2016-07-12 |
De la bouteille à la couette |
par Lu Anqi | VOL.8 JUILLET 2016 |
Mots-clés: usine sud-africaine; transformer |
Les employées de Yi Li Da fabriquent des couvertures à partir de fibres issues de bouteilles en plastique
Les jours sont frais en automne à Boksburg, une ville à près de 30 km au sud-est de Johannesburg, mais à l’usine de couvertures du parc industriel local, on ressent la chaleur du bourdonnement et des vibrations des machines. Pretty Zulu se tient face au métier à tisser et regarde attentivement le fil se déplacer. De temps en temps, elle ramasse les fils cassés et les renoue rapidement, avec une aisance évidente. Embauchée par la jeune compagnie Yi Li Da SA Manufacturing Company, Zulu fait partie des premiers travailleurs qualifiés de l’usine.
De nouveaux emplois
« J’aime beaucoup ce travail dans l’usine », confie Zulu. Depuis la mort de ses parents, la jeune femme de 30 ans et ses trois frères doivent se serrer les coudes et prendre soin les uns des autres. Avant de travailler dans l’usine, elle gagnait sa vie par la vente ambulante. « C’est mon premier travail, et je gagne beaucoup plus que ce que je gagnais en vendant de la nourriture dans la rue. En plus, j’ai beaucoup appris grâce à ce travail », explique-t-elle à CHINAFRIQUE.
Depuis l’ouverture de l’usine de couettes en décembre dernier, plus de 200 employés locaux comme Zulu ont été embauchés. Après une formation au tricot, tissage, polissage, impression, couture et autres compétences liées à la fabrication de couvertures, beaucoup d'entre eux sont devenus des travailleurs spécialisés et qualifiés. 267 personnes travaillent actuellement dans l’usine, dont 246 Sud-Africains, soit environ 90 % du total, rapporte le directeur de l’usine Leon Shen, responsable des ventes et des ressources humaines. « Nous ne recrutons pas de migrants illégaux », affirme Shen. « Seuls des locaux sud-africains seront embauchés dans l’usine. C’est le principe que nous défendons. » Selon Shen, les travailleurs locaux sont plus stables et facilitent l’acceptation de l’entreprise dans la société locale.
Les salariés nouvellement embauchés reçoivent une formation avant de pouvoir travailler de façon autonome. À Nantong, une ville avec une industrie textile bien développée dans la province du Jiangsu à l’est de la Chine (où sont présents de nombreux investisseurs de Yi Li Da), un travailleur qualifié peut superviser jusqu'à 10 machines. Dans cette nouvelle usine, les employés peuvent s’occuper de quatre ou cinq machines, certains même six après la formation. Pour l’instant, l’usine n’a plus de postes vacants, mais Shen assure qu’il faudra embaucher dans l’année lorsque seront ajoutés plusieurs métiers à tisser et des machines à tricoter, et lorsque les activités de l’usine seront développées. Actuellement, l’usine se concentre sur le tricot, le tissage et l’impression.
Une fabrication verte
Cette usine respectueuse de l’environnement fabrique des produits textiles en utilisant des produits de polyester recyclé, tels que des bouteilles d’eau en plastique. La poubelle d’aujourd’hui devient ainsi le textile de demain. Un processus de production verte qui commence par la collecte des bouteilles en plastique, qui sont pressées et ensuite transportées vers les usines de recyclage. Yi Li Da a investi dans une usine de recyclage à Newcastle, dans le KwaZulu-Natal en 2007, où les bouteilles sont recyclées en courtes fibres de polyester pour produire du rembourrage pour les oreillers, les couettes et les coussins, ainsi que des sacs de courses. Mais le tissage des couvertures nécessite de longues fibres de polyester, qui sont actuellement importées de Chine. Après une douzaine de procédures, telles que le tricot, l’impression, la cuisson, le lavage, le polissage et la couture, les fibres en plastique blanc deviennent de moelleuses et douces couvertures aux motifs colorés.
Selon Qian Yong, président et investisseur de Yi Li Da, ce projet d’une valeur de 20 millions de dollars comporte deux phases. La première phase se focalise sur le tissage et la fabrication de la couette. Lors de la seconde phase, une usine de traitement des fibres sera construite à côté de l’usine de tissage pour recycler les bouteilles en plastique polyester en filaments de polyester, produisant les longues fibres nécessaires pour le tissage des couvertures. La deuxième phase du projet permettra de créer plus d’emplois, de réduire les frais et les émissions de dioxyde de carbone. Les eaux usées de l’usine sont collectées, traitées et recyclées afin d’assurer un faible impact sur l’environnement.
Gagnant-gagnant
Inaugurée en décembre 2015, dans la foulée du sommet de Johannesburg du Forum sur la Coopération sino-africaine, l’usine de couettes de Boksburg créera environ 1 000 emplois directs et de nombreux emplois indirects, selon le Bureau du commerce et de l’industrie d’Afrique du Sud (BCI). Le taux de chômage moyen en Afrique du Sud était de 25,29 % de 2000 à 2016, selon le Bureau des statistiques d’Afrique du Sud. Pour le réduire, le gouvernement encourage le développement de l’industrie manufacturière locale et l’usine s’avère efficace à cet égard.
Selon le BCI, les entreprises chinoises sont un exemple à suivre en Afrique, puisque celles-ci fabriquent et produisent localement au lieu d’importer. L’usine sud-africaine permet à Yi Li Da de produire des couettes de meilleure qualité et plus rentables. Les produits fabriqués localement sont plus doux et plus accessibles que les produits importés. En raison de la récente dépréciation de la monnaie sud-africaine, les coûts de fabrication sont également réduits. Qian est confiant sur les perspectives du marché. Le président de la compagnie assure que le processus de fabrication de l’usine est unique en Afrique du Sud, les autres fabricants utilisant des fibres polyacryliques teintes comme matériau principal, alors que son usine utilise des fibres polyester et des techniques d’impression.
Les défis
« Yi Li Da est sur la bonne voie », affirme Qian. « Notre production journalière est maintenant de 10 tonnes et nous ne fournissons que des clients réguliers. Avec l’augmentation du volume de production, nous fabriquerons des couvertures pour les vendre à un marché haut de gamme. » Malgré ce brillant développement, Yi Li Da rencontre certaines difficultés. La gestion de l’usine est compliquée par le manque de familiarité avec les lois locales, la culture et les coutumes, un aspect essentiel pour une entreprise multinationale cherchant à s’implanter en Afrique, explique Qian. « Certains de nos travailleurs n’avaient jamais travaillé dans une usine », confie le président. « Ils venaient un jour et étaient absents le lendemain, nous avons donc dû les former. » Les investisseurs chinois doivent également s’adapter aux dynamiques des relations entre les ouvriers et les investisseurs, différentes à celles en Chine, conclut Qian.
Exclusif CHINAFRIQUE
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