L’expérimenté guide nigérien Abdoulaye Sabiou connaît bien le désert

« Les Chinois rêvent de désert ». C’est ce qu’affirme Abdoulaye lorsque je le rencontre pour la première fois dans un café de Beijing. Intriguée, j’écoute avec attention le récit de ce Touareg du nord du Niger. Comme par magie, de simples mots éveillent tout un imaginaire d’aventures et de voyages : gazelles, villages nomades, oasis, falaises, salines, balades en pirogue… Sans tarder, je me prends aussi à rêver de désert.  

En Chine depuis deux ans, Abdoulaye Sabiou est né à Inwaggar en 1967. Après une carrière dans les forces de police nigériennes, il devient accompagnateur et guide pour l’agence de voyages Atalante en Libye, avant de déménager en France, pays dont il acquiert la nationalité. En 2014, quand son épouse est mutée en Chine, Atalante en profite pour l’envoyer en Mongolie former des accompagnateurs. Mais ce guide expérimenté se sent aujourd’hui investi d’une mission : « Je pense que c’est un devoir pour moi, en tant que ressortissant nigérien, d’essayer d’inviter des investisseurs chinois pour aller investir et créer de la main d’œuvre [au Niger]. Les gens ont besoin de main d’œuvre, ont besoin de travail. Et donc pour moi si ces Chinois vont là-bas pour créer des sociétés ou autre, ils créeront des emplois, et ça c’est intéressant pour la population nigérienne. »  

Vue sur le fleuve Niger

Un singulier itinéraire touristique est né de cette volonté : Sur les traces des investissements chinois au Niger. Pour lier l’utile à l’agréable, les touristes chinois auront un aperçu des opportunités économiques du Niger, tout en découvrant les extraordinaires paysages du pays. Lors d’un séjour de deux semaines, les touristes visiteront la capitale, Niamey, quelques villes et villages du pays, les étendues désertiques, mais aussi les lieux où sont installées les entreprises chinoises. « On ne va pas aller dans les usines, mais on va bivouaquer à côté, pour que les Chinois discutent avec leurs frères. Comme on peut aussi les rencontrer à Agadez, qui est la capitale du Nord-Niger, et éventuellement les rencontrer à Niamey, parce qu’il y a deux restaurants chinois à Niamey qui ont été créés par une Chinoise mariée à un Touareg. » Abdoulaye espère que ces rencontres avec les Chinois vivant au Niger et la beauté des paysages inciteront ces voyageurs à investir dans son pays d’origine.  

« Une grande opportunité » 

La Chine est déjà présente dans divers domaines au Niger, en particulier dans les infrastructures. Toutefois, Abdoulaye est persuadé que les Chinois seraient plus présents s’ils connaissaient mieux le pays : « Ici, quand tu parles du Niger certains Chinois te disent Nigéria immédiatement, ils te disent le football. J’ai compris qu’ils ne connaissent pas du tout ce pays malgré les profits considérables qu’ils en tirent. […] Je pense que c’est un terrain d’opportunité énorme, c’est vraiment une grande opportunité pour les Chinois sauf qu’ils n’ont pas encore découvert ce petit coin de la Terre. » 

Pour pouvoir mener à bien ce projet, celui qui parle déjà cinq langues (tamasheq, français, haoussa, arabe et anglais) apprend désormais le chinois. Loin de ressentir un quelconque choc culturel en Chine, Abdoulaye voit des points communs entre les Chinois et les Africains : « C’est des gens qui mangent en groupe, les hommes entre eux, les femmes entre elles. Je vois une certaine vie sociale très commune à celle de l’Afrique. » Ce constat l’encourage à promouvoir les relations Chine-Afrique, qu’il voit d’un bon œil, « Les investissements chinois au Niger, comme en Afrique en général, sont basés sur une certaine confiance gagnant-gagnant. Et ça c’est la façon avec laquelle tu peux bien aborder les Africains. […] Moi je trouve ça positif. » 

Sous le regard des touristes, des hippopotames se baignent dans le fleuve Niger

Histoire, animaux et taguella 

Pour charmer les possibles investisseurs, Abdoulaye compte également leur faire découvrir les richesses culturelles et naturelles du pays. Ainsi, ils visiteront le Musée national de Niamey, avant d’aller à la rencontre des hippopotames sur le fleuve Niger. Ils se rendront également sur les sites où ont été découverts des ossements de dinosaures, ou bien au parc W, l’une des plus grandes réserves d’animaux sauvages d’Afrique de l’Ouest. Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, ce parc est réputé pour ses grands mammifères : girafes, babouins, buffles, guépards, éléphants, léopards, lions, etc. Les touristes suivant Abdoulaye pourront aussi visiter le centre historique d’Agadez et son fameux minaret en forme d’obélisque, également inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. 

Le Niger abrite de nombreux mammifères, notamment des girafes

Mais un voyage au Niger ne serait pas complet sans des nuits à la belle étoile, « indescriptibles » selon Abdoulaye. Un moment idyllique qu’il faut vivre en dégustant le traditionnel pain touareg, la taguella. « C’est le plat traditionnel, enterré dans du sable. Quand ils vont le voir ils ne vont pas vouloir le manger, par peur que ce soit bourré de sable, or tu ne trouveras aucun grain de sable à la fin », affirme-t-il fièrement. Enfin, pour accompagner ce « pain du désert », les voyageurs découvriront le thé touareg avec de la mousse : « Ils vont déguster un thé qui vient de chez eux mais qu’ils n’ont jamais préparé de cette façon ! » Opportunités, paysages paradisiaques, histoire et cuisine, le Niger d’Abdoulaye a un petit air d’Eldorado.   

Pour plus d’informations, contactez Abdoulaye Sabiou : 

E-mail : abdoulaye_sabiou@yahoo.fr   

Tel : (0086) 186 0017 1863