L’entreprise de production manufacturière chinoise, Shandong Kaitai Metal Abrasive, a conçu une stratégie en deux volets pour stimuler l’innovation. Après avoir conclu ces trois dernières années des accords de fusion et acquisition avec des entreprises étrangères, elle cherche désormais à acquérir une entreprise de recherche et développement pour progresser dans la chaîne de valeurs, en termes de positionnement sur le marché, de valeur de marque et de technologie innovante. Cette volonté s’inscrit en droite ligne dans la tendance croissante des entreprises chinoises à réaliser des fusions et acquisitions à l’étranger et à importer des marques et des technologies étrangères sur le marché national.  

Ce n’est cependant pas suffisant. « Nous ne pouvons pas compter simplement sur les acquisitions à l’étranger pour les avancées technologiques fondamentales, explique Wang Ruiguo, directeur général de Shandong Kaitai. Il est crucial d’avoir une meilleure recherche et une innovation domestique forte. » Shandong Kaitai collabore avec quinze institutions nationales d’éducation et de recherche pour les technologies et les produits innovants. Elle a également fait construire des laboratoires pour quinze experts réputés de l’industrie pour accélérer la commercialisation des résultats de leurs recherches et possède actuellement 186 brevets. 

La baguette magique 

Il fut un temps où le « Made in China » était synonyme de produits bon marché et de qualité inférieure. Le manque de capacité d’innovation et de produits à forte valeur ajoutée était un challenge pour la production chinoise. Mais un rapport du McKinsey Global Institute (MGI) indiquait en début d’année, que la Chine pourrait devenir un leader mondial dans l’innovation, si les entreprises chinoises améliorent leurs capacités sur les marchés faisant appel aux sciences créatives et aux talents d’ingénierie. Selon ce rapport, l’innovation est essentielle pour une croissance durable à long terme de la Chine. Sur les trente dernières années, le pays a principalement compté sur l’absorption et l’adaptation des technologies d’autres pays, mais l’innovation doit désormais jouer un rôle plus important dans tous les secteurs de l’économie nationale. 

Jonathan Woetzel, directeur du MGI, estime que le gouvernement chinois a soutenu l’innovation avec des mesures et des investissements économiques. Cependant, les réformes continues – particulièrement dans les entreprises d’État – doivent accélérer cette démarche d’innovation. Certaines entreprises dans le secteur de l’industrie manufacturière ont surmonté le ralentissement de l’économie par l’innovation dans leurs activités. Le groupe Himile en est un exemple notable. Cette entreprise basée à Shanghai est l’un des leaders mondiaux du moule pour pneumatiques, alors qu’elle périclitait il y a une vingtaine d’années. La croissance annuelle de sa valeur de production est désormais de 50 % en moyenne et ses produits détiennent 15 % des parts sur le marché international. 

Zhang Gongyun, président de l’entreprise, a déclaré qu’ils avaient reçu près de 70 000 propositions innovantes de la part des employés. Certaines ont été mises en œuvre, générant plus de 60 millions de yuans (9,16 millions de dollars) de bénéfices économiques. Himile possède désormais plus de 158 brevets nationaux et prévoit de s’étendre à l’étranger. « Nous avons les droits de propriété intellectuelle sur plus de 60 % de notre équipement de production », explique Zhang Gongyun. 

La qualité avant la quantité 

L’innovation est la clé pour stimuler la vitalité d’une entreprise, mais celle-ci a besoin de qualité pour un développement durable. « Nous faisons passer la qualité avant la quantité. Il est impossible de gagner des commandes de la part d’entreprises réputées sans un contrôle de la qualité », explique Cui Lixin, président de Shandong Innovation Metal Technology, un fabricant de produits en aluminium qui fournit de nombreuses entreprises internationales de l’électronique. 

En 2009, l’un de ses produits en alliage d’aluminium ne correspondait pas aux exigences d’une grande entreprise d’électronique. Shandong Innovation a donc rassemblé des experts chinois et étrangers pour proposer un meilleur produit. Après quatre années de travail, elle a rempli son objectif et est depuis le fournisseur principal de cette entreprise.  

« Made in China 2025 » 

L’année dernière, le Conseil des affaires d’État a dévoilé sa stratégie nationale « Made in China 2025 », qui vise à moderniser le secteur de la production manufacturière en encourageant l’innovation, en optimisant les structures industrielles et en stimulant l’efficacité. Cette stratégie sur dix ans est le premier plan d’action du pays à se concentrer sur la production manufacturière pour soutenir la nouvelle croissance économique et générer des opportunités dans les secteurs des nouvelles énergies, de l’aéronautique ou encore de la production d’équipements avancés.  

La démarche des fabricants chinois de moderniser leurs technologies entre en droite ligne de cette vision du « Made in China 2025 ». Shandong Innovation a mis en place une institution pour la recherche et le développement de produits, ainsi que la coopération technique avec des organisations de recherche. L’entreprise prévoit également de collaborer avec des universités pour établir un think-tank technologique. Wang Ruiguo espère ainsi stimuler la capacité scientifique de son entreprise : « Avec les efforts conjoints des entreprises manufacturières de Chine, l’objectif de faire passer la Chine de premier pays manufacturier du monde en termes de quantité à une superpuissance manufacturière en termes de qualité, est à portée de main. »