Sud en Chine. Puis, en 2015, l’Année de la Chine en Afrique du Sud, permettant respectivement aux populations de ces deux pays de faire l’expérience de la culture de l’Autre. « Les Sud-Africains apprécient la richesse de la culture chinoise, à travers les ballets, les œuvres d’art, les films, le théâtre, les expositions photographiques, les spectacles d’acrobatie et les arts martiaux », explique Tebogo Lefifi, représentante en chef pour la Chine de la marque South Africa, une agence sud-africaine faisant la promotion du pays. « Ces représentations ont été pilotées au niveau local à travers 28 accords de jumelage entre les provinces et les villes. C’est cet engagement qui permet d’approfondir les relations interpersonnelles, manquant souvent dans les relations et les échanges sino-africains. » 

  

Des étudiants égyptiens réalisent la danse du dragon, au Caire

Célébrations sans frontières 

Suleman Dussa, gérant d’un hôtel tanzanien, se souvient de son premier Nouvel An chinois comme si c’était hier : « J’ai traversé au moins cinq provinces et conduit pendant 80 heures, pour me rendre chez mes amis et célébrer avec eux la Fête du Printemps. » De retour dans son pays en 2015, Suleman continue de participer à cette fête et à se joindre aux quelque 50 000 Chinois travaillant, étudiant et vivant en Tanzanie. « J’aime le Nouvel An chinois pour toutes les choses qui vont avec », explique-t-il. « On reçoit de nombreuses invitations, on fait beaucoup de choses 

et on rencontre beaucoup de monde. En plus, ces activités rassemblent la famille et les amis. Plus les gens apprendront à se connaître, à se comprendre et à respecter les cultures de chacun, plus il sera facile de vivre ensemble. » 

  

Cette année, le Nouvel An chinois fut célébré à Dar es Salaam. Les festivités ont mêlé les arts traditionnels chinois et les arts tanzaniens, avec du chant, des acrobaties et des arts martiaux. « Il s’agit d’une combinaison parfaite entre deux cultures différentes et cela crée une bonne connexion entre les deux pays », estime Gao Wei, directeur du Centre culturel de Chine en Tanzanie. Selon lui, le festival vise à promouvoir la compréhension de la culture chinoise par les Tanzaniens et à leur permettre de s’associer à ces festivités raditionnelles. 

  

La Fête du Printemps de Dar es Salaam fait partie du programme « Happy Chinese New Year », organisé dans le monde entier par le ministère chinois de la Culture. Pour sa septième année, cet événement a engendré plus de 2 100 activités culturelles dans près de 400 villes de 140 pays et régions. 

  

Renforcement des capacités 

Yuan Daxi, directeur adjoint du Département africain du Bureau des relations culturelles extérieures dépendant du ministère de la Culture, a déclaré que des programmes d’échanges avaient été organisés pour fournir une formation en ressources humaines dans les pays africains. Quatre centres de formation ont notamment été établis en Chine, pour fournir des formations dans les arts martiaux, la broderie, les produits en bambou, la poterie céramique, le design créatif et la protection du patrimoine culturel. « Ces centres s’inscrivent dans le cadre des engagements pris par les dirigeants chinois et africains au cours de la 6e Conférence ministérielle du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), qui s’est déroulée à Johannesburg en décembre 2015 », explique-t-il. Selon le plan d’action du FCSA de Johannesburg 2016 − 2018, la partie chinoise doit établir dix centres de formation culturelle pour l’Afrique, accompagnés d’un programme baptisé « One Thousand People ». 

  

En 2012, le ministère chinois de la Culture a mis en place une formation spéciale de kung-fu à Shaolin, afin de renforcer les échanges culturels entre la Chine et l’Afrique. Chaque année, une vingtaine de pratiquants africains d’arts martiaux sont invités à un programme d’entraînement de trois mois au temple de Shaolin, dans la province du Henan. Cette année, le quatrième groupe d’étudiants africains ira s’entraîner entre juillet et septembre. « Par le passé, j’ai pratiqué les arts martiaux pour être fort et capable de me protéger. Mais après être allé à Shaolin, je me suis rendu compte que le kung-fu n’était pas une question de combat, mais un mode de vie », explique D’almeida Ayigan, un Togolais qui a participé au programme l’année dernière. « La méditation zen m’aide à garder un esprit tranquille et m’a appris à me contrôler et à respecter les autres ». Ayigan espère désormais enseigner ce qu’il a appris à ses compatriotes.  

  

La Chine et les pays d’Afrique ont également de nombreux accords de coopération sur la protection du patrimoine culturel. En septembre de l’année dernière, le 2e Forum sino-africain pour la préservation du patrimoine culturel fut organisé à Chengdu dans le Sichuan, rassemblant des experts et des officiels de la Chine et de quatorze pays africains. Comme la Chine, les pays d’Afrique possèdent un riche héritage culturel. Mais avec les conflits et les catastrophes naturelles, les mesures pour le préserver n’étaient pas adaptées. « La Chine possède un patrimoine culturel riche et varié, qui est bien protégé. Le potentiel pour la coopération est donc extrêmement important », expliquait lors du forum Nabil Kallala, directeur général de l’Institut national du Patrimoine de Tunisie, à CHINAFRIQUE. 

  

La vedette del’opéra chinois, Yang Xiayun, participe au festival Dias, en Afrique du Sud

Des échanges plus poussés 

Avec le développement économique de la Chine et des pays africains, les besoins culturels des populations se sont diversifiés et ont augmenté. Le ministre chinois de la Culture, Luo Shugang, a écrit dans un article : « Les échanges culturels sino-africains sont passés d’une simple initiative gouvernementale à un nouveau schéma caractérisé par le rôle prépondérant du gouvernement et la participation de tous les secteurs de la société. » Les provinces et les municipalités chinoises ont pris part de manière intensive aux échanges culturels sino-africains, en coopération avec le ministère. Depuis 2012, un total de quatorze provinces et municipalités ont organisé près de 100 programmes culturels avec 26 pays africains. Les ministères, les Bureaux culturels locaux, les entreprises, les organisations non-gouvernementales, les institutions de recherche, les troupes artistiques et les médias, ont tous participé dans ces échanges. 

  

Dans les domaines cinématographiques et télévisuels, les échanges et la coopération ont également été renforcés. Certaines séries chinoises ont même été doublées et diffusées en Afrique. Les téléspectateurs africains peuvent ainsi en apprendre davantage sur la Chine. Doudou et ses belles-mères, une comédie qui parle d’un couple moderne et de ses relations avec leurs belles-familles, a été doublée en swahili et diffusée dans les pays d’Afrique de l’Est en 2011, remportant un franc succès. D’autres séries n’ont pas tardé à suivre et de nombreux films et feuilletons ont ainsi été doublés en swahili, en haoussa, en anglais, en français, en arabe et en portugais, pour être diffusés en Afrique. Ces derniers ont largement gagné en popularité parmi les audiences locales. Les intrigues − drôles et intéressantes − permettent aux téléspectateurs africains d’entrevoir la vie de tous les jours des Chinois. « Les relations familiales sont un sujet commun à travers le monde. Cela nous permet de mieux comprendre la Chine d’aujourd’hui », explique Mohamedi Omari Kaboba, artiste tanzanien. « Avant de venir en Chine, j’ai regardé de nombreux films de kung-fu et je pensais que tous les Chinois pratiquaient les arts martiaux. Mais lorsque j’ai commencé à regarder ces séries télévisées, j’ai découvert une Chine différente. Les histoires d’amour des jeunes chinois sont les mêmes que dans mon pays », raconte Nastru Sani, Nigérian de 34 ans.  

  

Pour Li Jiashan, doyen exécutif de l’Institut national pour le développement culturel de l’Université des études internationales de Beijing, « en comprenant la culture des autres, les populations de différents pays peuvent communiquer à travers leur coeur ». En décembre 2015, afin de stimuler une compréhension et une coopération réciproques, un centre de recherche a été mis en place à l’Université normale du Zhejiang, afin d’étudier les films et les programmes de télévision africains. Ce centre privilégie les échanges académiques et le développement des compétences, indique Liu Hongwu, directeur du centre. 

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