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Culture et Société
  2016-12-01
 

Diplomatie du petit écran

par François Dubé | VOL. 8 Décembre 2016
Mots-clés: coopération des industries télévisuelle et cinématographique

Grâce à StarTimes, les Nigérians peuvent regarder la télévision chinoise chez eux.

 

Jackie Chan est mondialement connu pour ses incroyables bagarres et cascades, mais pendant la tournée promotionnelle pour son film Dragon Blade en 2015, ce sont les talents linguistiques du maître de kung fu qui ont attiré l'attention du public. Dans une courte vidéo publiée sur internet, Chan saluait ses fans dans quatre des langues locales nigérianes, à savoir le pidgin, le yoruba, le haoussa et l'igbo, créant le buzz chez les internautes.

Cette vidéo n'est qu'une preuve supplémentaire des liens de plus en plus étroits entre les industries du divertissement du Nigéria et de la Chine. Alors que l'industrie cinématographique chinoise tente d'attirer des cinéphiles étrangers, Nollywood (nom donné à l'industrie du film nigériane) voit en la Chine un marché prometteur. Il existe donc des deux côtés une volonté d'accroître la collaboration et les échanges.

Le groupe StarTimes est un des principaux acteurs de cette tendance. Cette entreprise spécialisée dans les médias, basée à Beijing, a été l'une des premières à rendre la culture chinoise accessible sur le continent africain. Cette initiative a connu un tel succès que l'exportation de films et séries chinoises vers le marché nigérian fait désormais pleinement partie du modèle commercial de la compagnie. « Nous nous considérons désormais comme un pont culturel entre l'Afrique et la Chine », affirme Ma Shaoyong, directeur marketing de StarTimes pour la région Afrique de l'Ouest.

Saison chinoise en Afrique

Fondée en 1988, la compagnie StarTimes est devenue un important opérateur de télévision et fournisseur de contenu en Afrique. StarTimes s'implante pour la première fois sur le continent en 2007, en devenant le premier opérateur de télévision numérique au Rwanda. En 2009, elle parvient à se faire une place dans le marché nigérian. Aujourd'hui, la compagnie chinoise fournit 8 millions d'abonnés, dans 10 pays africains.

Si l'objectif principal de la compagnie est de rendre la télévision numérique accessible et abordable en Afrique, celle-ci soutient également les échanges culturels. Le 22 septembre a été lancée la Saison télévisuelle et cinématographique de Beijing en Afrique (Beijing TV Season), à Abuja, au Nigéria. Lors de ce cycle audiovisuel, qui durera un an, 400 épisodes de séries télévisées et 17 films chinois seront diffusés dans le pays. « C'est la troisième fois que StarTimes et le Bureau municipal de presse, publication, radio, cinéma et télévision de Beijing collaborent pour organiser la Beijing TV Season », explique Luke Liu, chargé des relations publiques de StarTimes à l'étranger. Cette saison a connu un réel succès en 2014 et 2015, si bien qu'elle a également été organisée en Tanzanie et au Rwanda en 2016.

À mesure que les échanges culturels entre Chinois et Africains s'intensifient, les séries télévisées et les films chinois deviennent de plus en plus populaires sur le continent africain. « Les bonnes histoires parleront toujours aux gens, elles permettent de partager des sentiments et des émotions, dépassant les barrières de culture ou de civilisation », confie Liu à CHINAFRIQUE.

Selon Nathan Nathaniel Ekpo, journaliste nigérian spécialisé dans le cinéma, le succès de StarTimes en Afrique peut s'expliquer par les efforts de la compagnie pour doubler les programmes chinois en yoruba et autres langues locales, attirant ainsi un plus grand nombre de téléspectateurs. Le vice-ministre chinois de la Culture, Ding Wei, apprécie tout particulièrement le travail de StarTimes, notamment la Beijing TV Season, qui correspond à la volonté du Président Xi Jinping de « mieux raconter la Chine ». « Je pense que les échanges culturels peuvent être une langue commune entre la Chine et l'Afrique », affirmait le vice-ministre lors d'une conférence sur la coopération culturelle sino-africaine, à Beijing en octobre. « L'expansion de la culture est le véritable objectif de l'humanité, c'est un type d'échange plus évolué, qui donne de l'élan et de la vitalité aux échanges entre la Chine et l'Afrique dans d'autres domaines. »

Découvrir Nollywood

Depuis que les programmes chinois gagnent en popularité, les réalisateurs et producteurs nigérians considèrent la Chine comme un marché potentiel pour Nollywood. Avec plus de 1 800 films produits chaque année, Nollywood est la deuxième industrie du cinéma en termes de volume de production après Bollywood en Inde, avec une valeur estimée à 5 milliards de dollars en 2014. Bien plus qu'une simple puissance économique, Nollywood représente le Nigéria dans le monde.

Lors de sa visite à Beijing en octobre, l'une des priorités d'Ayotunde Adesugba, secrétaire permanente du ministère de la Culture nigérian, était de faciliter l'accès de Nollywood au marché chinois. « Notre industrie cinématographique, Nollywood, est un excellent vivier culturel. C'est un domaine dans lequel on peut beaucoup faire en termes d'échanges, mais également de renforcement de capacités. Je crois fermement que nous pouvons en tirer profit », confiait-elle alors à CHINAFRIQUE. Selon elle, Nollywood est l'une des industries les plus prometteuses en termes de coopération culturelle entre les deux pays, et pourrait apporter de nombreux bénéfices aux producteurs nigérians. La Chine compte plus de 31 000 écrans de cinéma modernes, alors qu'il y en a moins de 100 au Nigéria et près de 1 000 sur le continent africain. « La Chine peut sans aucun doute devenir un marché pour les films nollywoodiens. Les films chinois sont déjà assez populaires au Nigéria, particulièrement les films d'arts martiaux, ou films de ce type. Bien sûr, je pense que nous pouvons faire mieux, nous pouvons être plus efficaces dans nos échanges, et dans la promotion de nos cultures respectives », affirmait Adesugba.

Défis à venir

Pour Lawrence Akande, diplômé de l'Académie du cinéma de Beijing et producteur à Nollywood, le partenariat culturel entre les deux pays offre des perspectives prometteuses, malgré quelques obstacles. Selon lui, si les réalisateurs nigérians veulent exporter leurs films, il leur faut d'abord comprendre les spécificités culturelles de leur marché cible. « Il est difficile de s'implanter dans un pays que l'on connaît mal », affirme-t-il. Une des solutions pourrait être d'accroître la diversification et la collaboration. « Il faut diversifier en termes de culture et collaborer en termes de production. C'est une méthode déjà utilisée par Hollywood pour pénétrer les marchés d'autres pays et attirer diverses audiences autour du monde », explique Akande à CHINAFRIQUE.

La collaboration peut également permettre aux producteurs nigérians de compenser leur manque de connaissances des réglementations et des standards des marchés étrangers, problème qui constitue l'un des obstacles majeurs à l'exportation des films du pays. Mais cette coopération audiovisuelle ne serait pas uniquement bénéfique au Nigéria, affirme Akande, puisqu'elle permettrait aux producteurs chinois de mieux comprendre le marché nigérian, sur lequel la concurrence coréenne et japonaise s'intensifie. Le producteur sinophile est persuadé que la Chine relèvera ces défis et deviendra un marché majeur pour les films nollywoodiens. « J'ai vécu en Chine pendant cinq ans, et je sais que l'Afrique et la Chine ont des ressemblances culturelles », dit-il à CHINAFRIQUE. « Si les populations des deux régions se rendent compte des valeurs qu'elles partagent, elles sauront apprécier leurs films respectifs. »

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