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Économie
  2016-07-12
 

Mentor disponible

par Sudeshna Sarkar | VOL.8 JUILLET 2016
Mots-clés: expert de l’Afrique; Xiamen

Une grue dans une carrière de Manica, au centre du Mozambique

 
Quand Simon Shen commence à s’intéresser aux investissements étrangers, il choisit ses destinations avec la minutie d’un alchimiste qui espère obtenir de l’or par des expériences parfois risquées. C’était dans les années 1990, et le marchand de biens de consommation de Xiamen, une grande ville portuaire du sud-est de la Chine, s’inquiétait de la chute de ses exportations. Il envoyait alors des chaussures et des habits fabriqués en Chine en Europe de l’Est, et subissait l’effondrement du marché de la région. « Le marché ne se développait plus et les monnaies étaient en pleine chute », raconte l’homme aujourd’hui âgé de 50 ans. Son visage hâlé par ses récents séjours en Afrique se plisse lorsqu’il évoque ces souvenirs : « J’ai compris qu’il valait mieux s’intéresser à d’autres régions. »

  

Après les indépendances africaines, l’Afrique a un grand besoin d’infrastructures, en faisant une destination idéale pour les investisseurs. En 1995, Shen se rend donc sur le continent pour explorer certains pays qui lui semblent prometteurs : le Nigéria, l’Égypte, le Kenya et l’Afrique du Sud. 

  

Se tourner vers l’Afrique 

  

Après ce voyage, il est convaincu que son avenir est lié à l’Afrique du Sud. « Un grand changement avait alors lieu en Afrique du Sud », explique Shen. « C’était la fin de l’apartheid et les sanctions économiques à l’encontre du pays avaient été levées. Des élections avaient eu lieu et, pour relancer l’économie après un isolement de deux à trois décennies, le nouveau gouvernement soutenait les entreprises étrangères et encourageait les investissements. » Par ailleurs, l’Afrique du Sud avait les infrastructures et la culture d’entreprise que recherchaient les investisseurs étrangers, surtout par rapport à d’autres pays africains en proie à des guerres civiles ou un chaos administratif. Le choix de Shen semble donc évident en 1998 lorsqu’il lance ses opérations à Johannesburg avec un partenaire local en enregistrant la compagnie Union Color Company. 

  

Profitant du dynamisme dans le secteur des infrastructures en Afrique, l’entrepreneur se concentre alors sur les matériaux de construction. Peu à peu, il inclut des objets de décoration, et après s’être familiarisé avec les mines de granite en Afrique du Sud, il l’ajoute à sa liste de produits. En 2012, il signe un contrat pour fournir du granite, mais n’obtient pas les ressources nécessaires en Afrique du Sud. Un de ses contacts lui parle alors des mines de granite du Mozambique. Après avoir trouvé un partenaire sur place, il développe ses relations avec le pays d’Afrique de l’Est. Aujourd’hui, Union Color Company emploie plus de 200 personnes, dont une majorité de locaux. Shen insiste sur le fait qu’il s’agit d’une compagnie africaine. « Je suis de Xiamen, et c’est là où sont mes racines, mais mon entreprise est basée en Afrique », affirme-t-il.

  

Prévoir l’avenir 

  

Ce qui distingue Shen d’autres entrepreneurs ayant réussi en Afrique, c’est sa vision pour l’avenir. Il ne veut pas s’étendre sur d’autres pays du continent. « J’ai déjà dû surmonter de nombreuses difficultés », raconte-t-il en souriant. « À 50 ans, on connaît notre destin. » Il se voit désormais comme un mentor et veut partager sa connaissance du marché africain avec des compagnies chinoises cherchant à s’implanter sur le continent. Shen veut également partager sa connaissance du marché chinois avec les entreprises africaines voulant travailler avec la Chine.  

  

Selon lui, l’initiative « une Ceinture et une Route » et la Route maritime de la Soie du XXIe siècle, annoncées par le Président Xi Jinping – un réseau global d’infrastructures, de transports et de marchés visant à développer les économies asiatiques, européennes et africaines – ont revitalisé les compagnies chinoises. « L’idée d’une convergence des réseaux industriels, agricoles et des infrastructures de trois continents encourage les compagnies chinoises », affirme Shen. « Des gouvernements aux individus, les gens s’intéressent davantage à l’Afrique. Beaucoup de personnes viennent me voir pour me demander des conseils. Je me suis dit qu’il était temps de conseiller les autres au lieu d’avoir ma propre entreprise, de les aider à se développer sur le marché africain. » Shen est parfaitement qualifié pour cette mission. Il fait en effet partie du comité de Xiamen du Bureau chinois pour la promotion du commerce international (BXPCI) et de la Chambre de commerce international de Xiamen en Afrique du Sud. 

  

Xiamen, l’une des premières villes chinoises à s’être ouverte sur le monde, accueille une grande foire économique et une série d’expositions internationales chaque année. La XXe édition de la Foire internationale pour les investissements et le commerce qui se tiendra du 8 au 11 en septembre cette année, accueillera de nombreuses délégations de pays africains. « Nous avons besoin de rendre cette foire plus attrayante pour les pays africains », affirme Shen. « À cause de la distance et des différences culturelles et d’horaires, il est difficile pour les compagnies chinoises de faire des affaires avec l’Afrique et vice versa. Nous avons besoin de conseils constants à cet effet. »  

  

Ce constat le pousse à établir un Centre africain. Il propose l’idée l’année dernière lors d’une conférence organisée par le BXPCI sous le thème « Aller en Afrique », et elle accueillie avec enthousiasme. Le Centre africain devrait ouvrir ses portes cette année, probablement dans la zone de libre-échange de Xiamen. « Les délégations africaines viennent à Xiamen pendant quatre jours assister à la foire du commerce. Mais le centre sera ouvert 365 jours par an », conclut fièrement Shen. 

  

  

 

ENCADRE  

  

Le marché africain selon Simon Shen 

  

Pour faire des affaires en Afrique il faut être patient. Vous serez confronté à plus de défis et difficultés que prévu. 

  

Vous devez bien vous entourer. En dehors du personnel local, il vous faudra du soutien de Chine, parce que les employés qualifiés sont difficiles à trouver. Constituez-vous une base d’employés de votre propre pays, puis engagez des employés locaux. Les premiers pourront former les autres. 

  

Préparez et estimez soigneusement votre projet. Pour un projet en Afrique, prévoyez le double de temps et de coûts que s’il s’agissait d’un projet pour la Chine. 

  

Il est toujours important d’avoir un partenaire local en Afrique. Celui-ci aura une meilleure connaissance des lois, de la culture et des gens, ce qui vous facilitera la vie. 

  

Respectez la culture locale, la loi et les gens. C’est très important. Certaines compagnies ont beaucoup de succès en Chine et ailleurs mais échouent en Afrique, parce qu’elles ne prennent pas en compte cet aspect. 

  

 

  Exclusif CHINAFRIQUE

  

  

  

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