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  2018-04-25
 

Aventure à vélo

par Li Jing  ·   2018-04-25
Mots-clés: Yuan Jianglei; aventure; culture
Jianglei traverse une rivière au pied du massif de l'Atlas, au Maroc.

Un proverbe chinois dit qu'un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas. Or, pour Yuan Jianglei, tout a commencé par un coup de pédale.

Le jeune homme de 27 ans a réussi un exploit dont peu peuvent se vanter : il a traversé l'Afrique en vélo ! Son aventure épique en solo sur 10 544 km a débuté au Bénin, à l'ouest du continent. Après avoir pédalé dans 16 pays et régions pendant 333 jours, il est finalement arrivé dans sa ville natale de Ningbo, dans la province du Zhejiang, à l'est de la Chine, en septembre 2017.

« C'était une expérience incroyable, a dit Jianglei à CHINAFRIQUE. Personnellement, j'aime les sports de plein air, où je peux avoir plus de liberté pour admirer les paysages et vivre les cultures différentes, surtout en Afrique, un continent qui m'est cher. »

Au-delà du tourisme, son voyage visait aussi à recueillir des dons pour un projet caritatif initié par Jianglei, visant à améliorer l'accès à l'eau potable et à l'électricité au Bénin, un pays où Jianglei a travaillé comme professeur de chinois pendant deux ans.

En 2014, après ses études à l'Université des Communications de Chongqing, dans le sud-ouest de la Chine, Jianglei voulait changer d'air et élargir ses horizons. Il s'est donc porté volontaire pour enseigner le chinois à l'Institut Confucius d'Abomey-Calavi, une ville sur la côte atlantique du Bénin.

Au cours de ses deux années passées au Bénin, Jianglei est tombé amoureux de la beauté naturelle et de la culture unique de cette région du monde. En même temps, il a découvert les graves problèmes liés à l'approvisionnement en eau et en électricité dans certaines parties du pays.

« Les Béninois autour de moi sont toujours optimistes et j'espère vraiment pouvoir faire quelque chose pour eux », dit-il.

Au courant du projet de Jianglei, la compagnie chinoise Apsonic, une société de fabrication de motocyclettes basée au Bénin, a décidé de l'aider à mettre en œuvre son idée. Apsonic s'est engagée à donner un dollar pour chaque kilomètre parcouru par Jianglei sur sa bicyclette. L'argent recueilli est destiné à la construction d'un puits et d'une centrale électrique solaire dans le village de Nipouni, au nord du Bénin, où Jianglei avait constaté un manque d'eau et d'électricité lors de sa visite sur place.

Jianglei teste les spécialités locales au Maroc.

Une route de l'amitié

En septembre 2016, Jianglei a enfourché son vélo et s'est élancé sur les routes béninoises, après quoi il a visité le Togo, le Mali, le Sénégal, la Gambie, la Mauritanie, le Maroc, et certains pays asiatiques. Il est arrivé à destination, en Chine, un an plus tard, en septembre 2017.

« Au cours de mon aventure, ce qui a été le plus inoubliable, ce sont les amis que j'ai rencontrés en cours de route », dit-il à CHINAFRIQUE. Il a reçu beaucoup d'aide des habitants locaux tout au long de son voyage et a été ému par leur gentillesse. « Même si nous parlions des langues différentes, un sourire ou une salutation en langue locale étaient suffisants pour faire tomber les barrières culturelles », dit Jianglei.

La partie la plus difficile du voyage s'est déroulée en Mauritanie. La section de 440 kilomètres allant de la capitale Nouakchott à Atar, une ville au nord-ouest du pays, qu'il avait prévu de terminer en trois jours, lui a pris huit jours à cause des fortes tempêtes de sable. Des biscuits achetés dans de petites épiceries à tous les 50 ou 100 kilomètres étaient sa seule source de nourriture. Pour l'eau, des policiers postés aux barrages le long de la route lui en offraient gratuitement pour qu'il puisse se désaltérer et continuer à avancer. C'est en Mauritanie aussi qu'il a vécu l'expérience la plus impressionnante de son périple. Un jour, alors qu'il fait presque nuit, Jianglei n'arrive toujours pas à trouver un endroit adéquat pour planter sa tente. Anxieux, il aperçoit enfin une petite ferme. Il tente quelques « bonjours » en arabe plusieurs fois, et le propriétaire de la ferme sort de chez lui pour l'accueillir. Il passe finalement la nuit sur place, et se voit aussi offrir une écharpe de style local comme cadeau de bienvenue.

« Grâce à ce foulard, j'ai pu continuer à rouler malgré le soleil brûlant et les tempêtes de sable dans le désert », dit-il.

Au Maroc, Jianglei a été chaleureusement accueilli par Tolba Saadbouh, un jeune homme sahraoui. Il passe la nuit dans la maison de Saadbouh, où il se régale autour d'un festin de crabe royal, une spécialité locale. Après avoir fait ses adieux à son ami, et ne pensant jamais le revoir, il reprend la route. Coup de poisse ! 70 kilomètres plus loin, le porte-bagages du vélo de Jianglei se brise. Il contacte alors Saadbouh, qui saute immédiatement dans sa camionnette pour porter secours à Jianglei et l'emmener dans la ville voisine pour faire réparer son vélo.

« Quand mon vélo est tombé en panne, je ne savais pas quoi faire. Je ne m'attendais pas à ce que Saadbouh conduise 70 kilomètres juste pour venir m'aider. J'étais vraiment ému », dit-il.

Le goût de l'aventure

Bien que Jianglei ait bien planifié son voyage et reçu l'aide de nombreux amis africains en cours de routes, les accidents étaient inévitables. Comme le vent fort l'a ralenti en Mauritanie, il n'aurait pas pu quitter le pays avant l'expiration de son visa s'il avait continué à vélo. Il a donc dû prendre un train de marchandises à Choum, une ville du nord de la Mauritanie.

Or, le train ne s'arrête que quelques minutes à la gare de Choum. Jianglei a donc dû courir en poussant son vélo. Heureusement, un berger lui a donné un coup de main pour embarquer ses bagages et son vélo dans le train. Jianglei a finalement réussi à se hisser à bord au moment même où les wagons commençaient à avancer. Et ce n'est qu'une seule des nombreuses expériences incroyables qu'il a vécues au cours de son aventure. Le 6 mars, six mois après avoir terminé son voyage, il est retourné au Bénin pour remplir la promesse qu'il avait faite aux habitants de Nipouni. Il a été chaleureusement accueilli.

Ce projet de charité et ce voyage remarquable ont été filmés par Jianglei, qui prévoit produire un documentaire de 28 épisodes pour partager ses expériences inoubliables.

« J'espère que les gens pourront découvrir une Afrique plus authentique et un monde complètement différent du nôtre à travers ma lentille », dit-il. 

 

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