2016-10-14 |
Des valeurs universelles |
par Pan Jianing et Liu Ce | VOL.8 octobre 2016 |
Mots-clés: Lei Feng |
Après quelques recherches, il découvre l'histoire de Lei. Un jeune orphelin ayant rejoint l'unité de transports de l'Armée populaire de libération à l'âge de 20 ans. Selon sa biographie officielle, il serait mort un an plus tard, en 1962, lorsqu'un poteau lui tombe dessus. Malgré l'absence de médailles ou d'actes héroïques, le jeune homme devient célèbre en Chine par son dévouement pour ses compagnons, toujours faisant passer leurs besoins avant les siens et prêt à les aider.
À la découverte de Lei Feng
En 1963, la popularité du personnage est à son comble quand on découvre un journal intime, qui lui est attribué. Une campagne intitulée « En savoir plus sur le camarade Lei Feng » est alors lancée et on voit apparaître des posters et de nombreux objets mémoriels à l'image du jeune soldat. Lei a été posté dans le Liaoning et s'est rendu à Jinzhou, une coincidence qui ne pouvait qu'alimenter la curiosité de l'Américain. Peu après cette découverte, un étudiant offre à Rogers un exemplaire du journal de Lei. « Mon épouse Sun Ning et moi le lisions le soir ensemble et surlignions les passages les plus fascinants », se souvient Rogers. En 2007, le couple décide de traduire ces passages à l'anglais. « C'était en fait un travail d'équipe, beaucoup de gens ont participé, y compris mon épouse, mes collègues, et quelques amis étrangers », raconte Rogers à CHINAFRIQUE. « Nous avons également passé des mois à discuter de l'essence du texte avant de commencer la traduction. »
La difficulté, explique-t-il, n'est pas venue de la langue, mais des différences culturelles. « La plus grande difficulté était la barrière culturelle. Heureusement, à l'époque, il y avait dans mon entourage cinq professeurs d'anglais, toujours prêts à discuter des problèmes liés à la traduction. Nous passions parfois des après-midi entiers à débattre à propos d'un mot, parce que je ne voulais pas faire de contre-sens et induire en erreur les lecteurs anglophones. » Aujourd'hui, les extraits traduits sont au Musée Lei Feng de Fushun, une autre ville du Liaoning. « Je pense que c'est le plus grand accomplissement de ma vie », confie Rogers. « J'espère qu'un jour quelqu'un traduira tout le journal et qu'il sera publié, parce que c'est vraiment un livre qui mérite d'être lu par tous, pas seulement par les Chinois. »
Aller au-delà des mots
Alors que Rogers travaillait sur les Extraits du journal de Lei Feng, beaucoup de choses ont changé dans sa vie. Son séjour qui devait durer un an se prolonge, à 45 ans, il habite dans le Liaoning depuis maintenant 11 ans. Il a une fille de 7 ans et a déménagé dans la ville de Dalian. Il ne travaille plus pour l'université mais pour la Banque de Jinzhou, où il est gérant adjoint du département des affaires internationales. À la tête de la Chambre de commerce des États-Unis pour la région nord-ouest de la Chine, il est devenu une célébrité locale, les médias chinois le surnomment « le Lei Feng étranger ». Malgré tous ces changements, une constante persiste : son intérêt pour Lei Feng et son admiration pour le personnage. « J'ai tenté par tous les moyens d'obtenir plus d'informations sur lui », assure Rogers. « Et j'ai eu la chance d'être embauché à la branche Lei Feng de la Banque de Jinzhou, le gérant m'a aidé à obtenir beaucoup d'informations. »
Selon lui, Lei Feng est bien plus qu'un soldat ou un écrivain, c'est un modèle à suivre, quelqu'un dont on peut s'inspirer. « Depuis mon enfance, il a toujours été très important pour moi d'aider les autres, et une fois arrivé en Chine, j'ai commencé à suivre les pas de Lei Feng. » En 2008, lorsqu'un tremblement de terre touche le district de Wenchuan, dans la province du Sichuan au sud-ouest de la Chine, tuant plus de 69 000 personnes, Rogers prend l'initiative de récolter des fonds pour les rescapés auprès des expatriés de la région. « Tous les étrangers à qui j'ai fait appel, autour de 48 personnes à cette époque, sont vénus et ont participé autant qu'ils le pouvaient. Même les étudiants africains, qui n'avaient pas assez d'argent pour eux-mêmes, ont fait des donations pour les survivants du tremblement de terre », se souvient fièrement le banquier. « Nous considérions que c'était notre devoir, comme étrangers vivant en Chine, de faire quelque chose pour les sans-abris de Wenchuan, sinon on n'a rien à faire ici. »
Une autre des initiatives lancées par l'Américain concerne une jeune orpheline élevée par ses grands parents dans une ferme. Pour l'aider à réaliser son rêve de devenir danseuse, Rogers lui paye des leçons de ballet depuis six ans. « C'est ça que signifie réellement Lei Feng pour moi », affirme-t-il. « C'est un plaisir d'aider les gens dans mon entourage, et c'est aussi la valeur fondamentale promue par l'esprit de Lei Feng. Ce que je fais me rend heureux et est pour moi une obligation. »
Un homme de valeurs
Rogers est persuadé que la pensée de Lei Feng continuera d'avoir toute sa place dans le monde globalisé d'aujourd'hui, très différent de celui que le soldat a connu : « De nos jours, tout le monde a besoin de cet esprit. Comment ne pas admirer un homme si extraordinaire et de telles valeurs ? Certains critiques en Occident disent que Lei Feng est une figure construite de toute pièce pour la propagande, souriant dans tous les posters. Et alors ? Toutes les grandes figures de l'histoire, de Martin Luther King à Nelson Mandela, ont été critiquées. »
Selon le banquier, Lei Feng continuera d'inspirer les générations à venir grâce aux valeurs qu'il représente – l'entreaide et l'aide inconditionnelle aux plus démunis – des valeurs dont personne ne peut nier l'importance. « Peu importe que vous soyez Chinois, Américain, Africain, Européen ou Russe, nous avons tous besoin de valeurs. Le monde serait bien meilleur si plus de personnes suivaient son exemple. L'esprit de Lei Feng a une portée et une valeur universelle. »
Exclusif CHINAFRIQUE
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