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Culture et Société
  2017-09-29
 

Du cœur au ventre

par François Dubé | VOL. 9 octobre 2017
Mots-clés: danse du ventre

Lorsque Sammia Du a fait ses premiers pas sur scène, dans un hôtel cinq étoiles au centre de la capitale égyptienne, le public semblait quelque peu dubitatif.

Ses traits asiatiques la distinguaient clairement des autres danseuses ce soir-là. Mais quand elle s'est mise à enchaîner les mouvements au rythme des tambours, le public est tombé sous le charme.

« C'est un plaisir indescriptible pour moi de monter sur scène et de me laisser porter par le rythme et les mélodies arabes. J'ai besoin de ça. J'aime cette musique et cette danse et j'aime l'Égypte, comme si j'y avais déjà vécu dans une vie précédente ! » raconte Sammia Du à CHINAFRIQUE, peu après sa performance au Caire.

Sammia Du - ou Du Xiangxiang de son nom chinois - fut parmi les premières à introduire la danse du ventre à Shenzhen, sa ville natale. Ces dernières années, cette forme de danse traditionnelle a vu sa popularité exploser en Chine, notamment grâce aux efforts de professeurs comme Sammia.

Alors que les danseurs du ventre du Caire souffrent du ralentissement de l'industrie touristique, ce boom de popularité inattendu en Chine a ouvert de nouveaux espaces d'échange entre les deux pays.

Reconnue d'est en ouest

Mais c'est par pur hasard que Sammia Du découvre la danse du ventre, dont les origines remontent à l'Empire Ottoman, selon les historiens. En 2003, un ami Américain lui fait parvenir un DVD sur lequel se trouve un numéro de danse égyptienne qui capte aussitôt son attention.

« J'ai tout de suite été attirée pour les mouvements particuliers et la musique. Je trouvais incroyable la façon dont les danseuses arrivaient à concentrer leurs mouvements sur une seule partie de leur corps, comme les hanches ou le ventre. C'est une forme de danse qui développe le contrôle de certains muscles spécifiques », explique-t-elle.

Appelée raqs sharqi en Arabe (littéralement, danse orientale), les mouvements ondulatoires de cette danse sont sensés symboliser la fertilité de la femme. Pour Sammia, c'est le début d'une passion qui l'a menée à réaliser son premier voyage en Égypte en 2006.

« J'aime cette danse car elle me permet d'exprimer mes sentiments les plus profonds, dit Sammia. Que je sois triste ou heureuse, je peux communiquer toutes mes émotions à travers les mouvements de cette danse très expressive. »

Cet amour la poussé finalement à créer le Sammia Dance Studio en 2007, une école spécialisée dans la danse du ventre sur plus de 1 000 m où elle a déjà formé plus de 1 000 danseurs.

Mais sa plus grande fierté est d'être la première Chinoise à avoir été homologuée comme professeur de danse par le Festival international de danse du ventre Ahlan Wa Sahlan, le plus prestigieux rassemblement du genre, qui se tient annuellement au Caire.

« J'ai étudié la danse par moi-même en Chine, et me voilà aux côtés de vrais experts et professionnels en Égypte. Mais à force de les côtoyer, j'ai beaucoup appris et j'y retourne chaque année depuis 14 ans », dit-elle.

 

 

Un nouveau souffle venu de Chine

Pilier du tourisme, la danse du ventre a été durement touchée ces dernières années par une chute de popularité en Égypte. Après avoir connu son heure de gloire dans les années 1950 pendant la période faste de l'industrie cinématographique égyptienne, la danse du ventre a été victime ces dernières années de sa réputation lascive. Si, par le passé, les danses du ventre étaient chose commune lors des mariages, elle est désormais condamnée par les segments les plus conservateurs de la société, explique Raqia Hassan, président du festival Ahlan Wa Sahlan.

« Cette danse, par son charme enivrant et naturel, symbolise avant tout l'amour des Égyptiens pour la musique. Mais maintenant, beaucoup de danseuses négligent cet aspect et se contentent de mimiques sexy et bas de gamme pour plaire au public », se plaint-elle.

Dans ces circonstances, l'engouement chinois pour cette danse est vu comme une bouffée d'air frais. La Chine est maintenant un géant du marché mondial de la danse du ventre, le pays comptant plusieurs dizaines de milliers d'étudiants et des centaines d'écoles, selon des experts de l'industrie.

« Mes étudiants viennent de tous les horizons, Ce sont des avocats, des docteurs, des entrepreneurs, etc. Ils sont attirés par ce qu'ils voient dans les films, la musique et les habits orientaux, alors que d'autres y voient un passe-temps ou une manière de se remettre en forme, » dit Sammia. La demande est telle que les écoles de danse du ventre au Caire, telles que l'école de Raqia Hassan, offrent maintenant des cours avec traduction simultanée en mandarin pour répondre aux besoins des étudiants chinois.

Depuis une dizaine d'année, Sammia organise également des voyages d'études en Égypte, où elle amène une quinzaine d'étudiantes de toute la Chine au Caire, pour suivre des formations intensives. Ces voyages permettent aux étudiants d'assimiler l'esprit de la danse en s'immergeant dans la culture, explique-t-elle.

« Les Égyptiens expriment volontiers leurs sentiments et leurs désirs directement et simplement. Cela se reflète dans les mouvements de leur danse. Les danseurs chinois, par contre, sont davantage restreints. En ce qui me concerne, j'ai constaté que ma personnalité a changé à mesure que j'apprenais la danse. Peu à peu, je suis devenue plus simple, plus ouverte, moins contrainte, parce que j'aime cette danse, cette culture et ce pays. »

(Reportage du Caire, Égypte)

Pour vos commentaires : francoisdube@chinafrica.cn

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