2016-07-12 |
Un voyage et un rêve partagés |
par Julie O’yang | VOL.8 JUILLET 2016 |
Mots-clés: Martin Mhando; réalisateur |
La musique africaine joue un rôle primordial lors du Festival international du film de Zanzibar
Pour Martin Mondho, conservateur et président du Festival international du film de Zanzibar (ZIFF), le cinéma est un langage, car « un film nécessite de briser les conventions et implique la diversité ».
Mhando aime le cinéma. Il aime réaliser des films et en assurer la conservation. Son premier long métrage, intitulé Maangamizi : The Ancient One est un film américano-tanzanien de 2001, réalisé en collaboration avec Ron Mulvihill, directeur de la photographie et producteur du film. Après avoir été présenté en avant-première au Pan African Film Festival la même année, le film fut projeté dans plus de 55 festivals de cinéma à travers le monde, remportant de nombreuses récompenses.
Mhando, « un vieil ami de la Chine », a une longue expérience avec ce pays : son premier voyage à Beijing remonte à 1976. Son prochain film, Ni Kunga, est une histoire d’amour entre un jeune Chinois et une Tanzanienne, à l’époque de la construction de la ligne ferroviaire reliant la Tanzanie à la Zambie. Il sortira en 2017.
Dans une interview exclusive avec la correspondante de CHIAFRQIUE, Julie O’yang, Mhando partage son expérience de la Chine et ses idées sur les échanges culturels entre la Chine et la Tanzanie.
CHIAFRQIUE : Quel regard portez-vous sur les échanges culturels entre la Chine et la Tanzanie ?
Martin Mhando : La Chine et la Tanzanie ont entretenu une relation longue et amicale au cours des dernières décennies. Les liens, qui unissent les deux pays, sont ancrés dans l’histoire. Un épisode remarquable de cette relation est la construction - avec l’aide de la Chine - d’une ligne ferroviaire de 1 800 km reliant la Tanzanie à la Zambie. L’Afrique a toujours eu besoin de la technologie pour son développement. Je pense qu’il n’y a aucun mal à cela. De bien des façons, ma carrière professionnelle s’est fait l’écho de l’appel de l’Afrique pour une ouverture des opportunités dans la culture et les affaires. La Chine est prête à fournir tout cela.
Ma toute première visite en Chine s’est déroulée, lorsque le Président Mao Zedong est décédé. En 1976, je suis allé à Beijing pour honorer ce grand homme d’idées. J’ai senti une réelle connexion avec cet endroit.
Lorsque la Chine essayait de reprendre sa position légitime au sein des Nations unies, parvenant finalement à cet objectif en 1971, parmi les pays africains soutenant cette motion, la Tanzanie a joué un rôle actif. Aujourd’hui, les deux pays continuent de maintenir des liens solides. Sur les cinq États membres de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), la Tanzanie continue d’attirer la plus grande partie des investissements chinois.
Vous êtes retourné en Chine de nombreuses fois les années suivantes. Qu’est-ce qui vous a poussé à y retourner ?
Les séries télévisées ! Au cours des dernières décennies, j’ai visité de nombreuses métropoles chinoises, comme Beijing, Shanghai et Guangzhou. Plus récemment, j’ai été invité par l’Université des ethnies du Yunnan, pour réaliser des documentaires sur des sujets locaux et présenter un point de vue africain sur la vie multiculturelle en Chine.
Avant cela, j’ai travaillé dans le Yunnan, en tant que réalisateur et conférencier invité à l’École normale supérieure de Yuxi. J’utilisais des feuilletons très connus pour enseigner aux apprentis réalisateurs de ma classe la structure et les conventions narratives. Je dois dire, que cela s’est avéré être un moyen efficace pour communiquer avec mes collègues et mes étudiants chinois, qui ne parlaient pas très bien l’anglais. Au final, ils étaient tous désireux de participer et étaient moins timides et réservés. À cette époque, ma vie était un vrai feuilleton !
Vous avez apporté un peu d’Afrique en Chine. Avez-vous rapporté un peu de Chine en Afrique ?
J’ai toujours eu la motivation de travailler de plus en plus avec la Chine et sur des sujets chinois.
En 2008, un groupe de danse venant de Qingdao, a participé au ZIFF et présenté au Zanzibar un spectacle acrobatique inoubliable. Présenté pour la première fois dans les années 60, la tradition acrobatique chinoise a pris racine en Tanzanie de manière très spéciale. On peut dire que chaque groupe de théâtre tanzanien a aujourd’hui une expérience d’échange culturel avec la Chine et des compagnies acrobatiques chinoises envoyées en Afrique. Les acrobates et les stars du kung-fu chinois ont toujours été des sujets d’intérêt, voire des icônes.
Dans un autre registre, la fabrication artisanale et le séchage de nouilles chinoises est une scène familière sous le soleil de Zanzibar ! Nous accueillons la coopération continue dans ces domaines. Dans le même temps, nous sommes également à la recherche de nouveaux challenges. Par exemple, nous avons signé cette année un accord avec l’Académie du Film de Beijing, pour qu’une sélection du ZIFF soit diffusée en Chine.
En retour, nous attendons que les réalisateurs chinois nous soumettent leur travail de manière indépendante ou par l’intermédiaire des canaux officiels pour toucher l’audience ici.
En 2009, l’affiche du ZIFF a été conçue par un étudiant de l’École normale supérieure de Yuxi. Je veux souligner le fait que, si le ZIFF touche à la tradition et au passé, il s’inscrit également dans l’avenir et défend la nouveauté et la fraîcheur des nouvelles voix du cinéma.
BOX :
Voyage celluloïd
Le Festival international du Film de Zanzibar (ZIFF), également connu sous le nom de Festival annuel des pays Dhow, est le plus grand événement culturel en Afrique de l’Est et constitue une attraction touristique incontournable.
Le ZIFF est une organisation non-gouvernementale fondée en 1997 pour promouvoir les industries cinématographiques et culturelles, et propulser la croissance économique et sociale de la région.
Cette année, le festival a pour thème « This Journey of Ours » (en français : « Ce voyage qui est le nôtre ») et se déroulera du 9 au 17 juillet. Le programme inclut des groupes de discussion, des ateliers, des projections de films locaux et internationaux et des concerts.
Le ZIFF est considéré comme une plate-forme éducative, offrant des opportunités de réseaux pour les professionnels, mais aussi les spectateurs du monde entier.
Exclusif CHINAFRIQUE
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